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j'ai l'idée de la pensée sans rien emprunter à l'idée de l'étendue, et réciproquement.

La distinction modale se trouve ou bien entre le mode et la substance dont il dépend et qu'il diversifie, par exemple, entre la figure ou le mouvement et la substance corporelle, ou bien entre deux modes d'une même substance, par exemple, entre la figure et le mouvement que nous pouvons concevoir séparément l'un de l'autre. La distinction de raison est une pure abstraction, comme lorsque nous distinguons la substance de l'un de ces attributs, sans lesquels nous ne le connaîtrions pas.

ΧΙ

Des sentiments.

Articles 64 à 69. Nous pouvons connaître avec clarté et distinction les divers attributs de l'âme et de la pensée, et les divers attributs du corps et de l'étendue considérés séparément. Mais, bien que distincts, notre âme et notre corps sont unis. C'est là pour Descartes une vérité si évidente, qu'il la met au nombre des vérités premières (Lett., XIX, 125). Cette union est une source d'obscurité, de confusion et partant d'erreurs. Il importe donc au plus haut point de déterminer avec précision ce que nous pouvons connaître de clair dans nos sentiments, c'est-à-dire dans tous ceux de nos états de conscience qui se rapportent à la fois à l'âme et au corps.

Tout sentiment, plaisir, douleur, perception, souvenir, imagination, est une fonction de l'âme, un mode de la pensée et de la conscience. En ce sens, nous en avons une connaissance claire et nous ne courons pas risque de nous tromper, si nous nous bornons à affirmer que nous éprouvons du plaisir ou de la douleur, que nous voyons une couleur, que nous entendons un son, etc. Mais tous ces faits sont

en même temps fonctions du corps. A ce titre, ils sont obscurs et indistincts, et nous sommes certains de nous tromper, si, faisant franchir à notre affirmation les limites de la conscience, nous affirmons qu'ils sont hors de la pensée tels qu'ils nous apparaissent dans la pensée. Le monde, tel qu'il apparaît aux sens, est une illusion; les choses ne sont pas telles que nous les sentons et nous les représentons; il n'y a pas hors de nous de couleurs, de sons, de saveurs et d'odeurs; nos sentiments, Descartes l'a dit le premier, sont uniquement les signes et non pas les représentants exacts des choses (Le Monde, IV, 216).

Le monde est étendue, figure et mouvement, et rien autre chose. Si donc nous nous imaginons en lui des choses semblables à ce que nous sentons à l'occasion des mouvements corporels, nous tombons dans l'erreur. Physiquement les sentiments ne sont rien de semblable à ce que nous éprouvons dans la pensée, mais simplement un système défini de mouvements (Le Monde, IV, 361).

9. Que la substance corporelle ne peut être clairement conçue sans son extension.

10. Ce que c'est que l'espace ou le lieu intérieur.

11. En quel sens on peut dire qu'il n'est point différent du corps qu'il contient.

12. Et en quel sens il en est différent.

13. Ce que c'est que le lieu extérieur.

14. Quelle différence il y a entre le lieu et l'espace.

15. Comment la superficie qui environne un corps peut être prise pour son lieu extérieur.

16. Qu'il ne peut y avoir aucun vide, au sens que les philosophes prennent ce mot.

17. Que le mot de vide, pris selon l'usage ordinaire, n'exclut point toute sorte de corps.

18. Comment on peut corriger la fausse opinion dont on est préoccupé touchant le vide.

19. Que cela confirme ce qui a été dit de la raréfaction. 20. Qu'il ne peut y avoir aucuns atomes ou petits corps indivisibles.

21. Que l'étendue du monde est indéfinie.

22. Que la terre et les cieux ne sont faits que d'une même matière, et qu'il ne peut y avoir plusieurs mondes. 23. Que toutes les variétés qui sont en la matière dépendent du mouvement de ses parties.

24. Ce que c'est que le mouvement pris selon l'usage

commun.

25. Ce que c'est que le mouvement proprement dit.

26. Qu'il n'est pas requis plus d'action pour le mouvement que pour le repos.

27. Que le mouvement et le repos ne sont rien que deux diverses façons dans le corps où ils se trouvent.

28. Que le mouvement en sa propre signification ne se rapporte qu'aux corps qui touchent celui qu'on dit se mouvoir.

29. Et même qu'il ne se rapporte qu'à ceux de ces corps que nous considérons comme en repos.

30. D'où vient que le mouvement qui sépare deux corps qui se touchent est plutôt attribué à l'un qu'à l'autre.

31 Comment il peut y avoir plusieurs divers mouvements en un même corps.

32. Comment le mouvement unique proprement dit,

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