rant, dont la qualité est de rafraîchir et de déssécher. Les Persans, dit d'Herbelot (Bibli. Or.), l'emploient en médecine pour frotter les pieds des malades qui sont à l'agonie. Les Orientaux s'en servent aussi pour teindre les ongles et les cheveux des femmes et des enfans, ainsi que le pelage des chevaux. C'est du mot sandal qu'est dérivé celui de sandalani ou saïdalani, qui signifie, dans le Levant, droguiste ou apothicaire. 20. Sois toujours pourvu du nécessaire suivant ta condition; mais ne fais pas toute la dépense que tu pourrais faire, afin que l'économie de ta jeunesse soit ta consolation dans un âge plus avancé. : 21. Le plus près que l'homme puisse approcher du bonheur, dans la carrière de la vie, c'est de posséder la liberté, la santé et la paix du cœur. On dit qu'un jour un monarque d'Orient promit une grande somme d'argent à ceux de ses sujets qui viendraient affirmer par serment devant lui qu'ils avaient joui d'un bonheur constant. Deux personnes se présentèrent c'était un mari et sa femme. Ils affirmèrent qu'unis depuis long-temps par les liens du mariage, leur félicité égalait celle de l'âge d'or, et qu'ils étaient entièrement satisfaits de leur sort. Si cela est ainsi, dit le monarque, et si vous êtes réellement heureux autant que vous prétendez l'être, vous ne deviez pas venir demander les richesses que j'ai offertes : mais non, vous éprouvez des besoins, des désirs, de l'ambition: allez, vous n'êtes point les êtres fortunés que je cherche, et que, selon toute apparence, je ne rencontrerai pas encore de long-temps. On demandait à Thalès quel était l'homme véritablement heureux; C'est, répondit-il, celui qui joint de grandes connaissances à une bonne santé. 22. Qui croit beaucoup, beaucoup se trompe. S'il y a de l'imbécillité à croire tout, et de l'entêtement à ne rien croire, il y a des choses claires auxquelles on ne peut se refuser sans ridicule. Celui qui croit tout indistinctement est un mauvais raisonneur ; si de plus il agit mal, il est à la fois un imbécille et un méchant. On devient souvent crédule par bêtise, lorsqu'on a été incrédule par présomption. 23. Le pain dérobé par le méchant se change en poussière dans sa bouche. Ce proverbe oriental fut employé par Bonaparte, lorsqu'il s'entretenait avec le muphti dans la chambre sépulcrale de la pyramide de Cheops. 24. L'affabilité est l'ornement de la grandeur : la fierté ne sied que dans l'infortune. 25. La piété filiale est d'un plus grand prix que tout l'encens de Perse offert au soleil; elle exhale un parfum plus agréable que les aromates dont les vents d'ouest répandent l'odeur dans les campagnes d'Arabie. Sois donc reconnaissant envers ton père, car il t'a donné la vie; et envers ta mère, car elle t'a porté dans son sein. 26. Il ne faut pas étendre la main si loin qu'on ne puisse la retirer sans danger. 27. Qui sait écouter et se taire, sait apprendre et retenir. 28. Le malheur ressemble à la montagne de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahor. Tant que vous la montez, vous ne voyez devant vous que de stériles rochers; mais quand vous êtes au som 1 met, vous apercevez le ciel sur votre tête et à vos pieds le royaume de Cachemire. 29. Un monarque vraiment sensible aux besoins de son peuple, est sur son trône comme la rose sur son buisson, il est continuellement environné d'épines. 30. La douceur du chameau est si grande, qu'un enfant peut le conduire cent lieues loin par le licou ; néanmoins, si l'enfant le conduit par un chemin dangereux, il résiste et ne lui obéit plus. Cela fait voir qu'il faut employer la sévérité, lorsque la douceur n'est plus nécessaire. 31. Celui qui dit moi, est un démon : Les Orientaux disent encore: Qui ne détruit pas le malheureux moi, ne sera jamais capable de rien de grand. Ce mot moi paraissait à Pascal une expression insupportable et pleine d'arrogance. Ce moi est comme la rampe d'une salle de spectacle : lorsqu'elle se lève, elle laisse voir tout l'intérieur de la décoration qui était cachée dans l'ombre. Le moi rappelle de suite à l'esprit les qualités vraies ou fausses, petites ou grandes de celui qui fait parade de ce mot imposteur ; il découvre le fonds de son âme. Pour moi, encore pour moi, toujours pour moi : telle est la devise de ces éternels accapareurs de places, la plupart hommes inutiles, qui ne vivent que pour euxmêmes, et qui privent l'État des services de gens utiles et laborieux qui valent mieux qu'eux. Platon a dit : Nemo sibi nascitur, il n'est pas un homme qui naisse pour lui seul. C'est n'être bon à rien, de n'être bon qu'à soi. Qui ne vit que pour soi, n'est pas digne de vivre. (BOILEAU.) On connaît ce mot du poète Colardeau, mourant, à qui Barthe, l'auteur des Fausses Infidélités, lisait sa comédie de l'Homme personnel: Vous pouvez ajouter un trait au caractère de votre personnage, celui d'un ami égoïste qui lit, à son àmi mourant, une comédie en cinq actes. L'égoïste est comme l'araignée au centre de sa toile : chacun des fils qui la composent l'avertit du moment où elle doit s'emparer des mouches imprudentes qui s'y empêtrent. 32. L'homme doit se nourrir; mais il ne suffit pas qu'il nourrisse son corps, il doit se nourrir tout entier, et surtout alimenter son intelligence, qui est la plus belle partie de lui-même. 33. Lorsque des sujets maltraités par des officiers subalternes ne peuvent pas faire de remontrances au souverain, parce que la trop grande autorité d'un ministre leur oppose une barrière insurmontable, leur sort est semblable à celui d'un homme pressé par la soif, qui s'approche du Nil pour se désaltérer, et qui, y apercevant un crocodile, se trouve, à la vue du monstre, dans l'impossibilité de satisfaire le besoin qui le tourmente. 34. Il en est du mensonge comme d'une plaie qui laisse une cicatrice après elle. On ne croit plus le menteur même quand il dit la vérité. 35. Il n'y a pas de maladie plus dangereuse que le défaut de bon sens. Le bon sens, dit Amelot de la Houssaie (Notes sur la Rochefoucauld), doit être l'arbitre des règles tant anciennes que modernes tout ce qui ne lui est pas conforme est faux. 36. Il ne faut pas se fier aux apparences: le tambour avec le bruit qu'il fait, n'est rempli de rien. 57. 1o. Instruisez l'enfance, dès que son esprit devient capable d'instruction; mais ménagez sa faiblesse, et sachez vous accommoder à sa raison naissante; laissez à cette jeune fleur le temps de s'épanouir, et ne la flétrissez pas toujours en l'échauffant imprudemment dans votre sein. 2°. Qui n'a pas d'éducation, ressemble à un corps sans âme. Il en est de l'éducation comme d'une serrure: si une main légère et adroite tourne la clef du bon côté, elle cède facilement et s'ouvre; si une main lourde et maladroite la tourne brusquement en sens inverse, la serrure se détraque et se fausse; toute la différence qu'il y a de l'une à l'autre, c'est que la dernière se rompt et que la première ne se rompt pas. «Une bonne éducation, dit Mably, nous fait contracter des habitudes honnêtes, et nous fournit ainsi un préservatif contre les passions. Une mauvaise éducation peut causer la perte de plusieurs générations elle a les mêmes suites, en fait de morale, qu'un mauvais système en fait de politique. La bonne éducation et le bon exemple sont de riches héritages, qui devraient se substituer intacts de père en fils. : 38. Le corps est fortifié par les nerfs, l'âme doit être corroborée par l'amitié. 39. Sois juste envers ton domestique, si tu veux t'assurer son attachement et son exactitude; que tes ordres soient raisonnables, si tu veux une prompte obeissance homme, il a l'esprit de l'homme; la rigueur et la sévérité peuvent inspirer la crainte, et jamais l'amour. Les bons maîtres font les bons domestiques. |