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Rej.. 88. moor. 4-6-40 40268

SUITE DU LIVRE PREMIER,

ET DE LA

CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES PROVERBES, ADAGES,

SENTENCES ET APOPHTEGMES.

CONTINUATION DU CHAPITRE PREMIER.

S X. Proverbes arabes.

Les Arabes sont les habitans de cette contrée célèbre connue sous le nom d'Arabie, et divisée par les anciens en trois parties inégales; savoir : l'Arabie Pétrée, ainsi nommée à cause de la quantité de roches granitiques qu'elle renferme, et située entre l'Égypte et la Palestine; l'Arabie Heureuse, au sud-ouest sur le rivage de la mer Rouge, et qui renferme les provinces d'Yémen, d'Hadramaut, d'Omân, de Lachsa et l'Hédjâz; l'Arabie Déserte, à l'est. Le centre de l'Arabie est occupé par un immense désert appelé Nadjd. On a aussi pendant longtemps distingué les Arabes sous le nom de Sarrazins, nom que quelques auteurs prétendent être dérivé du mot sarrag, au pluriel sarragin, qui signifie homme de selle, ou cavalier. Ils sont incontestablement de la même race que les Assyriens, dont la civilisation et les rapports commerciaux remontent à l'antiquité la plus reculée, plus an

T. II.

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ciennement même que les Indiens et les Chinois, malgré les prétentions de ces derniers à l'antériorité. La population de l'Arabie est primitive et indigène. On a comparé avec assez de justesse l'Arabie à un manteau d'une étoffe grossière, mais bordée d'or, parce qu'en effet c'est dans sa bordure que se trouvent les villes et tous les caractères de la civilisation, tandis que la majeure partie de l'intérieur de cette vaste région ne présente que des peuplades errantes. Les lieux les plus célèbres sont la Mecque et Médine, dont l'ancien nom était Jathreb, et dont le nouveau est Medina-el-Nabi, ou ville du Prophète, parce que Mahomet, lors de sa fuite de la Mecque, y trouva un asile, et de plus y est mort. Elle possède son tombeau.

L'Arabie est partagée en un grand nombre de petites juridictions qui obéissent à des imans et à des scheiks. Le mot iman signifie vicaire, parce que les imans prétendent être les vicaires de Mahomet. C'est un titre ecclésiastique chez les Turcs; mais en Arabie et en Perse, le mot ne s'applique qu'à une dignité supérieure. En Arabie, et surtout dans l'Yémen, ce titre est moderne; il est synonyme de kalife, d'émir-el-mumenin, prince des fidèles. Les gouvernemens inférieurs sont dévolus aux chaiks ou scheiks, mot qui signifie vieillard. C'est le titre le plus général comme le plus ancien parmi la noblesse arabe. La langue arabe, d'ailleurs si riche, paraît pauvre en termes propres à désigner les distinctions des rangs. Ce mot chaik a diverses significations; il désigne tantôt un prince, tantôt un noble, quelquefois un homme attaché à une mos

quée, le descendant d'un saint, mais plus communément le chef d'une ville ou d'un district. Le crédit et la puissance des chaiks dépendent de leur libéralité. L'Arabe affamé place cette libéralité avant tout; et ce préjugé n'est pas sans quelque raison, car l'expérience a prouvé que les chaiks avares n'étaient jamais des hommes à grandes vues: de là ce proverbe arabe, aussi juste que précis: Main serrée, cœur étroit. Les Arabes ont encore des espèces de magistrats nommés mollahs, qui président les cours de justice, et des gouverneurs de districts, auxquels on donne le nom de dolas; et si ces fonctionnaires sont d'une naissance distinguée, on les nomme walis. Le titre de chaik est purement civil. Le trône de l'Yémen est héréditaire; l'iman ou émir y est indépendant, et ne reconnaît aucune autorité supérieure à la sienne : il a le droit de faire la paix ou la guerre; le souverain pontificat est entre ses mains.

Les Arabes ont la taille moyenne, le corps maigre, fluet et comme desséché par le soleil, une voix grèle, le teint basané, les yeux noirs et vifs, les ⚫ cheveux bruns, une physionomie expressive, mais sans agrément. Leur tempérament est sec et robuste; leurs mœurs, grossières et dures, contrastent singulièrement avec les mœurs efféminées des Turcs, des Persans et des Africains qui les environnent. Comme les coutumes de la plus grande partie des peuples de l'Arabie leur sont communes avec celles des Arabes Bédouins (Beddouis, ou hommes des déserts, ces pays vastes et incultes qui s'étendent depuis les confins de la Perse jus

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qu'aux rivages de Maroc), que tant de voyageurs ont décrites, nous ne nous attacherons qu'à donner une idée très-précise du caractère, des mœurs et des usages de ces derniers peuples nomades. Les Arabes sont naturellement graves et sérieux; dans la conversation, ils gesticulent peu, parlent sans s'interrompre, et mettent dans leurs expressions à l'égard les uns des autres une réserve qui sert à tempérer l'irritabilité de leur caractère, et entretient parmi ceux d'une même tribu une utile harmonie. Ils sont légers à la course, excellens cavaliers; ils ont le cœur martial par inclination et brave; ils sont très-habiles à manier l'arc et la lance, et très-adroits tireurs depuis qu'ils sont familiarisés avec les armes à feu.

Les Arabes sont très-sobres dans leur nourriture. Leur frugalité n'est point une vertu de leur choix, mais elle dépend du climat et de la nécessité; ce qui probablement est la cause de leur maigreur et de la sécheresse habituelle de leurs corps. Leurs alimens ordinaires sont le riz cuit ou pillau, le lait, le beurre, le keimac ou lait caillé. Ordinairement les gens du peuple ne font qu'un repas de mauvais. pain de doura, qui est une espèce de millet. Ils y mêlent du lait de chameau, de l'huile, du beurre ou de la graisse; ils préfèrent ce pain, tout médiocre qu'il est en saveur, à celui d'orge, qui est plus agréable, mais moins substantiel. Ils ne boivent que de l'eau. Ils font peu d'usage de la viande : celle de brebis fait la principale nourriture des Arabes du désert, celle du mouton est rarement employée, attendu le dégoût que les Arabes ont pour la cas

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