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est devenue proverbe. Les janissaires doivent manger en commun dans les réfectoires; le mot janissaires est une altération de yeni-tcheri (nouveau corps). Ce corps fut composé par Orkan en 1330, et composé de prisonniers chrétiens. Hadjy-BekTasch, le fondateur de l'ordre des Bektaschys, révéré de son temps comme un saint, consacra cette nouvelle milice; il posa la manche de sa robe blanche sur la tête des principaux officiers de ce corps, et leur promit les plus grandes prospérités; il est regardé comme le patron des janissaires. La dissolution de cette milice turbulente par le sultan Mahmoud, est un coup d'état qui annonce dans ce prince une vigueur peu commune, et qui a détruit la règle.

60. Ce que Dieu a écrit sur ton cœur ne peut manquer de t'arriver. Les mahométans ont bâti leur système de fatalisme sur ces passages du livre de leur prophète Mahomet : « Dieu a imprimé dans le cœur de ses élus une foi constante, il leur accordera le pardon de leurs fautes, et les recevra dans son · paradis, car c'est lui qui choisit et prédestine ceux qu'il veut sauver. C'est sa volonté qu'il accomplit dans ses créatures. Vous ne sauriez rien faire sur la terre qui ne soit écrit dans le livre éternel; là se trouve la destinée de chaque homme. Si l'homme demande quelle est sa fin dernière, il n'y a que Dieu qui la sache et son prophète. » Ils pensent que le sort de chaque homme est écrit sur son front, et ils l'appellent Narsip ou Tactir, du nom du livre des destinées. M. Jaubert, dans son Voyage en Arménie et en Perse, raconte le fait suivant,

qui prouve la parfaite résignation des Turcs aux volontés de la Providence : « Dans l'incendie qui, en 1806, réduisit en cendres une grande partie du faubourg de Galata, à Constantinople, je me plaçai (dans un café) près de deux turcs qui s'entretenaient sur l'incendie, dont rien ne pouvait arrêter les progrès. Tout à coup, un des deux interlocuteurs s'aperçoit que les flammes gagnent son quartier, et, sans quitter la tasse de café qu'il tient à la main, il envoie un domestique vérifier le fait. Celui-ci revient promptement et annonce à son maître que sa maison est tout en feu. « La chose était écrite, répond tranquillement le Turc, je ne saurais qu'y faire; Dieu est généreux. » Il y a peu de chrétiens capables d'une pareille résignation.

S XV. Proverbes persans.

La Perse, appelée Iran dans l'antiquité, tire son nom, suivant les poètes, de Persée, fils de Jupiter et de Danaé; voilà pour le fabuleux. Suivant la plupart des géographes, elle le tire de la province de Fars ou Pars, dont la capitale est Schiraz, si renommée par l'excellence de ses vins, et dans laquelle se trouvent les belles ruines de l'ancienne Persépolis. Quelques commentateurs ont pensé que le nom de ce vaste empire pouvait venir également du mot paras, qui signifie un cavalier, les Persans ayant toujours été renommés par leur habileté dans l'art de l'équitation. La Perse est partagée en deux parties distinctes, l'orientale et l'occidentale; elle est traversée, dans sa longueur, par le Mont-Taurus,

et se trouve dans la zône tempérée, mais dans le voisinage de la zône torride, ce qui fait que la chaleur y est souvent insupportable. La population primitive de la plus grande partie de la Perse paraît avoir été indigène, et être la tige de toutes les nations scythiques. C'est le sentiment d'un grand nombre de savans distingués.

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« Les Persans, dit M. Beauchamp dans son Voyage, en Perse, sont les Français de l'Asie. Cela se remarque à leur marche vive et légère, à leur volubilité à parler une langue douce et sonore, à ́ la fécondité de leurs complimens, à leur plaisir à dire des riens, à la forme pincée de leurs habits, enfin à une finesse d'esprit qui les assimile aux Français. Quoique fiers, ils sont généralement polis et hospitaliers; mais on les accuse d'être tant soit peu intéressés. Doués d'un tempérament sanguin, ils sont enclins à la volupté, à un goût désordonné pour le vin, quoiqu'il soit défendu par leur religion, à la colère et surtout à la jalousie, qu'ils poussent à l'excès, comme les Turcs et les autres peuples orientaux. La révolution opérée par Nadir-chah (Thahmas - Couly-Khân) en 1736, et les dissentions civiles, ont contribué à répandre sur le caractère national une teinte de cruauté qui dépare un peu les belles qualités attribuées aux Persans, ce qui ne s'accorde pas avec le sentiment du savant voyageur Olivier, qui a observé que le caractère dominant des Persans, malgré leurs guerres civiles, est la douceur et l'humanité.

dans

Le sang est généralement beau en Perse quelques provinces, le teint des habitans est olivâ

tre, mais dans la plupart des autres les habitans sont très-bruns. Ils sont assez communément replets: ils ont les cheveux noirs, le front haut, le nez aquilin, le menton large et la coupe de la figure ovale. La beauté des femmes persannes consiste à avoir la taille moyenne et mince, les cheveux, les sourcils et les yeux noirs, et ceux-ci ornés de longues paupières, de petites mains, et le tissu de la peau très-fin: bien différens des Turcs, qui s'attachent plutôt aux formes massives qu'aux formes élégantes, les Persans préfèrent dans les femmes les tailles déliées et élancées. Lorsqu'ils veulent vanter la prestance d'une jeune beauté, ils la comparent à un cyprès. Quand ils veulent donner des preuves de leur amour à leurs maîtresses, ils se brûlent en différens endroits du corps, et font des ouvertures à leurs habits pour les leur montrer. Les femmes, de leur côté, leur envoient des rubans de soie pour leur témoigner qu'elles sont sensibles à ces preuves de tendresse, et les amans les emploient à couvrir les parties affligées. Les Persans sont forts, robustes, propres aux exercices militaires ; ils aiment beaucoup à s'allier avec les Géorgiennes et les Circassiennes. Les hommes faits se rasent la tête et portent de longs bonnets cramoisis; ils ont pour principe d'hygiène de se tenir la tête très-chaudement, en sorte qu'il n'ôtent jamais leur coiffure en signe de respect, même devant le roi. Leur barbe est un objet de prédilection, et ils l'entretiennent avec un soin minutieux. Les jeunes gens laissent croître de chaque côté de la tête un bouquet de cheveux et font monter leur barbe jusqu'aux tempes. Leur ha

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billement est fort simple et commode; ils ont sur la peau une chemise de mousseline, sur la chemise un habit qui descend plus bas que les genoux, et qui est retenu par une ceinture, et sur le tout une robe ouverte un peu plus courte. Toutes les étoffes employées à l'habillement des gens riches sont magnifiques et brodées en or et en argent. Les plus grands seigneurs portent des bonnets fourés, et, comme ces bonnets sont presque tous rouges, les Turcs appellent les Persans Kisilbasch, têtes rouges. Leurs souliers ou pantoufles sont ordinairement de couleur verte; ce qui offense singulièrement les Tures, c'est de voir que les Persans ont à leurs pieds la couleur que Mahomet portait à la tête, mais les Persans se moquent de l'estime superstitieuse que les Turcs font de la couleur verte. Les femmes entourent leurs têtes de morceaux d'étoffes de soie de différentes couleurs. Leurs robes sont plus courtes que celles des hommes, et leur habillement diffère peu de celui de ces derniers. Elles savent habilement relever leur beauté avec du fard et des cosmétiques, et elles font surtout un grand usage de surmèh et de poudre d'antimoine, qui donnent aux yeux une expression de langueur voluptueuse, sans toutefois en amortir l'éclat. Elles se passent, comme cela se pratique dans beaucoup de contrées du levant, des anneaux par le cartilage du nez, qu'elles percent avec des aiguilles. Lorsqu'elles vont en voyage, elles se font porter sur des chameaux dans des caschaves, ou grands paniers couverts qui sont suspendus de chaque côté du bât du chameau. Les femmes sont, en Perse, les premières esclaves.

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