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ment relevés en bosse.

recueils. Plusieurs enfin font des collec- | le génie, le crime ou la vertu infaillibletions de chartes, de cartulaires, de diplômes, de généalogies, comme Dom Brial, de Saulages, de Courcelles et M. de Saint-Allais (voy. AUTOGRAPHES et GENEALOGISTES).

Les archéologues et les numismates se plaisent à former des collections de médailles en or et en argent, en grand, moyen et petit bronze (voy. BRONZE), en potin d'Égypte; des suites de rois, d'empereurs, de médailles consulaires, de monnaies obsidionales, etc. Plusieurs recueillent des médailles et des monnaies modernes, des jetons et tout ce qui constitue l'histoire métallique des poids, des plombs et des coins antiques. D'autres rassemblent des inscriptions, des lampes, des urnes, des lacrymatoires, des mosaïques, des pierres gravées, des divinités mythologiques, indiennes, égyptiennes, fétiches même; des papyrus, des anneaux, des bracelets et les restes si rares de l'antiquité. La fortune et le savoir d'un seul antiquaire ne peuvent tout embrasser; il faut choisir : Trahit sua quemque voluptas.

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Il en est de même pour les collections de tableaux les amateurs s'attachent à telle ou telle école, à certains maîtres ou à certains genres. Il en est encore ainsi des collecteurs d'estampes : les uns recueillent seulement des portraits (comme feu M. Marron et M. Debure); les autres ne recherchent que les pièces des anciens maitres; quelques-uns (comme l'abbé Soulavie) ne font entrer dans leurs portefeuilles que des caricatures.

Les collections d'histoire naturelle sont variées à Paris, on en trouve un vaste et magnifique ensemble au muséum du Jardin des Plantes. Une des plus remarquables est la galerie d'anatomie comparée, formée par le célèbre Cuvier : on y voit depuis le squelette du plus petit quadrupède jusqu'à celui de l'éléphant et du cétacé roi des mers polaires. On y remarque aussi, dans l'ordre successif et annuel de la vie humaine, 100 crânes, depuis celui du nouveau-né jusqu'à celui du centenaire. Les phrénologues font des collections de cranes, pour y chercher les organes matériels de l'esprit, les protubérances qui trahissent l'astuce ou

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Depuis que le célèbre Jussieu porta dans son chapeau le cèdre du Liban qui élève aujourd'hui son vaste ombrage sur le labyrinthe, près de la tombe de Daubenton; depuis que J.-J. Rousseau et le vertueux Malesherbes ont eux-mêmes recueilli des collections de plantes dont ils ont composé leurs herbiers, la botanique est devenue un goût, si ce n'est une passion innocente, pour ceux qui vont demander à la nature une distraction contre le désenchantement des illusions du monde. Il est des amateurs qui font des collections, soit de fossiles ou pétrifications, soit de toutes les graines des plantes, soit d'échantillons de tous les bois qui croissent dans les cinq parties du monde.

Mais parmi les collections qui se rapportent à l'histoire naturelle, il en est qui paraissent plus curieuses qu'utiles: de ce nombre nous a paru être celle de tous les œufs d'oiseaux, formée de plusieurs milliers d'individus, et qu'on voyait jadis, avec plusieurs centaines de nids divers, au Jardin des Plantes, dans le cabinet de Duchesne, aide-naturaliste. Ce sont aussi de grandes et belles collections que les archives de France, conservées à l'hôtel Soubise, sous la garde et la direction du savant M. Daunou; le riche dépôt des affaires étrangères; les machines de l'industrie, qu'on voit réunies au Conservatoire des Arts et Métiers (voy.); le grand musée du Louvre, formé de la réunion de tant d'autres musées; les plans en relief de nos places-for→ tes, rassemblés dans les combles de l'hôtel des Invalides; le musée d'artillerie, d'armes et d'armures, place Saint-Thomas d'Aquin; les dépôts des travaux topographiques, des cartes et plans de la guerre et de la marine; le nouveau musée d'anatomie, fondé par M. Dupuytren, près de l'École de Médecine; le recueil de compositions musicales et d'instrumens, au Conservatoire de Musique |( voy.); le musée de l'hôtel Cluny (voy.), où un savant et riche citoyen fait en quelque sorte revivre le moyen-âge par l'intéressante réunion de tout ce qui peut faire connaître, à défaut de l'histoire, les

usages, les ameublemens, le luxe, les arts et les costumes de tant de siècles évanouis.

L'abbé Roubaud, dans ses Synonymes, ⚫a établi une distinction entre les mots collection et recueil: « Vous faites, ditil, une collection de tout ce qui se présente sur un sujet... Le recueil doit être choisi, une collection doit être complète (autant du moins qu'il est possible de la faire telle). Il faut du goût, des lumières, de la critique, pour faire un bon recueil; il faut du savoir, de la patience, des bibliothèques, pour faire de belles collections. » Roubaud ne parle ici que des collections d'ouvrages, telles que celle du Trésor des Antiquités de Grævius, en 31 vol. in-fol.; celles des auteurs grecs et latins, des Classiques de Lemaire, de la bibliothèque latine-française de Panckoucke; celles des moralistes, des pères de l'Église, des conciles, des bulles pontificales, des procès-verbaux et des mémoires du clergé; des ordonnances des rois de France; des historiens d'une nation, par exemple, du corps de l'histoire byzantine, de la grande collection de Dom Bouquet; de celles des mémoires historiques concernant la France ou l'Angle- | terre; des recueils de causes célèbres; des collections de classiques anciens, dites variorum ou ad usum Delphini ou bipontines; de celles des classiques français, publiées par Didot, Treuttel et Würtz, Debure, etc.; des collections de mémoires académiques, de pièces de théâtre, de romans, d'ana, etc., etc. Les chansonniers (voy.), les cançoniere, les romanceros sont des collections de chansons et de romances faites en France, en Italie, en Espagne. On peut aussi considérer les encyclopédies comme des collections, devenues indispensables, de tout ce qui entre daus le domaine de l'esprit humain, de omni scibili (voy. ENCYCLOPÉDIE).

On montre dans certains cabinets du blé et du pain trouvés au milieu des ruines de Pompéi, des briques des murailles de Babylone, le casque d'Attila, avec le même respect et peut-être avec la même authenticité que l'on exhibe ailleurs des tableaux peints par saint Luc, et l'évangile de saint Marc, écrit de sa main, qu'on croit conserver à Venise.

On fait des collections de toutes choses: collections de laques, de porcelaines, de faiences du célèbre potier Bernard de Palissy, d'émaux, de vitraux peints, de camées, de bijoux, etc. Un des derniers gardes du muséum d'histoire naturelle, Lucas, fils naturel de Buffon, s'était composé une riche collection de fusils; le dernier duc de Richelieu avait rassemblé les plus belles pipes de l'Orient, et sa collection en ce genre était aussi somptueuse que singulière. Il y a aussi des collections de sceaux antiques et de cachets modernes.

Il est des amateurs qui réunissent plusieurs goûts, forment plusieurs collections, et finissent par se trouver plus riches en valeurs mortes qu'en argent. Tout faiseur de collections cherche sans cesse et amasse comme s'il devait vivre toujours; il jouit, dans sa courte existence, de ce qu'il possède, de ce qu'il montre avec orgueil; il envie ce qu'il n'a pu se procurer et souffre de ne pas l'avoir. Ainsi sont troublées toutes les jouissances de ce monde ! Il meurt enfin, et son cabinet est vendu aux enchères. Les objets qui le composent, qu'il a mis un demi-siècle à rassembler, sont dispersés dans quelques vacations, et cette collection détruite va grossir les richesses de cent autres collections. Il en est donc des objets de science et d'art comme de ce qui est dans la nature; tout change, rien ne périt, et comme l'a dit Lucrèce : Materies opus est ut postera sæcula crescant. Voy. BIBLIOTHÈQUE, CATALOGUE, ArCHIVES, MANUscrits, Antiques, Ta¬ BLEAUX, MEDAILLES, HISTOIRE NATUrelle, HerbiER, MUSÉE, etc. V-VE.

ser

COLLEGE (collegium), de colligere, assembler, réunir, mot dont se vaient déjà les Romains pour désigner une compagnie, une corporation, comme la compagnie des augures, des pontifes, des féciaux, des capitolins, et les corporations d'artisans (collegium fabrorum, pistorum, mercatorum, etc.). Dans l'Eglise, outre le sacré college dont il va être question, il y avait autrefois des colléges de chanoines (voy. COLLEGIALE) et de chapelains. Dans divers pays on avait formé des colleges d'amirauté

et autres, et même les différentes bran- | leur attribuait la moitié des revenus du ches d'administration formaient autant de colléges (voy.système COLLEGIAL). En France il y avait jadis le collége des secrétaires du roi, le collége des avocats, etc., comme il y a aujourd'hui les colléges électoraux (voy. ÉLECTIONS). Au temps du Saint-Empire, il y avait en Allemagne le collége des électeurs (voy. ÉLECTEURS), celui des princes et celui des villes libres ou impériales. Le même mot était usité en Angleterre pour certaines corporations religieuses ou politiques. J. H. S.

COLLÉGE (SACRÉ-). On désigne ainsi le collége ou le corps des cardinaux de l'église catholique, et cette désignation remonte au moyen-âge, quoique les cardinaux n'aient pas toujours formé un corps ou un collége. Le titre de cardinal (voy.) se donnait en effet, à partir du VIe siècle et dans divers pays, aux principaux curés des chefs-lieux de diocèse, et il n'est devenu que plus tard la désignation spéciale des curés de Rome, des principaux diacres et des évêques suffragans du diocèse de cette ville. On ignore l'époque précise à laquelle ces cardinauxévêques, cardinaux - prêtres et cardinauxdiacres ont commencé à former le sacré college; mais on comprend aisément qu'à partir de la chute de l'empire d'Occident ils aient exercé à Rome une action prépondérante et commune durant les vacances du Saint-Siége et les élections qui les terminaient. L'an 1059, le pape Nicolas II leur conféra le droit de diriger ou de faire l'élection pontificale.

Les progrès de la souveraineté spirituelle et temporelle, les circonstances difficiles où elle s'est trouvée, les services que les cardinaux lui ont rendus, ont dû sans cesse ajouter aux attribu tions anciennes de leur corps des attributions nouvelles. Le sacré collége a surtout grandi et sa compétence s'est étendue pendant les querelles de l'empire et du sacerdoce, pendant le schisme d'Occident et les conciles qui ont précédé la réforme. Dans les actes de l'un de ces conciles, celui de Bâle, on voit à la fois la grandeur à laquelle l'opinion du xv siècle destinait les cardinaux et les services qu'elle en attendait. Ce concile

territoire pontifical, mais il réduisait leur nombre à 24, et il exigeait qu'après avoir fait preuve de capacité, de science et de piété, ils surveillassent assez religieusement leurs églises et les affaires générales de la chrétienté pour avoir le droit de rappeler au pape lui-même, s'il négligeait ses devoirs, le salut des peuples qui lui sont confiés. En même temps on désirait que les cardinaux fussent choisis dans toutes les nations, que peu d'entre eux fussent parens des papes ou des princes, et que tous eussent au moins l'âge de trente ans. Ces vœux eurent le sort des autres décisions du concile de Bale: ils furent peu suivis. Sixte V, dans une bulle de 1586, fixa le nombre des cardinaux à 70; mais ce chiffre n'a, je crois, jamais été atteint et ne l'est pas non plus en ce moment. Loin de perdre quelque chose à la sobriété avec laquelle les souverains pontifes accordent la dignité du cardinalat, le sacré collége y gagne en considération comme en puissance. Il est aujourd'hui non-seulement le conseil du pape, mais encore partie intégrante du gouvernement de l'Église, et il exerce, dans l'administration des affaires générales ou particulières, une action d'autant plus grande qu'elle n'est entravée par aucune responsabilité directe. Par ses lumières, sa position, ses alliances, ses relations, le sacré collége est le principal appui du pontificat et l'indestructible foyer de la politique romaine. Quant à l'administration civile du territoire de Rome et au gouvernement général de l'Église, le sacré collége, dont les cardinaux résidant hors de l'Italie ne font partie que pour la forme, se partage les divers conseils ou congrégations, dont chacune a son président et son secrétaire, et auxquelles sont associés quelques prélats et quelques gens d'affaires d'un rang inférieur. Voici celles de ces commissions qui offrent un caractère particulièrement remarquable: la congrégation du pape, chargée des affaires qui sont assez délicates pour devoir être traitées en consistoire et en présence du souverain pontife; celle du dogme ou du saint office; celle de la propagation de la foi dite la propagande;

celle de l'interprétation du concile de Trente; celle de l'index des livres prohibés; celle des immunités; celle des différends qui s'élèvent entre les évêques et leurs diocésains; celle des examens, en théologie et en droit, que subissent les évêques d'Italie; celle des mœurs des évêques; celle de la résidence des évêques; celle des monastères; celle de la visite apostolique, que le pape fait faire,en sa qualité d'archevêque de Rome, dans les sept évêchés suffragans; celle des rites; celle des fabriques de Rome et de Saint-Pierre, etc., etc. Cette organisation explique parfaitement l'extrême lenteur et l'extrême maturité des décisions de la cour romaine. Grace au sacré collége, le gouvernement religieux et politique de Rome présente à peu près les avantages et les inconvéniens d'une monarchie qui partagerait le pouvoir avec une chambre permanente, mais fractionnée en bureaux d'administration. Aimon, Tableau de la cour de Rome; Almanach de la cour de Rome. M-R. COLLEGES (instr. publ.). Nous entendons par-là les établissemens publics dans lesquels on donne aux jeunes gens qui sont sortis des écoles primaires, ou qui ont appris ailleurs ce qu'on y enseigne, une instruction qui les prépare, soit à entrer ensuite dans les écoles spéciales, soit à poursuivre leurs études dans les universités, soit enfin à embrasser une profession ou à suivre une carrière qui suppose un développement intellectuel assez étendu et une instruction assez générale.

On ne connaissait rien de semblable dans l'antiquité : ce que nous savons des moyens qu'on avait alors d'acquérir des connaissances s'applique ou à des écoles élémentaires,ou à l'éducation domestique, ou à des leçons données par des rhéteurs, des sophistes ou des philosophes, à des hommes capables de les comprendre et en état de mettre en pratique leurs instructions. L'institution des colléges doit être attribuée à la nécessité de préparer des élèves pour les études de théologie: aussi quelques-uns de ceux qui existent aujourd'hui ont-ils eu pour origine des fondations pieuses et remontent moyen-àge.

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La France possède 359 établissemens qui portent le nom de colléges. Sur ce nombre il y a 39 colléges royaux * et 320 colléges communaux; de ces 359 colléges, 139 sont censés de plein exercice, savoir les 39 colléges royaux et 100 collégés communaux; mais sur ces derniers 20 seulement méritent ce titre, en sorte que de tous ces colléges, les seuls que nous puissions considérer comme tels, ce sont ces 59 établissemens où l'instruction secondaire est complète: les autres, au nombre de 300, sont des établissemens plus ou moins incomplets, et incapables de donner aux élèves une instruction secondaire suffisante. Deux cents de ces colléges communaux sont, suivant M. Cousin**, de mauvaises ou de médiocres pensions, tenues au compte du principal, qui n'ont pas plus de deux ou trois maitres, et Dieu sait quels maîtres! Si l'on compare, sous ce point de vue, l'état de la Prusse à celui de la France, on trouve que le premier de ces deux pays possède 110 bons gymnases (voy. ce mot), et que, pour être aussi riche, la France devrait compter 275 bons colléges de plein exercice. Le nombre actuel des colléges en France est, il est vrai, supérieur à celui-là, mais elle n'a à opposer aux 110 gymnases prussiens que 59 colléges de plein exercice. Il faut donc, suivant M. Cousin***, d'une part compléter un grand nombre de ces colléges en les établissant sur le même pied que les colléges royaux, et de l'autre transformer ceux qui resteront en écoles primaires supérieures.

Dans cet état de choses, notre tâche est d'indiquer ce que doivent être les colléges pour satisfaire aux besoins actuels de la société; et, pour cet effet, il faut, en premier lieu, déterminer les élémens sur lesquels ils doivent agir, et montrer, en second lieu, quelle influence ils doivent exercer sur ces élémens.

Les élémens sur lesquels il faut agir sont des élèves de 10 à 16 ans environ, qui ont reçu dans les écoles ou ailleurs l'instruc

(*) Ils paraissent avoir été portés à 40; voir l'addition faite à cet article.

S.

(**) Etat de l'instruction secondaire dans le royau me de Prusse, p. 55.

(***) Ibid., p. 60 et 55.

ceux d'âge différent, pour que le béné¬ fice des amitiés de collége ne soit pas affaibli par la tyrannie des plus grands sur les plus petits, ou détruit par des exemples peu propres à conserver l'innocence du jeune âge; que des considérations secondaires de discipline ou de surveillance, de disposition d'appartemens,n'en. gagent jamais à fermer les yeux sur des inconvéniens bien autrement graves; enfin, que les maîtres, les professeurs, les inspecteurs considèrent comme un devoir sacré pour eux de contribuer de toutes manières, par leurs instructions, par leurs entretiens et surtout par leur exemple, à faire naître, à entretenir et à développer chez leurs élèves des sentimens moraux élevés et délicats, et qu'ils mettent cette obligation bien au-dessus de celle qui leur est imposée de les instruire dans les arts, les lettres ou les sciences.

tion primaire, dont la position sociale dépendra en partie de leur développement intellectuel, et qui appartiennent en général à la classe moyenne de la société. Or, c'est dans cette classe, composée de négo- | cians, de fabricans, d'artistes, de médecins, de jurisconsultes, d'hommes qui cultivent par état ou par goût les sciences, les arts ou les lettres, etc., que repose la principale force morale de la société; c'est d'elle que dépend presque entière- | ment la prospérité nationale et l'avenir de la civilisation, et c'est dans les colléges et dans les établissemens analogues que se forment les hommes où elle se recrute. Si donc nous voulons assurer cette prospérité et cet avenir, il faut que les colléges forment des citoyens religieux, moraux, éclairés et instruits. L'enseignement religieux ne saurait être borné, comme il l'a été jusqu'à ce jour en France, à de simples exercices de piété et de dévotion, et à l'instruction jugée nécessaire pour être admis à la communion : l'état actuel de la société, le besoin universellement senti d'une croyance ferme et éclairée, font une obligation stricte de donner à l'enseignement religieux toute l'étendue et la solidité que comporte l'âge des élèves du collége. Ceux qui lisent Homère et Virgile, Démosthène et Cicéron, doivent être en état de lire, de comprendre et de sentir les leçons sublimes de l'Évangile*.

On a dit que la vie de collége, que ses revers et ses triomphes, les amitiés qui s'y contractent, les rapports des élèves entre eux, leurs frottemens, leur émulation, et, si l'on veut, leur rivalité, étaient une image de la vie réelle, et préparaient admirablement les jeunes gens à entrer dans le monde. Nous admettons volontiers cette manière de voir, et nous sommes prêts à reconnaître qu'à cet égard le collége rend de grands services à la société; mais cela suppose que ces rapports des enfans entre eux sont surveillés d'assez près pour que, en leur laissant toute leur franchise, toute leur liberté, ils ne donnent lieu à aucun abus ; que les élèves du même àge sont toujours assez bien groupés entre eux et séparés de

(*) Cousin, État de l'instruction secondaire, etc., p. 28 et 29.

Nous voulons aussi une jeunesse éclairée pour cet effet, il faut s'attacher de bonne heure à former le jugement des élèves, afin qu'ils apprécient les choses à leur juste valeur, qu'ils sachent reconnaître ce qui est bien et apercevoir ce qui est mal quelque part qu'il soit; qu'ils respectent les lois, les mœurs, les usages qui font honneur à leur patrie. Il faut qu'on leur fasse sentir la nécessité de l'ordre, de l'obéissance, du respect pour l'autorité, et que l'on s'efforce surtout de déraciner ce germe de présomption qui se développe si rapidement et si universellement dans les jeunes gens de nos jours. Tout cela ne peut ni ne doit s'ap| prendre entièrement dans les livres; ce n'est pas non plus l'œuvre d'un maître spécial : ce doit être l'œuvre de tous, ce doit être l'esprit des instructions familières que les maîtres ont tant d'occasions de donner à leurs élèves. C'est à cet heureux résultat que doivent tendre les applications fréquentes que fournissent les chefs-d'œuvre de la littérature ancienne et moderne, les leçons de l'histoire et celles de la nature.

L'instruction que reçoivent les élèves des colléges est destinée à les mettre à même de remplir les diverses charges, les diverses professions qui s'exercent dans la société : elle doit donc développer

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