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Pag. 24.

Ch. III.

Elle n'a que de faux debors.] Tous les Interpretes ont fuivi icy la leçon corrompuë de av λήξεις faux pour ἀναθεῖς, comme Monfieur le Févre a corrigé, qui fe dit proprement de ceux qui ne peuvent croiftre, & dans ce dernier fens le paffage eft tres-difficile à traduire en nôtre langue. Longin dit: Cependant il eft certain que l'enflure dans le difcours auffi bien que dans le corps, n'eft qu'une tumeur vuide & un defaut de forces pour s'élever, qui fait quelquefois, c. Dans les Anciens on trouvera plufieurs pallages ou ἀναλήψεις aefte mal pris pour ἀναλθεῖς.

Pour s'attacher trop au stile figuré, ils tombent dans une forte affectation. Longin dit d'une maniere plus forte & par une figure. Ils échoüent dans le file figuré se perdent dans une affectation ridicule.

Il fait beaucoup dit mefme les chofes d'af pag. 26. Sez bon fens.] Longin dit de Timée mauiwg ὲ ἐπινοητικός. Mais ce dernier mot ne me paroift pas pouvoir fignifier un homme, qui dit les chofes d'affez bon fens, & il me femble qu'il veut bien plutoft dire un homme qui a de l'imagination, de l'invention, &c. Et c'est le caractere de Timée dans ces deux mots. Longin n'a fait que traduire ce que Ciceron a dit de cet Auteur dans le fecond Livre de fon Orateur, Rerum copia & fententiarum varietate abundantiffimus, moλiswp répond à rerum copia, & invoning's à fententiarum varie

Ibid.

tate.

Qu'Ifocrate n'en a employé à compofer fon Panegyrique] J'aurois mieux aimé traduite qu'Ifocrate n'en a employé à compofer le Panegyrique. Car le mot fon m'a femblé taire ici une équivoque, comme fi c'eftoit le Panegyrique d'Alexandre. Ce Panegyrique fut fait

pour

pour exhorter Philippe à faire la guerre aux Perfes; cependant les Interpretes Latins s'y font trompez, & ils ont expliqué ce paffage comme fi ce difcours d'Ifocrate avoit efté l'é loge de Philippe pour avoir déja vaincu les

Perfes.

Puifqu'ils furent trente ans à prendre la vil- Ibid. le de Meffene.] Longin parle ici de cette expedition des Lacedemoniens qui fut la caufe de la naiffance des Partheniens, dont j'ay expliqué l'Hiftoire dans Horace, cette guerre ne dura que vingt-ans; c'eft pourquoy comme Monfieur le Févre l'a fort bien remarqué, il faut neceffairement corriger le texte de Longin, où les copiftes ont mis un à qui fignifie trente pour un qui ne marque que vingt. Monfieur le Févre ne s'eft pas amufé à le prouver; mais voicy un paffage de Tyrtée qui confirme la chofe fort clairement.

1

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Αμφω τώδ' ἐμαχόν' ἀνεακαιδέκ ̓ ἔτη Νωλεμέως αἰεὶ ταλασίφρονα θυμὸν ἔχοντες Αἰχμητα πατέρων ἡμετέρων πατέρες, Είκοσῳ ' οἱ μ κ πίονα ἔργα λιπόντες Φούζου 19ωμαίων εκ μεγάλων ορέων.

Nos braves ayeux affiegerent pendant dixneuf ans fans aucun relache la ville de Meffene,

à la vingtième année les Meffeniens quitterent leur Citadele d'Ithome.Les Lacedemoniens eurent encore d'autres guerres avec les Messeniens, mais elles ne furent pas fi longues.

Parce qu'il y avoit un des chefs de l'armée Ibid. ennemie qui tiroit fon nom d' Hermes de pere en fils, favoir Hermocrate fils d'Hermon.] Cela n'explique point à mon avis la penfée de Timée, qui dit, Parce qu'il y avoit un des chefs de l'armée ennemie, Sçavoir Hermocrate

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fils

Pag. 28.

Ibid,

Platon.

fils d'Hermon, qui descendoit en droite ligne de celuy qu'ils avoient fi mal traite. Timée avoit pris la genealogie de ce General des Syracufains dans les Tables qui eftoient gardées dans le Temple de Jupiter Olympien prés de Syracufe, & qui furent furprifes par les Atheniens au commencement de cette guerre, comme cela eft expliqué plus au long par Plutarque dans la vie de Nicias. Thucydide parle de cette mutilation des ftatuës de Mercure, & il dit qu'elles furent toutes mutilées, tant celles qui eftoient dans les temples, que celles qui eftoient à l'entrée des maisons des particuliers.

S'il euft eu des vierges aux yeux, & non pas des prunelles impudiques.] L'oppofition qui eft dans le texte entre κόρας & πόρνας n'eft pas dans la traduction entre vierges & prunelles impudiques, cependant comme c'eft l'oppofition qui fait le ridicule que Longin a trouvé dans ce paffage de Timée, j'aurois voulu la conferver & traduire, S'il euft eu des vierges aux yeux non pas des courtijanes.

Ayant écrit toutes ces chofes ils poferont dans les temples ces monumens de Cypres. ] De la maniere dont Mr. D *** a traduit ce passage je n'y trouve plus le ridicule que Longin a voulu nous y faire remarquer; car pourquoy des Tabletes de Cypres, ne pourroient elles pas eftre appellées des monumens de Cypres? Platon dit, ils poferont dans les temples ces memoires de Cypres. Et ce font ces memoires de Cypres que Longin blâme avec raison; car en Grec comme en noftre langue on dit fort bien des memoires, mais le ridicule eft d'y joindre la matiere & de dire des memoires de Cyprés.

Il y a quelque chofe d'auff ridicule dans Herodote quand il appelle les belles femmes le mal

des

:

des yeux] Ce paffage d'Herodote eft dans le cinquiéme Livre, & fi l'on prend la peine de le lire, je m'affure que l'on trouvera ce jugement de Longin un peu trop fevere; car les Perfes dont Herodote rapporte ce mot; n'appelloient point en general les belles femmes le mal des yeux, ils parloient de ces femmes qu'Amyntas avoit fait entrer dans la chambre du feftin, & qu'il avoit placées vis-à-vis d'eux, de maniere qu'ils ne pouvoient que les regarder. Ces Barbares qui n'étoient pas gens à fe contenter de cela, fe plaignirent à Amyntas & luy dirent qu'il ne faloit point faire venir ces femmes, ou qu'aprés les avoir fait venir, il devoit les faire affeoir à leurs côtez, & non pas vis-à-vis pour leur faire mal aux yeux. Il me femble que cela change un peu l'efpece. Dans le refte il eft certain que Longin a eu raifon de condamner cette figure. Beaucoup de gens declineront pourtant icy fa jurifdiction fur ce que de fort bons Auteurs ont dit beaucoup de chofes femblables. Ovide en eft plein. Dans Plutarque un homme appelle un beau garçon la fièvre de fon fils. Terence a dit tuos mores morbum illi effe fcio. Et pour donner des exemples plus conformes à celuy dont il s'agit, un Greca appelle les feurs, εορτω ὄψεως la fefte de la vie, & la verdure waver oplaaμav.

Parce que ce font des barbares qui le disent Pag. 29. dans le vin la debauche. ] Longin rapporte deux chofes qui peuvent en quelque façon excufer Herodote d'avoir appellé les belles femmes le mal des yeux, la premiere, que ce font des Barbares qui le difent, & la feconde, qu'ils le difent dans le vin & dans la débauche. En les joignant on n'en fait qu'une, & il me femble que cela affoiblit en quelque maniere la pensée de Longin qui a écrit, P 6

par

Ch. V.

pag. 32.

1bid.

parce que ce font des Barbares qui le difent, quile difent mefme dans le vin & dans la débauche.

La marque infaillible du Sublime, c'eft quand nous fentons qu'un difcours laiffe beaucoup à penfer, &c.] Si Longin avoit defini de cette maniere le Sublime, il me femble que fa definition feroit vitieufe, parce qu'elle pourroit convenir auffi à d'autres chofes qui font fort éloignées du Sublime. Monfieur Ď***a traduit ce paffage comme tous les autres Interpretes. Mais je croy qu'ils ont confondu le mot κατεξανάζησις avec κατεξανάςασις. Ilya pourtant bien de la difference entre l'un & l'autre. Il eft vray que le težavnos de Longin ne fe trouve point ailleurs. Hefychius marque feulement ἀνάτημα,ύψωμα Ou, ἀνάτημα eft la mefme chofe qu'avons d'où è̟žaváσις & κατεξανάτησις, ont efté formés. καπ. ξανάζησις n'eft donc ici que αὔξεσις, augmentum; ce paffage eft tres important, & il me paroift que Longin a voulu dire: Le veritable Sublime eft celuy, auquel, quoique l'on medite, il eft difficile, ou plutoft impoffible, de rien ajouter, qui fe conferve dans noftre memoire v qui n'en peut eftre qu'à peine effacé.

Car lors qu'en un grand nombre de perfonnes differentes de profeffion d'age, qui n'ont aucun rapport, &c.] C'eft l'explication que tous les Interpretes ont donnée à ce paffage; mais il me femble qu'ils ont beaucoup ofté de la force & du raifonnement de Longin pour avoir joint λógv ev, qui doivent estre separez. Aógov n'eft point icy le difcours, mais le langage. Longin dit, car lors qu'en un grand nombre de perfonnes dont les inclinations, l'age, l'humeur, la profeffion, & le langage font differens,tout le monde vient à eftre frappé également

d'un

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