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Pétersbourg, où il fut déposé à côté de celui de son frère Alexandre. Tous les honneurs requis lui furent prodigués sur son passage; l'on faisait venir à de grandes distances des troupes pour escorter le cortége. Dans chaque endroit qui possédait une église, son corps était exposé sur un catafalque, et le peuple était admis à lui baiser les mains. Toute la famille impériale, ainsi que la princesse de Lowicz, assistèrent à ses funérailles.

Le grand-duc étant mort sans testament et sans laisser d'enfans légitimes, l'empereur Nicolas se déclara son héritier. Il assigna un revenu de 60,000 roubles au jeune fils de la Française; on ignore ce qu'il avait l'intention de faire pour la princesse de Lowicz dont la mort suivit de près celle de son mari.

Le prince Constantin était très laid de figure, mais bien bâti. Sa taille ressemblait beaucoup à celle de son frère aîné, avant que celui-ci eût pris trop d'embonpoint. Il avait ses poses, ses gestes, et la même raideur allemande qu'ils tenaient tous deux de leur mère. Dans ses traits un peu tartares, l'on pouvait néanmoins, trouver les lignes de la belle figure du défunt empereur et de la jolie reine de Wurtemberg, leur sœur. Des sourcils énormes, hérissés, une voix rauque et toute particulière, le rendaient hideux dans ses accès de colère. Sa laideur faisait souvent l'objet de ses propres railleries. Lorsqu'il était de bonne humeur, sa conversation était enjouée, instruite et fort agréable. Il s'exprimait coulamment en français, et lorsqu'il était en train de causer, il n'y avait plus moyen de placer un mot; il fallait se contenter d'écouter. La grande partie de ses nuits qu'il consacrait à la lecture le mettait au courant de tout aussi, l'ayant connu, on ne peut s'empêcher d'être étonné et peut-être édifié de l'humilité avec laquelle il fait l'aveu de son incapacité et de son manque d'esprit, dans son acte de renonciation au tròne, acte qu'il savait destiné à être publié, et qui devait arrêter l'opinion de l'Europe sur son compte. L. DE R. CONSTANTINE, province de l'ancienne régence d'Alger (voy. ce mot et BARBARIE, t. III. p. 24), bornée au N.

par la Méditerranée, à l'E. par le royaume de Tunis, à l'O. par la province d'Alger dont elle est séparée par le Bouberack. Dans l'ancienne division de la régence, le beylick de Constantine était limité au midi par la province de Zab; mais depuis que cette dernière à été enclavée en partie dans celle de Tittery, les monts Aures, sur le grand Atlas, forment la limite sud de la province de Constantine. Son étendue, de l'E. à l'O., est de 100 lieues, et du N. au S. sa largeur moyenne est de 80 lieues environ. L'extrémité nord est généralement montagneuse, surtout du cap Delys à Bone; mais l'intérieur du pays, où se trouvent de belles forêts, des mines d'or, d'argent et de cuivre, est entrecoupé de collines et de plaines fort abondantes; celles des environs de Bone surtout fournissent les meilleurs blés de toute la régence, tant sous le rapport du produit que sous celui de la qualité.

La province de Constantine renferme trois villes principales: Constantine, Bone et Bougie; les deux dernières acquièrent de l'importance par leur position géographique et par les ressources qu'elles présentent pour l'avenir de la colonie française. En effet, Bougie a été regardée de tout temps comme un point essentiel: sa rade, spacieuse et abritée, offre une relâche assurée sur cette partie des côtes africaines, et son occupation doit être considérée comme un des plus grands avantages qu'ait procurés à la France l'expédition d'Afrique.

Quant à Bone, placée entre Tunis et Alger, elle doit non- seulement servir à l'agrandissement de cette conquête, mais encore en assurer la conservation. Sous le rapport géographique, sa position est d'autant plus importante que, située, ainsi que Oran, à l'une des extrémités de la régence, dont Alger est le point central, ces trois villes rendent les Français maîtres de 250 lieues de côtes à 3 jours de Toulon et de Marseille, et les placent entre Malte et Gibraltar qui sont pour l'Angleterre les véritables clefs de la mer Noire et de l'Océan.

Plusieurs rivières parcourent la province de Constantine, entre autres la Scibouse, qui arrose la plaine de Bone,

le Mafrag, la Mansoura et la Serra, qui la borne à l'est.

La ville de Constantine, chef-lieu de la province de même nom, est après Alger, dont elle est éloignée de 80 lieues, la plus considérable de la régence. Elle est située sur le promontoire de l'ancienne Cyrta, ville bâtie par les Numides, et qui, après avoir été détruite en partie, fut reconstruite par une des filles de Constantin qui lui donna son nom. Caligula en avait fait la capitale de la Mauritanie césarienne. Constantine s'élève en amphithéâtre sur une montagne baignée presque de tous côtés par le Rummel, rivière qui, après avoir reçu l'Oued-el-Djahab, prend le nom de Oued-el-Kebir et va se jeter dans la mer, à 18 lieues de Constantine. Située à 35 lieues de Bone et à égale distance de Bougie, Constantine est susceptible de devenir très florissante par les débouchés que lui offrent ces deux ports; mais les cruautés d'Hadji Ahmed, bey de cette province, interdisent, pour le moment, toutes communications avec l'intérieur des terres. La route de Bone est assez belle et le trajet s'en fait communément en 3 ou 4 jours, selon la saison; la principale difficulté est la montagne nommée Acbet-el-Achari, qui demande sept heures de traversée. Aux environs de Constantine on trouve encore des vestiges qui prouvent son ancienne splendeur; et, malgré le séjour des Vandales, des Sarrazins et des Turcs, on peut, en allant de Constantine à Tunis, dont la distance est de 90 lieues, rencontrer de ces débris qui attestent le passage des Syphax, des Massinissa, des Scipion et des César. La population de Constantine est portée à 15,000 habitans, Arabes, Maures ou Juifs.

A-Y.

elle répond avec la même exactitude aux temps modernes, puisque les débris intelligens de la ville grecque de Constantin firent germer aussitôt en Orient cette renaissance, tige brillante de toute notre civilisation. Pendant cette période elle porte un caractère particulier, faisant contraste avec nos cités chrétiennes, mais dont le temps commence déjà à effacer l'originalité.

I. Histoire. Constantinople est dans une situation que l'on peut dire unique, puisque, placée au point de jonction des deux mers qui établissent la communication entre le Nord et le Midi, elle sert en même temps à l'Europe de sentinelle avancée sur l'Asie, dont un étroit bras de mer la sépare. Par cette combinaison remarquable, elle se trouve sur la limite des quatre grandes séparations naturelles de l'ancien monde. Son emplacement occupe l'extrémité d'une péninsule qui s'avance précisément à l'endroit où le Bosphore (canal de Constantinople) se jette dans la Propontide (mer de Marmara). La ville forme un triangle, dont la base regarde la Thrace à l'occident, le côté droit la Propontide au midi, et le côté gauche le petit golfe qui lui offre un port magnifique au nord (voy. plus bas).

On s'étonne qu'une ville située de la sorte ne soit pas arrivée plus tôt au rang de capitale d'un grand empire. Mais la constitution de l'ancienne Grèce et le morcellement de son territoire en une quantité de petits états démocratiques firent seulement de Byzance une de ces républiques, laquelle dut son importance à son commerce et à son droit de péage sur les navires. Les promptes défaites de Darius et de Xerxès ne donnèrent point de suites à la prise de Byzance par ces puissans monarques d'Asie. Elle devint ensuite un point de mire offert aux Athéniens et aux Lacédémoniens dans leurs rivalités. Les Lacédémoniens, qui la possédèrent les premiers, agrandirent son territoire, augmentèrent sa population par une colonie et lui donnèrent un développement qui mérita à leur général Pausanias d'être regardé comme un se

CONSTANTINOPLE (Constantinopolis, Kovotavtevovπodes). La triple existence de cette ville célèbre répond exactement aux trois grandes divisions de l'histoire. Sous le nom de Byzance (voy.), son origine remonte aux temps héroïques et elle joue un rôle en évidence parmi les cités grecques pendant l'antiquité proprement dite; elle domine ensuite tout le moyen-âge sous le nom de Cons-cond fondateur de Byzance. De nouveau tantinople; puis, au pouvoir des Turcs sous le nom de Stamboul ou Islambol,

indépendante, elle fut assiégée par Philippe, roi de Macédoine; quant à son fils

Alexandre, la mort prématurée qui arrêta son étonnante carrière a refusé à l'histoire les combinaisons définitives qui auraient suivi la conquête de l'Asie dans les plans de ce conquérant fameux. La république de Byzance conserva donc, du temps de ce prince, toute son indépendance, et elle la maintint avec bonheur jusqu'à la fin du second siècle de notre ère. Son gouvernement était une démocratie tempérée; ses premiers magistrats avaient le titre d'hiéromnémons. Ses principaux adversaires furent les Galates, les rois de Syrie et la ville de Chalcédoine. Quand arrivèrent les Romains, elle ne fut plus en état de résister à une telle puissance; mais sa politique habile, par une soumission opportune, obtint le droit de continuer à se régir elle-même. Pline l'appelle une ville libre (liberæ conditionis), et de son temps toute la sujétion qui était imposée aux Byzantins consistait à envoyer chaque année un député, porteur d'un décret public, pour saluer l'empereur. Byzance porte sur des monnaies de Jules-César le titre de métropole; elle était dès lors une des villes considérables de l'empire.

L'apôtre saint André y porta la lumière de l'Évangile et il passe pour le fondateur de son église.

A la fin du second siècle, les guerres des compétiteurs à l'empire amenèrent la ruine de Byzance. Pescennius Niger, proclamé empereur par les légions de Syrie, après la mort de Didius Julianus, occupa Byzance et y mit une garnison considérable, pour fermer l'Asie à son rival Septime-Sévère; mais celui-ci, ayant eu le dessus, prit la ville d'assaut et la détruisit presque entièrement en 198. Il lui ôta tous ses priviléges, démantela ses fortifications, renversa tous ses superbes édifices et n'en fit qu'un malheureux bourg dépendant de Périnthe, autrement Héraclée. Il ne tarda pas à se repentir de s'être ainsi privé de la place qui s'opposait le mieux aux incursions des Barbares du Pont et de l'Asie, et il la restaura; mais elle fut encore ravagée par Gallien, prise et reprise par ses successeurs. Licinius enfin s'y étant réfugié y fut assiégé par Constantin et par Crispus: le premier attaqua par terre, le second par mer. La

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ville fut prise et Licinius se sauva à Chalcédoine. Ce succès, qui fut le signal de l'autorité suprême de Constantin, entra sans doute dans les motifs qui lui firent choisir cette ville pour y transporter le siége de l'empire; ce ne fut cependant que plus tard qu'il exécuta cette grande résolution.

Les historiens varient sur ses motifs. Un songe et d'autres signes extraordinaires ne sont peut-être allégués que pour donner un caractère surnaturel aux origines de l'empire d'Orient; mais il est naturel de penser que Constantin,devenu antipathique aux habitans de Rome à cause de sa prédilection pour le culte chrétien, voulut fixer ailleurs son séjour, et que la connaissance personnelle qu'il eut de l'admirable position de Byzance, en l'assiégeant, le décida pour cette ville. On prétend cependant qu'il hésita quelque temps entre elle et Troie. Quoi qu'il en soit, dès qu'il eut arrêté son choix sur Byzance, les immenses ressources que possédait alors un chef suprème de l'empire romain furent appliquées à élever, comme par enchantement, cette seconde Rome. Ce nom, que porta en effet, comme titre d'honneur, la capitale de l'empire d'Orient, résume clairement les intentions de Constantin à cet égard. Il le lui donna par une ordonnance spéciale; mais il ne se borna pas là, et il voulut reproduire dans cette nouvelle Rome (via Póun) tous les principaux caractères de l'ancienne, monumens et institutions. Un second sénat y siégea près d'un second Capitole, et l'un des deux consuls dut y avoir son séjour; enfin on se prêta à y trouver également sept collines, pour qu'elle n'eût pas même à envier à Rome cette épithète de septicollis, qui résonnait harmonieusement aux oreilles des Romains et se liait au souvenir de leurs origines. La fondation de la nouvelle cité paraît avoir commencé l'an 328. Elle fut dédiée à la sainte Vierge et appelée Constantinople, le 11 mai 330 de J.-C., de Rome 1083, et du monde 5838, d'après la manière de compter des Grecs byzantins.

Constantinople était divisée en 14 quartiers ou régions, la première région, où se trouvait l'Acropole, étant placée à la pointe qui forme le sommet du triangle

(aujourd'hui Pointe du Sérail) et les autres suivant par-derrière dans un ordre assez régulier, en sorte que les trois régions qui longeaient les fortifications de l'ouest, du côté de la terre, portaient les numéros XI, XII et XIV. Le XIII était de l'autre côté du port,en face du Ier; c'est où se trouve aujourd'hui Galata. Le mur de l'ouest, représentant la base du trian gle rempli par la ville, avait été placé par Constantin beaucoup au-delà de l'ancien mur de Byzance. Mais les priviléges accordés à la nouvelle capitale y attirèrent bientôt une population, tant domiciliée que flottante, dont le nombre dépassa même les prévisions du fondateur. Théodose fit donc élever une nouvelle muraille au-delà de la première; elle fut détruite par un tremblement de terre en 751, et l'empereur Léon l'Isaurien, alors régnant, la fit reconstruire en la portant encore plus loin: ainsi à la fin du vIIIe siècle elle couvrait une ligne d'environ 2 lieues. La longueur de chacune des deux autres murailles, sur la Propontide et sur le port, étant à peu près la même, les fortifications de Constantinople présentaient une enceinte d'environ 6 lieues de tour. Outre cela, l'empereur Héraclius avait, dès le commencement du viie siècle, enserré le faubourg des Blaquernes dans une autre muraille, et au siècle précédent l'empereur Anastase avait fait construire le long mur extérieur, de 20 pieds d'épaisseur, qui, s'étendant du Pont-Euxin à la Propontide, enserrait toutes les maisons de plaisance des environs, pour les garantir contre les fréquentes irruptions des Barbares. Indépendamment de la citadelle proprement dite ou Acropole, à la pointe orientale, il s'éleva successivement 5 autres citadelles. Les portes de la ville étaient au nombre de 43, dont 12 sur le port, 13 sur la Propontide et 18 à l'ouest. Il y avait 17 places publiques, 3 aqueducs, 4 grands réservoirs ou nymphæa, 24 bains publics, 21 citernes, 1 hippodrome où Constantin avait réuni tous les chefs-d'œuvre de la sculpture, enlevés aux villes qui les possédaient, 2 théâtres, 1 amphithéâtre, 2 gymnases et 1 stade. Le grand palais avait des dépendances qui en faisaient toute une ville; il y avait 19

autres palais et une quantité d'édifices publics de tout genre, que les bornes de ce résumé ne nous permettent pas même d'énumérer succinctement. Constantin voulut mettre surtout au-dessus de toute comparaison, pour la grandeur et la magnificence, l'église de Sainte-Sophie, monument si justement célèbre. Les autres églises étaient au nombre de 361, dont 11 dédiées à Dieu, 49 à la sainte Vierge, 15 aux anges et archanges, 22 aux prophètes, 17 aux apôtres, 111 aux saints, martyrs et confesseurs, 33 aux vierges et martyres, et 103 portant différens autres noms. On comptait encore 47 couvens | dans les faubourgs.

Constantinople devenant ainsi, de tous points, la rivale de Rome, il s'éleva de grandes dissensions entre leurs deux églises. Elles occupèrent, en 451, le concile de Chalcédoine, qui érigea Constantinople en patriarcat; mais le patriarche était sacré par l'évêque d'Héraclée, comme ancien chef de cette église, au temps de Byzance. Le plus célèbre évêque de Constantinople est saint Jean Chrysostome, mort en 407. Le premier qui prit le titre de patriarche œcuménique fut Léon-le-Jeûneur, en 595 : cette prétention, fortement combattue par le pape Pélage, a été transmise néanmoins aux successeurs de Léon, jusqu'à ce jour.

Outre le schisme (voy.), l'église de Constantinople fut déchirée presque continuellement par un grand nombre d'hérésies, dont les querelles souvent sanglantes furent autant de calamités publiques. La plus longue et la plus funeste, par la protection que lui accordèrent plusieurs empereurs, fut celle des iconoclastes (voy.) ou briseurs d'images. Le zèle de ces furieux alla même jusqu'à faire brûler la bibliothèque de Constantinople par l'empereur Léon l'Isaurien, le plus fanatique des iconoclastes. Les Nestoriens, les partisans d'Eutychès, les Monothélites, les Trithéistes et autres hérésiarques alimentèrent pendant plus de dix siècles l'esprit subtil et remuant de cette église turbulente.

Une grande partie de la ville fut renversée par un tremblement de terre en 557, sous Justinien. Cet empereur releva, à cette occasion, avec encore plus

de magnificence, les églises qui avaient | fois, la gardèrent pour eux, en y faisant

été détruites. Du nombre fut Ste-Sophie, qui, dans son état actuel, remonte par conséquent à cette époque. Constantinople fut aussi ravagée plusieurs fois par de terribles incendies, et, sous le règne d'Héraclius, assiégée, sans résultat, par les Perses et les Avares; mais son plus grand fléau fut dans les soulèvemens populaires, presque toujours fomentés par des aspirans au trône impérial, et accompagnés de massacres. Le pouvoir sans bornes et sans contrôle des empereurs, dont la plupart ne devaient leur élévation qu'à des intrigues et à des cri mes, les liens les plus sacrés continuellement méconnus, l'usage atroce des mutilations, la fureur des dissensions religieuses, avaient répandu dans la population byzantine une corruption qui donne un caractère repoussant à la plus grande partie de son histoire, malgré sa civilisation raffinée (voy. empire ByZANTIN). On voit, en effet, un peuple énervé, n'ayant d'audace que pour des révoltes passagères, puis obéissant servilement à chaque nouveau maitre absolu qui s'imposait à lui. Ces vices font ressortir avantageusement la rudesse belliqueuse de l'Occident aux mêmes époques.

Cette opposition fut bien sensible lorsque les croisades amenèrent les chrétiens occidentaux en Orient. Les seconds croisés, conduits par Louis-le-Jeune, roi de France, et Henri II, rói d'Angleterre, indécis sur la route qu'ils de vaient prendre, cédèrent aux instances obséquieuses de l'empereur Manuel Comnène, qui les engageait à passer par Constantinople. Quand ils arrivèrent, il ne voulut pas les recevoir; mais, par des avis perfides, il les envoya à leur perte, en les livrant aux embuscades des Sarrazins, qu'il faisait prévenir. La continuation des croisades amena des relations continuelles entre la ville de Constantinople et les chrétiens d'Occident, qui la prirent même le 8 juillet 1203, après huit jours de siége, et y rétablirent Alexis l'Ange, dont le père Isaac avait été chassé par le peuple. Le 12 avril 1204 ils la prirent une seconde fois après trois jours de siége, et cette

reconnaitre empereur Baudoin, comte de Flandres, chef de l'armée croisée. Henri, son frère, Pierre de Courtenai, leur beau-frère, Robert et Baudoin de Courtenai, fils de celui-ci, possédèrent successivement comme empereurs la ville de Constantinople, de 1204 à 1261. Avant eux on ne voit de succession impériale un peu prolongée dans une même famille que dans celles de Constantin, d'Héraclius, de Basile-le-Macédonien et dans celle des Comnènes. Aucune règle de successibilité ne préside, pour les autres empereurs, au jeu sanglant de cette arène du pouvoir absolu.

Constantinople fut enlevée par surprise à Baudoin II, le 25 juillet 1261, par Michel Paléologue, empereur de Nicée. L'empire d'Orient ne sortit plus de cette famille, si l'on excepte les années de la demi - usurpation de Jean Cantacuzène. Mais, dans les derniers temps, l'empire, malgré les lueurs de puissance de quelques heureuses vicissitudes, ne consistait plus guère que dans la ville de Constantinople; et l'empereur Manuel Paléologue allait se la voir enlever par Bajazet, lorsque le terrible Tamerlan, en s'emparant de ce sulthan, prolongea quelque temps encore l'existence chrétienne et les traditions romaines de la ville impériale.

Enfin sous le règne de Constantin Paléologue, surnommé Dragosès, second fils de Manuel, elle fut assiégée par Mahomet II, sulthan des Turcs. Le jour de la Trinité, l'empereur, sommé de rendre la ville réduite à la dernière extrémité, sans autre condition que la vie et la liberté pour lui, s'y refusa noblement. L'assaut général lui ayant été annoncé pour le surlendemain, il prépara, le jour suivant, une dernière et vigoureuse défense, communia solennellement dans l'église de Sainte-Sophie, de retour dans son palais, dit adieu à ses officiers, et s'étant mis le lendemain matin à la tête d'une troupe d'élite, à la porte de Carsie où devait être la principale attaque, après avoir combattu vaillamment et avoir vu tomber tout ce qui l'entourait, fut tué lui-même sur la brèche, le mardi 28 mai 1453, l'an du monde 6961, d'a

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