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tout, dans les mouvemens, les gestes, le son de la voix, les soupirs; et si vous lui demandiez la raison finale de son existence, de ses actions, elle ne saurait que dire, pas plus que le vent, qui souffle parce qu'il doit souffler. En ce sens la coquetterie, si elle n'est une qualité, paraît excusable, dans la jeunesse au moins, Au sein de la société, telle que nous l'avons faite, la beauté, sans l'alliage de la coquetterie, passerait inaperçue ou ne serait point prisée à sa juste valeur.

d'irritations révulsives établies sur divers points de la peau, en même temps qu'il est bon d'employer encore des calmans et surtout l'opium, le plus certain de tous dans son action. Toutefois il est une vérité incontestable, quoiqu'elle soit méconnue par les faiseurs de théories et par les prôneurs de panacées, c'est que la coqueluche, comme beaucoup d'autres maladies, a pour sa durée des limites au-delà desquelles elle va bien rarement, mais aussi en-deçà desquelles l'art n'a guère le pouvoir de la restreindre. La moyenne est de quarante jours. Cependant on a observé que le changement d'air agissait d'une manière favorable sur l'intensité des symptômes, et ce moyen, que sa simplicité et sa parfaite innocuité rendent encore plus recommandable, doit être surtout conseillé comme moyen préservatif dans les cas où la maladie règne d'une manière épidémique.

La coqueluche étant plus grave encore par les désordres dont elle est l'occasion qu'elle ne l'est par elle-même, la convalescence demande beaucoup de soins. On doit surtout s'assurer qu'il ne subsiste dans les poumons aucune lésion profonde, qui, d'abord latente, finit par se manifester au moment où elle est déjà❘ au-dessus des ressources de la médecine.

F. R. COQUETTERIE. Est-ce une qualité ou un défaut que la coquetterie, cette envie de plaire, innée dans certaines organisations comme le besoin d'aimer? Ici, comme pour tous les penchans, point de loi absolue! La coquetterie, presque instinctive chez les femmes, est sœur de la grace; elle rehausse leurs.charmes ; elle attire sans arrière-pensée les hommages, comme l'aimant attire le fer; elle se pose sur des lèvres vermeilles et dit à l'homme: << Agenouille-toi! » Elle dirige les regards expressifs, elle jaillit des yeux avec cette irrésistible énergie que les poètes grecs, si spirituellement allégorisateurs, transformée en flèche d'amour; elle se joue dans les boucles d'une chevelure soyeuse, retombe dans les plis ondulans d'une robe; elle imprime à des pieds délicats une démarche cadencée. La coquetterie, molle et insinuante, se glisse par

ont

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Mais il est une autre coquetterie, que nous nommerons coquetterie de calcul,qui veut arriver à son but par tous les moyens, licites ou non ; qui ne se contente point de plaire, qui prétend désespérer; qui ne fait point plier les genoux, mais cherche à briser les cœurs; pour qui les hommages ne sont qu'un tribut mesquin, un encens vulgaire; qui se repait d'une douleur morne, s'enivre d'une douleur éloquente; qui appelle les vœux et jamais ne les accueille; qui fait naître les désirs, puis les refoule comme d'importuns mendians; coquetterie perfide, licence hypocritement parée du voile de la pudeur et de la retenue; besoin bizarre, tout entier de tête, et portant l'empreinte d'une civilisation raffinée; fruit d'une imagination déréglée qui se lance dans l'impossible. En ce sens, la coquetterie est plus qu'un défaut : c'est un vice, quelquefois un crime.

La coquetterie féminine varie d'ailleurs de pays à pays, d'individu à individu. Une Française sera coquette par son esprit et så tournure, une Allemande par sa sensibilité, une femme du Midi par sa véhémence naïve, une Anglaise par sa pruderie. Célimène (Misanthrope) est le type de la coquette médisante, railleuse; la princesse Éboli ( Don Carlos, de Schiller) de la coquette passionnée; lady Adeline (Don Juan, de Byron ) de la coquette bas bleu.Mais comment établir des classes, comment généraliser, fixer les traits d'une manière d'être aussi multiple que fugitive? Demandez à une femme ce que c'est que la coquetterie : d'abord elle se refusera à toute définition, faute de données, ou, si elle s'exécute de bonne grace, elle dessinera tel contour qu'une autre femme ne manquerait pas d'altérer, d'effacer,

de tracer d'une façon toute différente. Quoi qu'il en soit, une jeune femme coquette, d'instinct ou par égoïsme, est un être qu'on peut accepter et qu'on comprend; une vieille coquette est ridicule, un homme coquet absurde. On appelle du nom de fat un homme coquet dans sa mise, insolent dans ses manières; on qualifię de bel-esprit (voy.), titre qui équivaut aujourd'hui à une raillerie presque injurieuse, l'homme prétentieux qui fait de ses saillies plus ou moins spirituelles, de son savoir plus ou moins. emprunté, un étalage coquet. S'ils aspirent à plaire, le fat et le bel esprit calculent mal. L'homme n'impose l'amour et le respect que par la force logique de son raisonnement, par son énergie morale et physique. Les hommes coquets pullulent dans les temps de décadence et de dissolution sociale.

Un style qui n'est que coquet sert presque toujours à voiler une grande pauvreté d'idées; une littérature exclusivement coquette et prétentieuse serait le plus déplorable symptôme d'un goût faux, efféminé, affadi. Les grands artistes méprisent la peinture coquette: elle ment, elle enjolive les traits, elle endimanche la nature, elle attire les regards par le clinquant; elle dénature l'art, comme la coquetterie perfide fausse la tête et étouffe les sentimens du cœur,

Rien de plus subtil, de plus délicat dans les arts, la littérature et les mœurs, que la ligne de démarcation entre la coquetterie et l'élégance : l'une et l'autre semblent se toucher par tous les points et pourtant leur essence est diamétralement opposée. L'élégance est un signe de distinction; la coquetterie, à moins d'être instinctive, l'indice de la petitesse d'esprit. Racine est élégant, Dorat coquet. L. S.

tions pour les mouvemens des membres, l'enveloppe tubuleuse des annélides, etc. Toutes les coquilles sont formées de calcaires (acide carbonique uni à la chaux) et d'une matière animale et de nature muqueuse. Selon que l'un de ces principes prédomine sur l'autre, elles sont plus ou moins fragiles, dures, opaques, épaisses. Leur coloration est due à quelques oxides métalliques. Les coquilles se forment au moyen de couches minces de matière calcaire qui transsudent des pores du manteau (membrane enveloppant les mollusques) et se déposent successivement les uns en dedans des autres. On observe sur un certain nombre de coquilles une pellicule mince, lisse, quelquefois écailleuse ou hérissée : c'est le drap marin, qu'on a nommé aussi l'épiderme, par une analogie assez éloignée avec l'enveloppe la plus extérieure de la peau chez les animaux vertébrés. Cette production paraît être le superflu de la matière sécrétée par le manteau, qui s'est répandue au dehors et s'y est desséchée. Les coquilles sont dites engainantes quand elles peuvent contenir l'animal tout entier; recouvrantes, quand elles recouvrent plus ou moins complètement sa partie supérieure comme un bouclier, Sous le rapport de leur composition, les coquilles sont bivalves quand elles sont formées de deux pièces ou panneaux articulés entre eux par une charnière; univalves, composées d'une seule pièce; multivalves, de plusieurs, maintenues par le manteau ou soudées entre elles; operculées, quand elles sont pourvues d'un opercule, espèce de couvercle servant à l'animal à boucher, à son gré, l'ouverture de son test.

Les coquilles univalves, considérées relativement à leurs formes, offrent un grand nombre de variations qui ont été décrites avec le plus grand soin. Elles sont symétriques ou non-symétriques ;

COQUILLE, enveloppe pierreuse généralement destinée à protéger les mollusques (voy.) contre l'action des corps durs. C'est le plus souvent à l'extérieur, quel-tubuleuses, semblables à un tube; naviquefois à l'intérieur, ou dans l'épaisseur de la peau de l'animal, que se développe ce test protecteur. On ne comprend pas parmi les coquilles proprement dites différens corps durs propres à d'autres classes d'invertébrés: tel est le test des crustacés, qui présente un grand nombre d'articula

culaires, renflées sur le dos et imitant la forme d'une nacelle; rostrales, se terminant en forme de bec aux deux extrémités; tubuleuses, semblables à un tube; spirées, quand elles ont la forme d'un còne contourné sur lui-même en spirales; turbinées, quand le dernier tour de spire

correspond à la lunule et à la courbure des crochets; le bord antérieur est situé au point opposé.

Les moyens d'union sont: 1° dans la charnière, cette partie du bord supérieur qui offre de petites dents et des cavités dans lesquelles elles s'emboîtent pour l'articulation des valves; 2° dans le ligament élastique, paquet de fibres très dures, tantôt externe et visible au dehors, tantôt interne, s'attachant à l'une et à l'autre valve qu'il tend toujours à ouvrir, effet qui a pour antagoniste l'action des muscles adducteurs, fixant l'animal à sa coquille et fermant à son gré celle-ci. Ces muscles laissent à la face interne des traces ou impressions musculaires, réųnies, quand elles sont au nombre de deux, par une ligne qui indique l'attache du manteau (impression paléale).

Les coquilles bivalves sont, ou adhérentes par différens moyens aux corps sur lesquels elles se fixent, ou libres, l'animal qui les habite pouvant changer de lieu à l'aide d'une espèce de pied. Il est parmi les bivalves des espèces tubicoles, c'està-dire habitant dans un tube accessoire aux valves.

enveloppe les autres; discoïdes, quand ils
sont placés sur le même plan; turriculées,
quand la spire est à angle aigu et se con-
tourne en cône allongé. Le plus souvent
les tours de spire sont dans une direction
oblique de droite à gauche et de bas en
haut. Quand ils ont lieu dans le sens trans.
versal, la coquille est involvée; elle est en-
roulée, quand ils se font verticalement. Re-
lativement à leurs parties constituantes,
on considère dans les coquilles univalves
plusieurs parties qu'on étudie dans leurs
moindres particularités. Elles sont mono-
thalames ou polythalames, selon qu'elles
offrent à l'intérieur une seule ou plusieurs
cavités partagées par des cloisons. Dans
les coquilles spirées, le sommet est le
commencement de la spire, la base est
la partie opposée. On y remarque une
ouverture de forme variable, la bouche,
dans laquelle on distingue un bord gau-
che situé du côté de l'axe de la coquille,
un bord droit du côté opposé. Elle est
entière, échancrée ou canaliculée, c'est-
à-dire terminée par un canal qui semble
se continuer avec l'axe de la coquille.
Celui-ci est tantôt fictif ou représenté
par un espace vide en forme de còne
étendu de la base au sommet (l'ombilic),
tantôt plein et occupé par une colonne
torse, lisse ou plissée (la columelle). Les
coquilles bivalves, considérées sous les
mêmes points de vue, sont, relativement
à leurs formes, équivalves ou inéquival-
ves, closes ou baillantes, cordiformes,
globuleuses, etc., etc. Relativement à l'é-
tat de leur superficie, elles sont lisses,
striées, sillonnées, ruboteuses, épineu-
ses, etc. Relativement à leurs parties
constituantes, on considère les bords des
valves et leurs moyens d'union. Le bord
supérieur, ou correspondant à la char-
nière, offre à considérer: 1° les crochets
ou sommets, protubérances de forme
conique plus ou moins prononcée, situées
immédiatement au-dessus de la charnière
et se recourbant l'une vers l'autre ; 2o la
lunule, dépression située en avant et au-
dessous de la courbure des crochets;
3o l'écusson, autre enfoncement plus
allongé qui se trouve en arrière de ces
mêmes crochets et où s'insère le ligament
quand il est extérieur. Le bord inférieur
est libre et tranchant; le bord postérieur | chancelier Bacon.

Les coquilles univalves se distinguent, par leur habitation, en terrestres, fluviatiles, marines; parmi les bivalves il n'en est point de terrestres. C. S-TE.

COQUILLE (GUY), sieur DE ROMENAI, en latin Conchylius, suivant l'usage du temps, naquit à Decize, en Nivernais, le 11 novembre 1523. Il étudia en Italie où il eut pour maître le célèbre Marianus Sorin junior, qu'il vante en plusieurs endroits de ses ouvrages. A son retour en France, il continua ses études à Orléans et suivit le barreau de Paris. L'amour du pays natal le fit ensuite retourner à Decize d'où il eut peine à s'arracher pour aller se fixer à Nevers. Sa réputation s'étendit bientôt au loin; consulté de toutes parts, il réservait aux pauvres la dime de ses honoraires. Il fut député du Nivernais aux États d'Orléans de 1560, et à ceux de Blois de 1575 et 1588, où il rédigea le cahier du Tiers. Il s'y lia d'amitié avec Jean Bodin (voy.); il était en relation avec tous les hommes célèbres de son temps et correspondait avec le

Coquille fut un bon et loyal député, un savant jurisconsulte, un grand citoyen. Ses ouvrages, où se révèlent à chaque instant le publiciste et l'homme d'état, respirent l'amour de la patrie et du bien public. Son dialogue Sur les causes des misères de la France est écrit dans le style de Montaigne. Son traité des Libertés de l'église gallicane lui avait été dérobé de son vivant et n'a été retrouvé que vers le milieu du xvII° siècle. Il avait laissé plusieurs écrits politiques, particulièrement sur les États de Blois et d'Orléans. Le chanoine, éditeur de ses œuvres, ne jugea pas à propos de faire imprimer ces écrits, « étant, dit-il, des matières d'estat qui sont au-dessus de la portée de notre jugement... » Aujourd'hui ces manuscrits sont perdus; je n'ai pu en retrouver aucun, quelques recherches que j'aie faites à Nevers et dans les grandes bibliothèques.

Après la clôture des États, Coquille revint dans sa province, où Louis de Gonzague, duc de Nevers, eut beaucoup de peine à lui faire accepter la place de procureur fiscal. Il s'occupa dans cette place à la réforme de plusieurs abus, en vue de procurer quelques soulagemens à la province. Vainement Henri IV voulut l'attirer à Paris en lui faisant offrir une place de conseiller d'état; il refusa.

Ses Institutes coutumières, son Commentaire sur la coutume de Nivernais, lui ont assuré un rang élevé parmi les jurisconsultes. Il est remarquable surtout par la sûreté de sa doctrine et la solidité de ses décisions; D'Aguesseau ne l'appelle jamais que le judicieux Coquille.

A l'exemple de tous les savans de son temps, Coquille cultiva la poésie latine. Le recueil de ses poésies, petit vol. in-12 de 161 pages, est même le seul de ses ouvrages qu'il ait fait imprimer lui-même à Nevers en 1590. Il y déplore la SaintBarthélemy, comme le faisait de son côté le chancelier de L'Hôpital. Il loue la ville de Nevers d'avoir été presque la seule qui n'eût pas trempé ses mains dans le sang de ces citoyens.

.....Sed sola ferè urbs Nivernica

Clemens abstinuit misera et crudeli cæde suorum.

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Ailleurs il laisse percer le chagrin que lui causait la corruption à prix d'argent et de places, exercée au sein même des États sur plusieurs députés qui avaient, dit-il, fait leurs affaires au lieu de faire celles de la France.

Maxima pars terno quæ regnat in Ordine,

nummos

Largita, ad summos pertigit usque gradus. Omnibus his populi commissa est causa : veremúr Ne pro re populi, rem sibi quisque gerat.

Le dégoût qu'il ressentit fut sans doute cause qu'il renonça à se mêler des affaires publiques. En allant aux États il rêvait ce qu'il appelle spes libertatis honestæ. Mais son illusion dura peu.

Quondam libera gens et Franci vizimus; at nunc Mancipia et vilis nil niși turba sumus. Guy Coquille mourut le 11 mars 1603, 80 ans. La Nièvre doit un monument à sa mémoire. D.

à

COR, instrument de musique, ordinairement en cuivre, dont la première forme a dû être celle d'une corne de bœuf, ce qui lui a sans doute fait donner son nom. Les anciens l'ont employé ainsi, comme le témoignent quelques monumens: c'était la buccina des Romains, différente de la tuba, qui était tout-àfait droite. Une autre forme plus moderne du cor est celle qui offre plusieurs enroulemens en spirale. C'est proprement le cor de chasse, que les chasseurs appellent plus ordinairement trompe. Le petit cor s'appelle aussi huchet. Dans. tous les cas, cet instrument présente deux ouvertures, placées à ses extrémités : la plus petite où s'applique la bouche (bocal ou embouchure), et l'inférieure, beaucoup plus large, qu'on nomme le pavillon.

La première des formes qu'on vient d'indiquer a été très employée au moyenâge, et même dans les temps antérieurs. Les cors d'Odin et de Fingal sont célèbres dans les traditions poétiques du Nord. Les chevaliers, du x111® au xva siècle, ne marchaient presque jamais sans un cor suspendu au cou, qui servait à annoncer leur arrivée aux barrières d'un tournoi ou sous les murs d'un château où ils venaient réclamer une hospitalité garantie d'avance. Comme ce cor était ordinairement en ivoire, on lui

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Quelques siècles plus tard, les cornets, ou petits cors dont les bergers d'Uri et d'Underwald se servent même aujourd'hui pour rassembler leurs troupeaux, appelaient, autour de Guillaume Tell, les premiers défenseurs de la liberté helvétique.

Le cor, à des époques très reculées, a été employé dans la musique militaire; chez les peuples du nord de l'Europe il a souvent remplacé le tambour. On s'en sert chez nous, depuis quelque temps, pour régler la marche des compagnies de voltigeurs (voy. CLAIRON).

L'expression à cor et à cri, qui, dans le vocabulaire de la vénerie, sert à désigner la grande chasse, a passé, comme on sait, dans le langage ordinaire. Le mot cor a aussi une autre signification : il se dit des pointes ou chevillures sortant du marrein de la tête des cerfs, sur chaque branche, au-dessous du surendouiller; un cerf dix cors, etc. C. N. A.

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de cette espèce débutaient dans l'orchestre, comme Mlle Arnould sur la scène. Malgré sa vogue incroyable, cet instrument, réduit par les lois de la résonnance à ne fournir qu'un son fondamental et ses fractions aliquotes, eût été infailliblement rendu au service exclusif de la chasse, si vers 1753 le hasard n'eût fait découvrir à Hampel, corniste de Dresde, le moyen d'en modifier les intonations naturelles en introduisant un tampon ou la main dans son ouverture inférieure, et, par cet artifice des sons bouchés, d'altérer d'un demi-ton les sons ouverts. Une des plus importantes conséquences de cette féconde découverte est sans contredit l'invention des corps de rechange, due au facteur Haltenhoff de Hanau. En effet, pour donner au cor la possibilité de jouer dans tous les tons (ce que lui refuse son diapason naturel, puisqu'il ne produit qu'une tonique et les sons dérivés que sa vibration entraîne forcément), Haltenhoff imagina une coulisse mobile, au moyen de laquelle des cercles métalliques de diverses longueurs, calculés de façon à donner des toniques plus ou moins graves, pussent s'ajuster à l'instrument et par là en élever ou abaisser l'intonation: on les nomma corps de rechange, et depuis tons du cor. On en compte huit employés dans nos orchestres, ceux de sib grave, ut, ré, mi b, mi, fa, sol, la, sib aigu: ces monosyllabes gravés sur les tubes circulaires s'écrivent aussi en tète de la partie de cor, qui se note presque toujours en ut, sur la clef de sol et quelquefois de fa, une octave plus haut que ses sons réels.

En musique, le cor proprement dit, appelé vulgairement cor d'harmonie pour le distinguer du cor de chasse, est de tous les instrumens à vent celui qui a subi les plus nombreuses modifications. En parcourant l'histoire de l'art, nous le retrouvons à l'état le plus grossier dans le buccin des Hébreux, dans la corne de bélier que les Grecs et les Romains faisaient retentir aux funérailles, dans la trompe des peuplades de l'invasion barbare, enfin dans le cornet à bouquin ou à embouchure du moyen âge; au xvi® siècle il se montre à nous percé de sept trous, armé d'une clef, et fait d'ivoire ou de bois de sandal. Monteverde, Cavalli, Carissimi et plus tard Lulli lui donnèrent rang dans l'orchestre, et sa faveur alla croissant jusqu'en 1680, où un luthier français imagina le cor de chasse à peu près tel que nous le connaissons aujour-sée, vernissée quelquefois, qu'on appelle d'hui. L'Europe accueillit cette découverte avec enthousiasme; et Paris salua, en 1757, à l'Opéra, par ses applaudissemens, deux airs de Gossec, où deux cors

Après une multitude de variations sans importance, sa forme s'est à peu près fixée cet instrument, fait de cuivre jaune, se compose de plusieurs tuyaux arrondis de diverses grandeurs nommés branches, auxquels s'adaptent les corps de rechange. Le vent, communiqué par une embouchure d'argent de forme conique,traverse ces différens canaux pour aller aboutir à une ouverture infiniment éva

pavillon. Sans nous appesantir sur les différences manifestes du cor-solo et du cor d'orchestre, nous ferons remarquer que ce dernier se subdivise en premier et

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