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était Rolandiste. Celui-ci, qui heureusement n'a jamais cru me seconder dans mon objet particulier, mais seulement dans le pur motif du bien public, leur fait des sorties incroyables. Ils en ont peur comme de plusieurs autres sur lesquels ils comptaient le plus; ils sont à bas ; il suffit de faire attention à leur manière de se relever.

Le patriarche peut aller son train; le public ne prend plus de part aux calomnieuses lamentations de ces messieurs.

Les hommes qu'ils ont d'ailleurs à leur solde, pêchent tant par la manière, qu'ils commencent à fatiguer; ils sont réduits à eux-mêmes. La coterie qui a volé et fait tuer, s'agite seule. Quelques ambitieux ou jaloux souriraient peut-être à la démission du patriarche, dont la place, occupée par un autre, donnerait plus d'espoir à l'admission de certains comptes au conseil. Danton n'en serait pas fâché, etc., etc.; les masques tombent. Bonjour. Le mercredi.

J'ai encore un regret de ne pouvoir aller vous souhaiter le bonjour ce matin. Je vais causer un instant avec Grouvelle, dans votre quartier; mais, à partir de demain, j'aurai mes coudées franches; le reste ne sera plus qu'amusement pour moi. La chose publique va de mieux en mieux. Je suis satisfait; quant à quelques crieurs, il y en aura, tant qu'il y aura des ambitieux, des jaloux et des fripons sur la terre.

Copie d'un interrogatoire ou déclaration du citoyen Gonchon.

Du 24 avril 1793, l'an 2o de la République, une et indivisible,

Le citoyen Gonchon, mandé au comité de sûreté générale pour savoir de lui par quel moyen on avait cherché à le séduire, ainsi qu'il paraît par une correspondance trouvée dans les papiers de Roland, a dit que le nommé Gadolle, rue de l'Arcade, chez un marbrier, est celui qui lui a donné un billet de 50 liv. le jour d'une pétition faite par lui à la barre; que c'est le même Gadolle qui, souvent, a cherché à avoir des entrevues avec lui, et qui cherchait à lui suggérer des discours et des démarches; que, souvent, le même Gadolle lui a donné de l'argent lorsqu'il faisait

des démarches, mais que jamais il n'aurait accepté ni exécuté aucune commission, s'il n'eût pas cru que ses démarches auraient un effet salutaire au bien public, et a signé.

Signé, GONCHON,

Pour copie conforme. P. LALANDE, secrétaire.

Extrait d'une lettre adressée au citoyen Gadolle, commissaire à Ostende, adressée à Bruges, datée de Paris 8 février 1793.

Vous me demandez des nouvelles de Paris: je vais vous satisfaire, Paris est toujours calme comme il l'a été depuis l'ouverture de la Convention. Le ministre Roland qui souhaitait du trouble dans Paris, n'ayant pas pu y réussir, a fini par demander sa démission; et l'homme qui trois jours auparavant placardait de vouloir vivre et mourir à son poste, finit trois jours après par le quitter. Oh l'inconséquence des hommes ! quand on est de bonne foi dans une carrière politique, on est plus modestement pour le bien général, et on pense moins à soi qu'aux autres, etc., etc.

Je vous embrasse de tout mon cœur, et suis pour toujours vous confrère en liberté. Signé, Salvador.

Copie d'une lettre du citoyen Barbaroux à la citoyenne Roland.

Paris, le 19 octobre 1792, l'an 1*1 de la République.

Citoyenne, je ne puis encore cette fois accepter votre agréable invitation; j'ai donné, depuis huit jours, ma parole au citoyen Rabaud qui doit me faire dîner avec un des chefs des Belges : au premier jour je réparerai mes longs torts, en allant vous demander avec Rebecqui un dîner de famille.

Je transcris ici le passage d'une lettre qu'un homme de mérite m'écrit de Marseille.

Du 9 octobre.

« On avait été très-affecté ici de la démission du citoyen Roland. La raison qu'il donnait de sa nomination à la Convention

nationale, suffisante pour tout homme qu'on eût pu espérer de remplacer dignement dans le ministère, me paraissait faible pour celui qui y eût immanquablement laissé un vide. Le seul moyen de remplacer Roland était de lui donner Roland pour suc

cesseur. ›

La même lettre renferme un plan d'attaque contre Constantinople, pour obtenir la réparation de l'insulte de la Porte qui a refusé l'ambassadeur Sémonville; mais vous sentez bien que je ne vous le communiquerai pas, car Danton ne veut pas que vous soyez ministre.

Je vous présente mes hommages respectueux.
Signé, BARBAROUX.

Copie d'une autre lettre du citoyen Barbaroux à la citoyenne

Roland.

Paris, le 29 décembre 1792, l'an Ier de la République.

Permettez, citoyenne, que je vous recommande définitivement le courrier Aubert, qui n'ose plus se présenter devant vous, depuis qu'il a maladroitement transformé Rebecqui de liquoriste en marchand de vin de Bordeaux.

Vous saurez que M. Roland s'est fait voleur de bois dans les maisons des émigrés: c'est ce qu'on publie dans les cafés. Aubert, en Marseillais, souflette les discurs de bons mots. Il fut attaqué hier par quatre d'entre eux; on lui donna un violent coup de bâton, mais il mit les assaillans en fuite à grands coups d'une banquette ou sellette de décroteur.

Hier nous fùmes avec Buzot et Salles au club des Marseillais; bien nous en prit: trois députations de trois sections les travaillaient. Jamais Buzot n'a parlé avec plus d'éloquence; il tonnait, il attachait à lui tous les cœurs; son ame tout entière se peignait dans son discours, Buzot peut dire à présent: j'ai un bataillon d'amis.

Plusieurs estimables citoyens de Marseille m'ont recommandé un citoyen auquel vous pouvez rendre service. Pardonnez-moi 7

T. XXVIII.

de toujours vous solliciter, mais vos bontés m'y autorisent. Frison était courrier de Lyon à Marseille; dans un voyage, il a perdu ou il lui a été volé un pli renfermant des assignats; il a commis trois fautes: 1o il n'a pas compté les paquets lorsqu'ils lui ont été rẽmis à Valence; mais l'usage constant des courriers a toujours été de s'en rapporter à la bonne foi des commis des postes qui leur remettent le sac; 2° il a admis des voyageurs dans sa voiture; mais l'usage constant des courriers est d'en recevoir; 3° enfin il a abandonné un moment sa voiture pour se placer dans une chaise de poste qui suivait la malle; mais il était malade, et ne pouvait supporter le mouvement de la brouette. Sans doute il a commis de grandes fautes; mais, pendant quatorze années de service, voilà les premières; et son père depuis trente-sept ans sert avec zèle l'administration des postes. Ces fautes coûtent 3,000 liv. à l'administration; Frison consent à les payer: cette punition est assez forte, mais qu'on ne lui enlève pas sa place. Je vous garantis par le témoignage des meilleurs citoyens de Marseille, que Frison est un bon et honnête citoyen. Veuillez donc vous intéresser à sa cause : un mot de votre part peut tout àccommoder. Recevez, citoyenne estimable, mes hommages rèspectueux et fraternels. Signé, BARBAROUX.

Copie d'une lettre de Brissot à la citoyenne Roland.

Je souhaite bien le bon jour à madame Roland; je lui adresse le brave Goussier, à qui j'ai communiqué l'arrangement qu'elle faisait pour lui; c'est-à-dire une ou deux chambres, cinquante écus par mois, et la promesse d'une place quand l'occasion s'en présentera. Ce respectable savant en est très-content; mais surtout il tiendrait à avoir le logement, à cause de la nécessité de consulter M. Roland. Je rappelle à madame Roland qu'il aura besoin qu'on lui fasse, dès le premier jour, l'avance des premiers cinquante écus. Mille amitiés.

Ce mardi. Signé, J.-P. BRISSOT.

Copie d'une autre lettre du citoyen Brissot, à la citoyenne
Roland.

Je souhaite bien le bon jour à la respectable madame Roland. Je n'ai pas cru devoir imprimer sa note, parce que ma réclamation, déjà imprimée, la rend inutile. Je ne puis avoir le plaisir de dîner avec les amis jeudi, parce que nous avons, ce jour-là, un dîner régulier, et où j'espère que l'ami Roland voudra bien venir. M. Clavière s'y rend, et, ou lui ou moi, nous prendrons M. Roland demain à quatre heures au plus tard. Je serai libre samedi, et aux ordres de madame Roland. Je lui envoie, pour son mari et pour Lanthenas, une liste de patriotes à placer; car il doit toujours avoir une pareille liste sous les yeux. Tout aux amis. Signé, J.-P. BRISSOT.

Copie d'une lettre d'un député à la Convention, sans signature, écrite à Roland.

Hier, il était mention de vous à la tribune de la Convention na tionale; les orateurs se montrèrent peu philosophes, moins encore républicains.

Il fut dit à la tribune qu'on ne pouvait, sans offenser la majesté du peuple, sans anéantir, ou tout au moins sans affaiblir la loi de la responsabilité, inviter un ministre utile à garder ses fonctions. On appuya ce raisonnement futile par des traits dérobés à l'histoire.

Un citoyen sapa la première partie de ce discours par des faits que l'histoire nous a transmis. Il représenta, avec une é'oquence douce et vraiment philosophique, que la république française pouvait, sans inquiétude, imiter les peuples d'Athènes et de Rome dans les jours de leur gloire.

Le même citoyen prouva que la Convention, rappelant l'homme de bien à son poste, ne portait aucune atteinte à la responsabilité du ministre ; mais, par les ressorts secrets d'une éloquence perfide, on obtint l'ordre du jour sur ces deux questions. Qu'elle est

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