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il ne fçauroit trouver de fens qui s'accommode à Longin, pretendant que le texte d'Herodote eftoit corrompu dés le temps de nôtre Rheteur, & que cette beauté qu'un fi fçavant Critique y remarque, eft l'ouvrage d'un mauvais Copifte, qui y a meflé des paroles qui n'y eftoient point. Je ne m'arrefteray point à refuter un difcours fi peu vrai-femblable.Le fens que j'ai trouvé eft fi clair & fi infaillible qu'il

dit tout.

Qui n'eftoit pas plus grande qu'une Epiftre de Lacedemonien.] J'ai fuivi la reftitution de Cafaubon.

N'eft pas fimplement un agrément que la Nature a mis dans la voix de l'homme. ] Les Traducteurs n'ont point conçu ce paffage, qui feurement doit eftre entendu dans mon fens, comme la fuite du Chapitre le fait affez connoiftre. cép veut dire un effet & non pas un moyen. n'eft pas fimplement un effet de la nature de l'homme.

Pour élever le courage & pour émouvoir les paffions.] Il y a dans le Grec pee' in Freias &

085: c'eft ainfi qu'il faut lire, & non point in inofecías, &c. Ces paroles veulent dire: Qu'il eft merveilleux de voir des inftrumens inanimez avoir en eux un charme, pour émou voir les paffions pour infpirer la noblesse de courage. Car c'eft ainfi qu'il faut entendre ineta. En effet il eft certain que la trompette, qui eft un inftrument, fert à réveiller le courage dans la guerre; J'ai ajoûté le mot d'inanimez, pour éclaircir la penfée de l'Auteur, qui eft un peu obfcure en cet endroit O'gyavov, abfolument pris, veut dire toutes fortes d'inftrumens musicaux & inanimés, comme le prouve fort bien Henri Estienne.

Et l'experience en fait foi.] L'Auteur juf

tifie ici fa pensée par une periode de Demofthene dont il fait voir l'harmonie & la beauté. Mais comme ce qu'il en dit, eft entierement attaché à la Langue Grecque : J'ai crû qu'il valoit mieux le passer dans la Traduction & le renvoier aux Remarques, pour ne point effraier ceux qui ne fçavent point le Grec. En voici donc l'explication. Ainfi cette pensée que Demofthene ajoûte, apres la lecture de fon Decret, paroift fort fublime eft en effet merEveilleufe. Ce Decret, dit-il, a fait évanouir le peril qui environnoit cette ville, comme un nuage qui fe diffipe de lui-mefme. T86 70 42010ματ τότε τῇ πόλη περιτάνα κίνδυνον παρελθεῖν ἐποίησεν, ὥς τον νέφω. Mais il faut avoner que l'harmonie de la periode ne cede point à la beauté de la penfee. Car elle va toûjours de trois temps, en trois temps, comme fi c'eftoient tous Dactyles, qui font les pies les plus nobles les plus propres au Sublime: c'est pourquoi le vers Heroique, qui eft le plus beau de tous les vers, en eft compofe. En effet, fi vous oftez un mot de fa place, comme fi vous mettiez r86 TO`YŃφιμα ώστες νερο ἐποίησε ἳ τότε κίνδυνον παρελθεῖν, οι ι vous en retranchez une feule fyllabe, comme ἐπτίησε παρελθεῖν ὡς νέφω, vous connoiftrez aisément, combien l'harmonie contribué au Sublime. En effet ces paroles,

vé, s'appuiant fur la premiere fyllabe qui eft longue, fe prononcent à quatre reprises: De forte que, fi vous en oftez une fyllabe; ceretranchement fait que la periode eft tronquée. Que fi au contraire vous en ajoutez une; comme παρελθεὶν ἐποίησεν ὥσως τε νέφω, c'eft bien le mefme fens; mais ce n'eft plus la mefme cadence: parce que la periode s'arreftant trop longtemps fur les dernieres fyllabes, le Sublime qui eftoit ferré auparavant, fe relâche s'affaiblit.

Au

Au refte j'ai fuivi dans ces derniers mots l'explication de Mr. le Févre, & j'ajoûte comme lui, τε ὰ ὥστορ

La mer commençant à bruire.] Il ya dans le Grec , commençant à boüillonner Codons : Mais le mot de boüillonner n'a point de mauvais fon en noftre Langue, & eft au contraire agréable à l'oreille. Je me fuis donc fervi du mot bruire, qui eft bas, & qui exprime le bruit que fait l'eau quand elle commence 2, bouillonner.

Mais prenez garde que. ] Il y a beaucoup de chofes qui manquent en cet endroit. Aprés plufieurs autres raifons de la décadence des e prits, qu'apportoit ce Philofophe introduit ici par Longin: Noftre Auteur vrai-semblablement reprenoit la parole & en établissoit de nouvelles causes; c'eft à fçavoir la guerre qui eftoit alors par toute la Terre & l'amour du luxe, comme la fuite le fait affez connoistre.

Monument de Cypres.] J'ai oublié de dire, a propos de ces paroles de Timée qui font rapportées dans le troifiéme Chapitre, que je ne fuis point du fentiment de Mr. Dacier, & que tout le froid, à mon avis, de ce passage, confifte dans le terme de Monument mis avec Cyprés. C'est comme qui diroit à propos des Regiftres du Parlement, ils poferont dans le Greffe ces monumens de parchemin.

FIN.

R E

REMARQUES

SUR

LONGIN.

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