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2° Qu'il soit fait une réserve de places affectées aux frères des départemens, par l'intermédiaire de leurs députés.

3° Une petite réserve pour les étrangers, etc.

Je ne vois aucun inconvénient à ce règlement, et je vois qu'il en résultera un motif de calme et de grande justice: au moins sera-t-on débarrassé de cette gale politique qui tourmente tout ce qui l'approche.

Cela fait, les agitateurs perdront l'espoir d'influencer dans la salle; leurs adhérens députés seront plus modestes; l'hiver écartera les groupes extérieurs ; et tout se fera paisiblement. Marat, Robespierre, etc., sont perdus dans les bons esprits : Danton sera assez fin pour les abandonner; semblable à la taupe, il a employé des voies couvertes: mais le temps le jettera au grand jour, le nez couvert de boue. Quels patriotes, grand Dieu!

La force armée aura lieu : elle est nécessaire à Paris où sont déposés les objets les plus précieux de la République; elle a donc le droit, et il est de sa prudence comme de son devoir d'y surveiller. Il suffira de ne pas paraître vouloir cette force à titre de garde spéciale de la Convention, mais à titre de garde conservatrice des individus et des choses appartenant à la masse de la République. Le garde-meuble a été vole, malgré la prétendue vigilance de nos clabaudeurs : ce fait les tue quand je le leur oppose. J'espère être bientôt débarrassé de mon fastidieux rôle : il me répugne et me brouille avec les hommes. Oh les sots, les méchans! Ici c'est un ignorant entêté, là un cauteleux renard, ailleurs une tête boursoufflée d'une savante ignorance, et ce dernier est un ex-moine ou prêtre; l'autre, plein de bonne foi et d'érudition, veut un ordre de choses que la théorie approuverait, mais que la pratique démentirait; c'est un peintre qui crée des tableaux sans consulter la nature. Je vous assure, loyale concitoyenne, que le désir de seconder votre zèle, et de calmer les inquiétudes d'une ame aussi droite que la vôtre, me soutient seul dans ce moment-ci. Je verrais ma patrie d'un mauvais œil, si quelques êtres rares qu'elle possède ne venaient tempérer mon indignation, Quand je vous aurai apporté le rameau d'olivier, je

vous prierai, si faire se peut, de me faire procurer une mission

pour aller traiter de nos intérêts chez l'étranger. Je parle des langues; vingt années d'instruction publique m'ont fait des amis zélés dans différens pays, surtout en Angleterre et en Espagne. J'ai l'habitude de voir les choses en masse comme en détail; je connais assez les fils qui meuvent la poupée humaine; je suis père de cinq enfans survivant à plusieurs autres, que mon excellente femme à nourris: voilà mes titres, et je défie à votre cœur, ainsi qu'à celui du patriarche, de ne pas me seconder. Après quelques années de service public, je me proposé de me reposer à l'écart des humains, et de trouver mes dernières délices dans l'étude de la simple nature.

Copie de la lettre écrite à la citoyenne Roland, par Gadol.

Du 19 octobre 1792.

Je vis hier l'homme à la pétition; il tient à quelques tournures oratoires dont l'idée principale n'exprime rien. Nous devons nous rendre à dîner chez moi aujourd'hui, mon motif tend à obtenir de lui la suppression de mots, pour y substituer des choses analogues à la circonstance, que je connais parfaitement.

Le patriarche a tué ses ennemis par la loyauté de ses comptes, et Danton resté suspendu dans un doute décourageant pour ses amis; cet état de choses concentre la rage de ses aboyeurs ; mais cette rage ne cherche pas moins à se faire jour à la faveur d'une agitation quelconqué, en se gardant bien, pour le moment, de laisser entrevoir la moindre nuance de partialité contre le patriarche. On s'occupe actuellement à épier ses fautes d'administration. On semble désespérer de le trouver en défaut du côté de la partie morale; mais on dirait qu'ils sont les maîtres de faire tomber ce Nestor dans des piéges, et il peut aisément les déjouer en mettant à la tête de tous ses bureaux, celui de ses chefs qui réunit à une philosophie soignée, une expérience réelle de l'homme dans ses rapports civils, et qui lui présente journellement le tableau fidèle de la partie du mécanisme social dont il est chargé,

afin qu'il puisse d'une main sûre en régler les mouvemens. Il est en trop belle situation pour qu'il ait besoin d'écrire dans ce moment-ci : son compte a fortifié les rayons de sa probité. Je vois disparaître les nuages: laissons faire le temps; il ne lui reste qu'à bien tenir tous les fils de son administration, et à en régler l'exactitude d'après la pureté de son cœur.

Le seul cas pressant serait que mon pays fût éclairé dans la langue allemande sur l'importance de la révolution, par une feuille hebdomadaire; les pauvres villageois depuis Thionville jusqu'à Landau, sont froissés entre le fanatisme et l'aristocratie actuellement déguisée; ils marchent à travers d'anxieuses ténèbres : il est de la justice de les éclairer, et il est de leur droit de s'y attendre. Je suis sans cesse tourmenté par mes pauvres compatriotes pour avoir des renseignemens; cela me coûte, me tourmente, et ne produit malheureusement qu'un effet local: c'est là où des traductions fidèles doivent porter l'évangile pur du patriarche.

J'ai parcouru la dévotion réfractaire : elle est encore stupéfaite et triple ses verroux; il en est de même de l'aristocratie nobiliaire. Nous n'avons d'ennemis enragés que les vociferans des sections et des groupes, la morgue des bourgeois huppés, le tout avivé par le parti anarchiste, qui attend son salut d'un mouvement; mais ils en auront tous menti: ça ira; vite un bon mairé et une bonne municipalité! le beau temps pareil à celui d'hier me fatigue, à cause des groupes extérieurs. Il est si important d'intercepter les étincelles incendiaires au milieu d'un peuple crédule et tout-puissant qu'il faut se mettre en quatre pour y obvier.

Copie d'une lettre écrite à la citoyenne Roland, par Gadol.

18 octobre 1792.

Je suis si bien secondé par mes cinq collègues actuels dans la direction du vrai esprit public, que mes adversaires commencent à désespérer; les crieurs baissent le ton, et les rusés s'aper

çoivent du ridicule de leurs efforts. Voici ce que je fais comprendre à tous à l'amiable.

Votre patriotisme, d'une ardeur aveugle, vous égare au point que, par une injustice stupide, vous voudriez renverser la partie du ministère dénommée faction Brissotine: eh bien! il faut que vous vous persuadiez qu'il ne dépend d'aucun parti de renverser le ministère ni un ministre, surtout dans l'état actuel des choses.

La Convention nomme à la vérité les ministres, mais ce n'est qu'à titre de corps électoral ad hoc seulement; car si elle pouvait à la fois choisir et renvoyer les ministres, elle serait à la fois exécutrice et législatrice, puisque son pouvoir de renvoyer à son gré des ministres rendrait ces derniers tellement dépendans de sa volonté qu'ils n'agiraient que d'après elle; il n'y a donc que la gravité d'une faute qui puisse l'autoriser à décréter la suppression d'un ministre, et dans ce cas en nommer un autre.

Il serait encore plus absurde de croire et d'espérer que tel ou tel ministre puisse être congédié à la faveur d'un mouvement public occasionné par l'intrigue de quelques ambitieux, et soutenu par deux ou trois cents agitateurs adroitement disséminés ; car alors le vaisseau de l'état serait dans une mobilité perpétuelle, vu qu'il y aura toujours des intrigans et des ambitieux; en un mot, les ministres une fois nommés appartiennent à la nation, et aucun parti ne peut les destituer; il n'y a que leurs fautes qui puissent agir contre eux; sans cela, il existerait dans la République une autorité qui agirait sans son aveu, et cette autorité serait

monstrueuse.

Pourquoi Roland a-t-il fait la lettre d'un Anglais? parce qu'il l'a crue d'une utilité particulière à Paris; mais il a alarmé Paris sur les intentions pures des vrais patriotes qui se dévouaient à l'exercice des vengeances utiles; il a excité l'émigration et épouvanté l'immigration; il a au contraire éveillé l'attention des honnêtes habitans de Paris sur ce qui pouvait compromettre leur şûreté ; et pour ce qui est de l'immigration, cette supposition est piseuse; elle n'aura lieu que lorsqu'il y aura paix et harmonie

dans la République; au surplus, j'ignore s'il est l'auteur de cette lettre; mais, dans tous les cas, elle ferait honneur à sa sollicitude pour l'intérêt public; mais qu'a-t-on à reprocher à ceux qui ont suppléé au défaut des lois à l'époque du 2 septembre ? on a à leur reprocher d'avoir souillé une expédition si utile par des atrocités d'actions et de projets dont la connaissance fait horreur, à mesure qu'un jour insensible vient éclairer cette mémorable expédition; c'est le crime qui a voulu arriver à ses fins à la faveur d'une bonne action. Mais voyez où en sont les subsistances sous un ministre aussi mâchoire (excusez: c'est le mot de ces messieurs); n'a-t-il pas exposé Paris à mourir de faim par l'état actuel des farines? La réponse de cette question appartient à vos administrateurs citadins; et quand je le verrai seul chargé de cette besogne, je lui donnerai tort ou raison; je crois qu'il ne reçoit que des renseignemens à cet égard, mais qu'il n'agit pas. N'est-ce pas lui qui a conseillé la garde prétorienne? je n'en sais rien: il est philosophe, il voit dans le futur contingent, et je ne crois pas qu'il veuille jeter de pareilles pierres d'attente: au reste, il n'a pas de part ostensible à ce prétendu projet, et il serait ridicule de le lui attribuer. Non, disent d'autres : il vient de l'insidieux Buzot. Dites de l'errable, mais probe et éclairé Buzot. Ces gueux avaient le projet ou de réussir, ou de transporter la Convention hors Paris; ils ne sont pas gueux, mais assez prévoyans pour sentir que leur absence de Paris les isolerait, les priverait des lumières immenses dont cette ville les environne, des connaissances du moment, et qu'enfin nos frères les Jacobins, profitant à la fois et de ces lumières et de ce mouvement électrique d'une masse de citoyens, et enfin de tant d'autres circonstances avantageuses, deviendraient les dictateurs de la nation, etc., etc. Vous convenez que la faction Brissotine est savante eh bien! ne croyez pas qu'elle se compromette; cette faction, qui est la plus éclairée, fera le moins de sottises publiques et particulières. Buvons à la santé de la République, négligeons les personnes, guettons les actions nuisibles au bonheur général, et attendons notre bonheur de l'ordre prochain, et

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