rêterait pas sans doute aujourd'hui ; mais un canal à travers l'isthme serait aussi dispendieux qu'inutile; un chemin de fer ne le serait guère moins. Le défaut de port accessible aux grands bâtimens, l'absence de débouchés et des élémens de la vie commerciale réservent à Corinthe pour condition d'existence et d'avenir la mission de concourir avec Athènes à effacer en Grèce les traces de la barbarie, à donner à la patrie naissante le goût d'une liberté vigilante, mais patiente et laborieuse, et, dans le culte des arts, dans le noble exercice et le bon emploi des forces de l'intelligence, le courage d'attendre et la puissance de grandir. A. L. CORINTHE (AIRAIN DE ), voy. AiRAIN;-(RAISIN DE ) voy. RAISIN et l'article précédent, p. 790. CORINTHIEN (ORDRE ), voy. ORDRES D'ARCHITECTURE et CHAPITEAU. tribuns qui avaient assisté au sénat en CORIOLAN (C. MARCIUS). Ayant perdu son père en bas âge il fut élevé par sa mère Véturie, femme d'une austère vertu. Il avait une fermeté et une constance de caractère qui dégénéraient souvent en obstination. Courageux, inaccessible aux attraits de la volupté, invincible aux plus durs travaux, le jeune Marcius était intraitable, altier et d'un commerce difficile. Au siége de Corioles il acquit le surnom de Coriolanus, parce que l'armée, renforcée des Antiates, ayant fait une vigoureuse sortie et les Romains étant déjà en fuite, il rallia quelques braves et se jeta dans la place pêle-mêle avec la garnison qu'il avait repoussée. De là il vint au camp du consul Cominius, annonça la prise de Corioles, et combattit les Antiates avec une nouvelle ardeur. La victoire fut complète et le consul lui décerna une chaine d'or, le meilleur che-lère, il les engagea à faire la guerre à val de bataille et des prisonniers à son nouveau Rome et il partagea le commandement établi sur le lieu même où les Horaces avaient jadis combattu les Curiaces, là où passait la procession des Ambarvales (voy.) à cinq milles de la porta Capena. Après cette remarque, plus topographique qu'historique, Niebuhr avance, d'après Zonaras, que le sénat décréta la réintégration de Coriolan dans ses droits de citoyen romain et que les curies l'approuvèrent. Cinq consulaires se présentèrent à lui munis de cette proposition; mais Coriolan, ne songeant pas uniquement à lui, stipula des avantages pour les Volsques et demanda le rappel des bannis. Il donna trente-trois jours pour en délibérer; c'était le délai des féciaux. par le peuple à lui envoyer des ambassadeurs: il les reçut avec hauteur et dureté et exigea qu'on rendit aux Volsques toutes les villes conquises et qu'on leur donnât droit de bourgeoisie. Une seconde ambassade fut aussi repoussée. Les pontifes, les augures et les prêtres ne furent pas plus heureux. Alors les dames romaines s'assemblèrent chez la mère de Coriolan qui professait pour elle un grand respect. Véturie ne se refusa point à la patrie: elle sortit accompagnée de Volumnie, femme de Coriolan, qui conduisait l'un des enfans qu'elle avait eus de lui et portait l'autre. Beaucoup de dames romaines les suivaient. Coriolan courut se précipiter dans les bras de sa mère, ordonnant aux lic-Niebuhr se déclare aussi pour l'opinion teurs d'abaisser leurs faisceaux. Mais Véturie lui fit un accueil sévère; elle voulut savoir avant de l'embrasser s'il se présentait en fils ou en ennemi, et elle lui annonça qu'il ne franchirait les portes de Rome qu'en passant sur son corps. Coriolan ne put résister: «Véturie, s'écria-t-il, vous remportez sur moi une cruelle victoire qui bientôt me sera fatale! » Il emmena donc son armée. Les uns disent qu'à son retour, ayant voulu se justifier, il fut tué dans une émeute que Tullus suscita par jalousie; les autres, et c'est le sentiment de Fabius Pictor, veulent qu'il ait vécu jusque dans un âge fort avancé. Le sénat fit élever sur le lieu même où Véturie l'avait fléchi un temple à la Fortune féminine, dont elle fut la première prêtresse. On doit à Niebuhr une excellente critique historique de la tradition sur Coriolan; il fait remarquer que son camp fu qui fait vivre Coriolan jusque dans un âge avancé; il rappelle que souvent on l'entendit répéter que le vieillard sentait plus que tout autre le malheur de vivre à l'étranger. Quand la mort l'eut délivré, les matrones portèrent son deuil un an entier, comme pour Brutus, comme pour Publicola. Niebuhr ne croit pas que Coriolan ait sacrifié les prétentions des Volsques aux gémissemens des femmes; d'ailleurs ils n'eussent pas obéi à l'ordre de la retraite. Il croit que le récit de la mort de Thémistocle a jeté quelque reflet sur l'histoire romaine; enfin il veut bannir ce récit des annales; même il croit que le surnom de Coriolan vient d'un droit plutôt que d'un exploit, et que ce droit est celui d'isopolitie ou de municipium exercé à Corioles; tout le reste serait invention ou poésie épique. P. G-x. CORK, voy. IRlande. FIN DE LA DEUXIÈME PARtie du tome SIXIÈME. |