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21.

Sicut grex totus in agris,

Unius scabie cadit et porrigine porci.

De même qu'un troupeau dans les champs est gâté
Par un pourceau'de gale et de teigne infecté.

Nous disons proverbialement: Il ne faut qu'une brebis galeuse pour infecter tout un troupeau,

22.

Sequitur fortunam, ut semper, et odit
Damnatos.

Le peuple est toujours peuple, il s'attache à la fortune des hommes, et déteste ceux qu'elle poursuit. » Juvenal fait l'application de cette pensée au peuple romain, qui se réjouit du supplice de Séjan, qu'il avait encensé pendant son élévation.

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«La mort seule nous fait voir combien nos corps sont petits. » Tout ce beau morceau de Juvénal est parfaitement applicable à Napoléon, qui, comme Alexandre, se trouvait trop à l'étroit dans le monde entier, comme si, dit le poète, le prince macédonien eût été enfermé dans les rochers de Giare ou dans la petite île de Sériphe. Moins heureux qu'Alexandre, Napoléon expire, comme asphyxié sous une cloche de verre, dans la petite île de Sainte-Hélène.

24. Quosdam præcipitat subjecta potentia magnæ

Invidiæ.

« L'excès du pouvoir toujours en butte aux fureurs de l'envie, perd les ambitieux.

25.

D

Maxima debetur puero reverentia.

Il faut respecter l'enfance.» Quelle différence trouvez-vous entre ce siècle et le vôtre, demandait

Louis XV à un vieux gentilhomme qui avait passé les trois quarts de sa vie sous Louis XIV. Sire, rẻpondit-il, j'ai passé ma jeunesse à respecter les vieillards, il faut que je passe ma vieillesse à respecter les enfans. Cette réponse contenait une satire amère du siècle de Louis XV, celui des bagatelles et des futilités.

MARTIAL. Marcus Valerius Martialis était espagnol. Il naquit à Bilbilis, aujourd'hui Bubiera, en Aragon. Son père s'appelait Fronto et sa mère Flacile. Il avait vingt ans quand il vint à Rome, sous l'empire de Néron. Ses épigrammes, d'une latinité élégante et d'un style facile, annonçent un esprit agréable, délié, piquant, et qui savait parfaitement mêler le sel et l'amertume dans ses écrits, sans qu'il en coutât rien à la probité; c'est le jugement qu'en porte Pline le jeune, qui l'estimait beaucoup. Cependant le livre de Martial ne peut être mis sans danger dans les mains de la jeunesse, à moins qu'on n'en ôte certaines épigrammes qui renferment des obscénités. Martial, après trente-cinq ans de séjour à Rome, sous huit empereurs, revint dans son pays, où il mourut de chagrin, dit-on, peu d'années après.

1.

Qui fingit sacros auro vel marmore vultus
Non facit ille deos; qui rogat ille facit.

. Celui qui représente les images des dieux en or ou en marbre ne fait pas les dieux, c'est celui qui les prie.x

2.

T. II.

Infantes sumus, et senes videmur;

Non est vivere, sed valere, vita.

26

«Nous sommes des enfans, et nous paraissons des vieillards. La vie ne consiste pas à vivre, mais à se bien porter.» Quelqu'un se vantant devant, Aristippe, fondateur de la secte cyrénaïque, d'avoir beaucoup lu, celui-ci lui fit remarquer que, pour jouir d'une bonne santé, il ne s'agissait pas de manger beaucoup, mais de bien digérer. Ce disciple de Socrate tenait pour maxime que le plaisir était le fondement du bonheur humain.

3.

Ille dolet verè qui sine teste dolet.

« La véritable douleur est secrète. »

4.

Gellia sex cyathis, septem Justina bibatur,
Quinque Lycas, Lyde quatuor, Ida tribus.

«Qu'on boive six verres pour Gellia, sept pour Justine, cinq pour Lycas, quatre pour Lyde, trois pour Ida.» C'était un usage parmi les Romains, dans leurs débauches, de boire autant de coups qu'il y avait de lettres dans le nom de leurs maîtresses.

5. Thaida Thais olet. « Thaïs sent toujours Thaïs. » Le vice est un cancer dont l'odeur est indestructible. Thaïs était une courtisane fameuse dans Rome, pour ses infâmes débauches.

6. Quod peto, da, Cai, non peto consilium. « C'est de l'argent et non un conseil que je vous demande.. (Voir le proverbe français 56, t. I.)

7. Et pueri nasum rhinocerotis habent. «Les enfans ont aussi leurs finesses. » (Voir le prov. latin 2, t. t. I.)

PERSE. Perse, chevalier romain, fils de Flaccus et de Fulvia, naquit à Volterra, sur la fin de l'an 32 de J.-C. C'était un jeune homme d'une sagesse

accomplie; son éducation fut très-soignée, et il eut pour maître Cornutus, à qui il donna des marques sincères de sa reconnaissance; car à sa mort il lui laissa par testament vingt-cinq mille écus, et sa bibliothèque, composée de sept cents volumes, ce qui était fort considérable alors. Ce généreux maître se contenta des livres, et refusa l'argent. Perse mourut âgé de vingt-neuf ans, la neuvième année du règne de Néron, et la soixante-unième de J.-C. Ce poète a entouré ses écrits d'une obscurité à travers de laquelle il est souvent difficile de pénétrer le fond de ses pensées ; il mérite à bien des égards, pour la sévérité de ses mœurs et pour son énergie, l'éloge, un peu exagéré, qu'en fait le père Tarteron à la tête de sa traduction; et il ne mérite pas la critique injuste et présomptueuse de Scaliger, qui dit de lui : Persius miserrimus autor; obscuritati studet; non pulchra habet, sed in eum pulcherrima possumus scribere, le poète Perse est un trèsmisérable auteur qui se plaît à être obscur; il n'a rien de beau, mais nous pouvons écrire de fort belles choses contre lui. M. Sélis nous a donné une traduction estimée de ce poète.

1. Elleborum frustrà, cum jam cutis ægra tumebit, Poscentes videas, venienti occurrite morbo.

«Il est inutile de recourir à l'ellébore quand le corps est tout enflé; il faut prévenir le mal.»

2.

Vive memor lethi, fugit hora, hoc quod loquor, indè est.
Sois ménager du temps qui s'écoule et s'enfuit,
Précipitant nos jours dans l'éternelle nuit. (PRE-NICOLE.)

Le moment où je parle est déjà loin de moi.

(Boileau. )

3.

Tecum habita, et noris quàm sit tibi curta supellex.

Rentrez en vous-même, et vous reconnaîtrez votre peu de mérite.»

4.

Astutam rapido servas sub pectore vulpem.

. Vous êtes un fin renard. »

5.

Cadimus, inque vicem præbemus crura sagittis.
Vivitur hoc pacto.

Nous déchirons notre prochain, il nous déchire à son tour; voilà la vie. »

CLAUDIEN. Claudien, l'auteur du poème contre Rufin, que quelques écrivains ont cru chrétien, et qu'ils ont, sans raison, confondu avec un poète du même nom, né à Vienne en Dauphiné, est le dernier des anciens poètes latins, et le premier des nouveaux. Le quatrième siècle le vit naître, du temps de Théodose et de ses fils Arcadius et Honorius. Il était Égyptien et natif d'Alexandrie. Quoique de basse extraction, il fut néanmoins élevé à la dignité de préfet du prétoire. Les préfets du prétoire étaient à peu près ce qu'étaient les maires du palais sous les rois de France de la première race; ils commandaient les armées. Après la mort de Théodose, Claudien eut l'ambition de vouloir commander lui-même, et pour y réussir il employa les plus lâches et les plus perfides moyens. Son projet fut déjoué par l'armée, qui ne voulut pas le seconder. Il fut tué; son corps fut taillé en pièces, et sa tête exposée aux regards du peuple. Sa diction est pure, son jugement exquis; ses or

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