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Copie d'une lettre écrite à Roland le 15 octobre, par la dame

Lafayette.

Je vous rends grâces, monsieur, du rayon d'espérance que vous faites luire dans mon cœur, si peu accoutumé depuis longtemps à ce sentiment: rien ne peut ajouter à la fidélité que je dois à ma parole et aux administrations qui s'y fient. L'excès de la douleur ne pouvant même me donner la pensée d'y manquer ; mais la lueur d'espoir que me donne votre lettre, rend ce devoir un peu plus supportable.

J'ose compter que vous ne m'oublierez pas, et je commence déjà à éprouver quelque chose du sentiment de reconnaissance que je vous ai promise, si vous obtenez que je sois délivrée et rendue à ce que j'aime, et à l'espérance de goûter quelque consolation en lui en offrant. Signé, NOAILLES LAFAYETTE.

Copie d'un avertissement ou projet donné à Roland: moyen d'abaltre le système de désorganisation et les ravages du comité de surveillance de la Commune.

Ce comité, tel qu'il avait été composé dans le moment de la révolution du 10, de certain nombre de membres du conseilgénéral, aurait suivi l'impulsion de la révolution, sans faire le mal, sans avilir la Commune.

Mais M. Panis, administrateur de la police, qui n'est qu'un instrument dévastateur, à ce qu'il paraît, trouvant que les commissaires de section composant ce comité de surveillance n'étaient point révolutionnaires dans sou sens, surprit au conseilgénéral un arrêté qui l'autorisait à s'adjoindre tel citoyen qu'il jugerait à propos, pour composer ce comité de surveillance. D'après cet arrêté, il renvoya tout le comité, mit le scellé sur les portes, s'adjoignit Marat, Duplain, Fréron, etc.

Et le lendemain commença l'expédition des prisons. Ce ne sont donc point les représentans des sections, ce ne sont point des membres du conseil-général qui commettent tous les

abus d'autorité, toutes les vexations qui avilissent la commune de Paris, jettent l'effroi dans l'ame des gens de bien, et les empêchent de se rallier.

Ce sont Marat, Duplain, Fréron et gens d'un caractère sanguinaire qui, en général, dans leur surveillance, ne font qu'exercer des vengeances particulières.

Le remède, pour le moment et en attendant une nouvelle organisation de la municipalité, est donc de détruire ce comité de surveillance; et le conseil-général et les sections verront avec plaisir qu'on ne le compose que des représentans de la Commune. C'est un palliatif au moins qui paraît très-instant, car Marat dit tout haut qu'il faut encore abattre quarante mille têtes pour assurer le succès de la révolution.

Mais encore vaudrait-il mieux former un comité de surveillance dans ce qui reste que de laisser une dictature effroyable entre les mains de Marat, etc.

A la vérité le nouveau comité pris dans le conseil-général peut exposer à quelques chances qui auraient leurs inconvéniens : il n'y a plus guère que du patriotisme et point de lumières, depuis que certain nombre ont obtenu des emplois du pouvoir exécutif, et qu'il est sorti vingt-quatre de ces membres pour aller dans les départemens où la plupart font des sottises.

Peut-être vaudrait-il mieux demander un nouveau commissaire de chaque section pour former ce comité.

Peut-être encore vaudrait-il mieux qu'il n'y en eût plus du tout dans la commune, et que celui de l'Assemblée nationale s'entendît avec les comités de sections, etc., du moins pour le moment.

Cela demande des réflexions, mais les lumières de monsieur le ministre de l'intérieur lui suggéreront ce qu'il conviendra.

Pendant cette nuit, j'ai communiqué à une douzaine de membres du conseil-général mes réflexions; ils m'ont paru effrayés de se voir sous le couteau des assassins; ils devaient cependant se trouver avec moi au comité de surveillance de l'Assemblée nationale, et ils n'y ont point paru.

J'ai vu tous les ressorts pendant douze jours que j'ai été membre du premier comité de surveillance, et je prie monsieur le ministre de l'intérieur de prendre en considération cette note. Signé F. CHEVALIER SAINT-DIZIER.

10 septembre.

Si M. Roland avait une idée à me donner, je pourrais faire prendre un arrêté en conséquence, et provoquer la même mesure dans toutes les sections.

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Député de la Gironde, et membre de la Commission des Douze,

A SES COMMETTANS,

ET A TOUS LES CITOYENS DE LA RÉPUBLIQUE.

Français, s'il est une pensée affligeante pour l'humanité, c'est celle qui représente chez une nation éclairée et juste, l'innocence opprimée par le crime, l'homme de bien frappé par le coupable au sein même du sanctuaire des lois!... Et, pourtant, voilà le tableau hideux dont notre malheureuse patrie étonne aujourd'hui le monde!

Oui, Français, vingt-neuf de nos mandataires ont été décrétés d'arrestation: non qu'on ait allégué aucun délit contre eux, mais parce qu'une faction l'a voulu; parce qu'elle l'a demandé au nom de la hache parricide levée sur la Convention nationale.

Ainsi, cette faction composée de tous les genres de corruption possible; c'est-à-dire de ces hommes qui, au 2 septembre, immolèrent dix mille victimes dont ils avaient eux-mêmes encombré les prisons à dessein; de ces hommes qui entravèrent par tous les moyens imaginables la marche de la Convention pour avoir quelques raisons plausibles de l'avilir; de ces hommes qui disposèrent tout pour la faire massacrer dans la nuit du 9 au 10 mars, et ne retinrent le coup que parce qu'ils virent qu'ils ne pouvaient le frapper avec sûreté; cette faction, dis-je, vient enfin d'accomplir ses horribles desseins........... La représentation du peuple français n'est plus, et ce n'est pas lui qui l'a dissoute, mais bien quelques brigands, sous le nom d'une section du peuple...... Le plus grand attentat national a donc été com

mis..... Français, vous devez à votre dignité outragée une vengeance éclatante..... Si vous différez, la République périt, et il ne nous restera qu'à disparaître d'une terre indigne de la liberté.

Mais lisez encore: c'est un extrait textuel d'une petite partie des pièces de la commission des Douze, dont j'étais dépositaire et que j'ai remises dans les mains des dignes administrateurs du Calvados. Je ne vous fais aucune réflexion sur leur contenu. Je me borne à vous observer seulement, que mes neuf collègues et moi ayant été décrétés d'arrestation sans être entendus, c'est à vous, Français, à juger et les conspirateurs qui vous poursuivent et nous-mêmes.

Nota. L'oppression sous laquelle gémissent les bons citoyens de Paris, me fait un devoir de supprimer les noms des dénonciateurs et des déposans; je n'en conserverai que les lettres initiales.

Assemblée de la mairie.

N° I. Lettre d'invitation des administrateurs de police de la Commune de Paris au comité dit révolutionnaire de la section de Quatre-Vingt-Douze, pour la formation de l'assemblée de la Cette pièce, en date du 14 mai, est signée Léchenard

mairie.

et Soulès.

II. Copie du registre des délibérations du comité révolutionnaire de la section du Temple. Cette pièce contient les rapports faits à ce comité par les membres qu'il a envoyés à l'assemblée de la mairie. Le 20 mai, le citoyen B..... a rendu compte de la séance du 19; ce compte est ainsi conçu :

A l'ouverture de la séance, on a proposé la censure des administrateurs qui ont perdu la confiance. Ensuite il a été proposé, comme mesure de salut public, de faire enlever, dans une nuit qui serait indiquée et à la même heure, trente-deux membres de la Convention, et tous les citoyens suspects (1) des sec-. tions; la liste en serait remise par les comités révolutionnaires;

(1) Homme suspect signifie à Paris tous ceux qui ne sont pas amis de l'anarchie.

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