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il est historiquement établi qu'ils furent agresseurs jusqu'au bout. Aux approches des assiégeans, leur comité de salut public fit une proclamation où la guerre était déclarée spontanément au nom de l'article 25 de l'acte constitutionnel, portant que quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. » — -Leur réponse aux sommations de Dubois Crancé et de Kellermann, était écrite et signée avant les premiers coups de canon dont ils se plaignent, et voici cette réponse :

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< Citoyens représentans du peuple, et vous, général, vos propositions sont encore plus atroces que votre conduite; nous vous attendons.... Vous n'arriverez à nous que sur un monceau de cadavres, ou la cause de la République et de la liberté triomphera. Le Journal de Lyon, n. CXXIX, d'où nous tirons cc document, ajoute cette réponse n'est pas attendue; l'heure n'est pas écoulée, et déjà une décharge est dirigée contre nous. › - Toujours est-il que cette décharge était fort inutile pour décider la réponse, puisqu'elle était rédigée avant que ce prétexte fût donné. D'ailleurs ce prétexte était faux. C'étaient les Lyonnais qui avaient tiré les premiers ainsi que l'affirme Kellermann dans la lettre qu'il adressa le lendemain à leurs autorités contre-révolutionnaires. Citoyens, leur écrit Kellermann, je vous ai fait faire hier, par l'officier-commandant l'avant-garde, sommation de vous décider dans une heure à obéir aux décrets de la Convention; vous ne m'avez pas répondu je veux bien croire que celui qui commandait un poste, en avant de la croix Rousse, auquel cette sommation a été remise, ne vous l'a pas fait parvenir. J'ai à me plaindre de ce que ce commandant, qui avait demandé trois heures pour répondre à la sommation, a fait lâchement tirer du canon à mitraille sur les troupes de la République pendant cet intervalle, et blessé quelques soldats de mon avant-poste. Ce procédé, qui n'a pas d'exemple, dans les usages de la guerre, etc. › (Journal cité, même numéro.)

Kellermann qui, comme le dit Jomini (Hist. des guerres de la

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Révolution, tome 4, page 185), temporisa systématiquement, pour empêcher une guerre qui répugnait à ses principes, doit être cru sur parole lorsqu'il affirme qu'il n'a pas été agresseur. Il n'en est pas de même des Lyonnais; car, à leurs résolutions prises d'en venir aux mains, s'ajoute la position où ils s'étaient mis en choisissant pour général le comte de Précy dont le seul intérêt était la guerre, et pour qui l'acte de compromettre Lyon en la commençant était d'une importance capitale.

- La guerre contre les rebelles vendéens fut plus heureuse en août que pendant les mois précédens. Trente-cinq mille royalistes furent mis en déroute, le 15 août, auprès de Luçon, par le général Tuncq. Au moment où il allait livrer bataille, il reçut du ministre de la guerre une lettre de destitution. Bourdon (de l'Oise) et Goupilleau, alors en mission auprès de Tuncq, lui ordonnèrent, par un arrêté, de continuer ses fonctions. C'étaient Ronssin et Rossignol qui avaientprovoqué la destitution de Tuncq; et malgré la victoire qu'il avait remportée, ils n'en persistèrent pas moins. Tuncq appartenait à ces états-majors condamnés dans l'opinion populaire par les trahisons multipliées de la plupart de leurs membres. Goupilleau et Bourdon le défendirent néanmoins. Ils luttèrent contre l'influence de Rossignol, et celui-ci, ayant voulu user trop largement, dans le pays, de sa qualité de général en chef, ils ne craignirent pas de le destituer. Lorsque la Convention reçut la lettre dans laquelle ils motivaient cette mesure (séance du 26 août), Tallien prit la parole en faveur de Rossignol. ‹ Je n'examinerai pas, dit-il, si Rossignol boit, s'il pillé, mais si vos commissaires ont eu le droit de le suspendre. Eh! que m'importe à moi quelques pillages particuliers? (Violens murmures. On demande qu'il soit rappelé à l'ordre.) Rossignol s'est toujours montré en héros. Le 28, Bour botte, arrivant de la Vendée, déclara qu'il était chargé par ses collègues Merlin, Michel, Choudien et Richard, de demander la réintégration de Rossignol. Il dit que le vrai motif de la destitution de ce général était sa volonté bien prononcée d'exécuter, dans le pays des rebelles, le plan de guerre adopté dernièrement

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par la Convention; qu'à cause de cela, et non point pour d'autres raisons, il était tombé dans la disgrace des Goupilleau qui veilJaient avant tout à leurs propriétés de Montaigu. La Convention rappela Bourdon (de l'Oise) et les deux Goupilleau, et réintégra Rossignol. Ce général parut aussitôt à la barre, au milieu des applaudissemens mon corps, s'écria-t-il, mon ame, tout est à la patrie. Robespierre présidait. Il félicita Rossignol • d'avoir marché dans le sentier étroit du patriotisme», et l'invita aux honneurs de la séance. Dans cette circonstance, ainsi que dans toutes celles où Robespierre prit le parti de Rossignol, ce qui lui arriva plusieurs fois, en septembre, aux Jacobins, il fit parler sa politique révolutionnaire, et non pas une estime réelle pour l'homme. Il savait bien ce que valait Rossignol; mais il considérait en lui un membre de cet état-major sorti du peuple qui se substituait, avec tant de peine, à l'étatmajor légué par la monarchie aux armées de la République. - Ces mêmes principes, auxquels il sacrifiait certainement son mépris pour Rossignol, avaient été insultés dans ce qu'ils avaient de plus noble et de plus saint à la séance du 25 août. Les matérialistes soufletèrent Robespierre sur le fauteuil de sa première présidence. Il était obligé de répondre à la pétition suivante, si les murmures unanimes de la Convention contre le blasphème qui fut proféré, ne l'en eussent dispensé.

Une députation d'instituteurs admise à la barre, présente une pétition pour que l'éducation nationale soit forcée et gratuite.

› Un des enfans qui accompagnent la députation, demande qu'au lieu de les prêcher au nom d'un soi-disant Dieu (la Convention manifeste son improbation par un mouvement d'indignation), on les instruise des principes de l'égalité, des droits de l'homme, et de la Constitution. »

DÉCLARATIONS

FAITES AVANT DE MOURIR

PAR L'EX-CONSTITUANT CHARRIER,

Général en chef des rebelles de la Lozère.

Lorsque Châteauneuf-Randon transmit à la Convention nationale les déclarations de Charrier, elle les renvoya, sans en permettre la lecture, au comité de salut public. Barrère les fit entrer, comme pièces de conviction, dans son rapport du 1er août sur la prise de Valenciennes. Il les lut dans l'assemblée, avec la lettre et les notes du portefeuille anglais. L'impression de tous ces documens fut ordonnée. Nous en avons vainement cherché l'édition originale; il n'en existe aucune trace, ni dans le Moniteur, ni dans les autres journaux. Les placards eux-mêmes de la Convention où se trouve la lettre anglaise ne renferment point les déclarations de Charrier. Enfin elles manquent dans deux exemplaires des rapports de Barrère que possède la Bibliothèque royale. Dans le rapport dont il s'agit, à l'endroit où Barrère lut les pièces, il est dit entre deux parenthèses voir à la suite, n. 1, n. 2, n. 3; or, ce rapport n'est suivi d'aucune pièce justificative; il est même terminé typographiquement de manière à nous convaincre que l'appendice annoncé par la parenthèse, n'y fut point annexé. A défaut de la pièce elle-même, nous donnons l'extrait que s'en était procuré, nous ne savons par quelle voie, l'auteur du Choix de rapports, opinions et discours (Lallement). Il est inséré dans le tome XIII de cette collection, p. 27.

Charrier, quelques heures seulement avant de mourir, et pressé par une lettre de sa femme, qui l'en suppliait au nom de ses enfans et de la patrie reconnaissante, découvrit le chiffre et le secret de sa correspondance; il déclara : « M. le duc de Bourbon devait venir commander » en chef dans les provinces méridionales, et amener avec lui assez >> d'officiers-généraux pour se mettre à la tête de chaque parti qui se » présenterait. J'ignore si aucun de ces principaux agens sont en >> France; mais je pense qu'il doit y en avoir quelqu'un. Au surplus il » m'avait dit qu'à l'époque de mon soulèvement le principal chef, ou un

» de ses premiers agens, devait arriver dans une ville française. » Il déclara encore « que le secrétaire du prince lui avait assuré qu'il avait été employé par ledit prince et autres émigrés deux cents millions pour faire déclarer par la France la guerre à l'Allemagne, et que sans cette déclaration la France n'aurait peut-être pas eu dix ennemis à combattre; qu'aucune puissance étrangère ne voulait l'attaquer; que lesdits princes avaient essayé en vain d'autres moyens pour engager cette guerre, et que ledit secrétaire était lors de cette déclaration de guerre à Paris, d'où il partit satisfait en apprenant le décret. »>

FIN DU VINGT-HUITIEME VOLUME.

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