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funeste, bon Dieu, l'éloquence des mots! comme elle outrage la République !

Un orateur enfin confirma l'ordre du jour, en observant que la démission du ministre de l'intérieur n'était qu'éventuelle, et qu'on ne pouvait délibérer sur cet objet, qu'alors qu'il aurait été décidé par la Convention, que la nomination du député qui remplace le citoyen Roland, est vicieuse et nulle.

Pendant ces longs débats, l'homme sage gardait le silence; car le moyen de démentir les décrets de l'intrigue? Pendant ces débats, dont un citoyen disait Voilà, pour le ministre de l'intérieur un moment remarquable! C'est le triomphe de sa gloire ou le trépas de sa renommée. La nation le regarde; la nation le jugera. Si Roland déserte son poste, que pensera la nation du ministre de l'intérieur? La nation dira que ses faibles moyens ont sans doute desservi la chose publique; car, si le ministre de l'intérieur avait, par ses talens et ses vertus, bien mérité de la patrie, nul doute qu'il pouvait mériter encore; et si le ministre pouvait, par ses vertus et ses talens, aider la fortune de la République, de quel droit, sans avoir attendu l'ordre de son général, le citoyen Roland est-il sorti de ses fonctions?

Voici quel était mon projet de décret : on ne voulut pas l'entendre.

Citoyen Roland, songe profondément à ta démission avant qu'elle arrive.

Sache que l'homme vraiment libre et capable de servir sa patrie, meurt tranquille au poste où la confiance publique l'a placé.

Je suis avec le plus fraternel attachement,.... député la à Convention nationale.

Paris, 30 octobre 1792, l'an Ier de la République française.

Copie d'une lettre écrite à Roland par Vitel, député, commissaire à Lyon.

Citoyen et ami, le parti Challier vient de triompher: les officiers municipaux nommés sont de leur choix; jugez ce que pourra

le malheureux Nivière au milieu des tempêtes qui s'apprêtent. Les Danton, Robespierre, etc., sont certains de faire mouvoir les Lyonnais dans le sens qu'ils voudront; ils n'éprouveront aucune résistance de la part du nouveau département, dont rien n'égale la faiblesse du côté des lumières et du courage; le district sera vraisemblablement composé comme le département. Enfin leurs vœux sont accomplis : ils sont maitres, à moins que les bons citoyens ne se réunissent pour s'opposer avec force aux maux affreux dont ils sont menacés. N'attendez aucun secours des négocians et des ci-devant nobles; ils sont si bêtes, qu'ils se laisseraient égorger les uns après les autres, plutôt que de se réunir et de donner de l'ouvrage et du pain aux ouvriers que la misère accable. Ils ne savent pas, les égoïstes qu'ils sont, que leurs propriétés et leurs personnes ne sont point en sûreté tant que l'ouvrier est affamé.

Au nom de la patrie et de l'humanité, daignez, je vous en conjure, venir promptement au secours des pauvres habitans de cette ville; plus ils travailleront, moins ils seront portés à nuire à la tranquillité publique.

Agréez les assurances de la plus intime fraternité.

Au citoyen Roland, ministre de l'intérieur, ce 19 novembre 1792, l'an premier de la République française.

Copie d'une lettre du citoyen Louvei.

Oui, au moment ou les prétendus commissaires des quarantehuit sections de Paris venaient de présenter leur pétition contre la force armée, et comme je sortais de la séance, j'ai entendu Santerre, qui sortait aussi, dire à haute voix à plusieurs personnes qui l'environnaient, à peu près ceci : Quoi! cela vous étonne! Quoi! vous vouliez que cette assemblée comprenne les vérités fortes qu'il y a dans cette petition! Mais pas du tout: vous voyez que ces députés ne sont pas à la hauteur de ‘a Révolution. Vous entendez bien ça arrive de cinquante lieues, de cent lieues, de deux cents lieues; cela ne comprend rien à ce que

vous dites. Oui, vous pouvez assurer que j'ai entendu cela, Signé: J. B. LOUVET.

Vendredi, l'an Ier de la République.

Copie d'une lettre du citoyen Pétion, à laquelle on ne doit attacher aucune importance.

Salut et amitié! J'ai remis hier une lettre anglaise que M. Clavière a lue, et qu'il a sans doute laissée sur le bureau de madame Roland je vous prie de vouloir bien la remettre au porteur. Signé PETION.

Copie d'une lettre écrite à M. Lacuée, président de l'Assemblée législative, et trouvée parmi les papiers de Roland; ladite lettre timbrée de Versailles.

Monsieur le président, C'est pour vous prévenir de ce qui se passe au sujet du prince royal. Les femmes qui l'entourent lui empoisonnent l'ame de principes inconstitutionnels; on lui dit à tout instant que tout ce qui compose l'Assemblée nationale sont tous des monstres et des factieux, et que toutes les personnes qui sont patriotes sont ennemies de son papa, de sa maman et de lui.

Voilà ce que la gouvernante, sous-gouvernante, première femme et femme ordinaire, ne cessent de lui dire à la journée. J'ai l'honneur de lui appartenir, et ils me croient comme eux aristocrate; et, pour y conserver sa place, il y faut jouer ce rôle-là. Nous ne pouvons faire un pas qu'il y ait cent espions après nous; sans cela, il y aurait long-temps que j'aurais été vous prévenir. L'on renvoie petit à petit tous les honnêtes gens qui se sont montrés citoyens.

Voilà la vérité du fait; si M. le président veut avoir la bonté de se faire informer du fait, le fils et une partie de la famille de la gouvernante sont émigrés; je puis vous jurer que le roi ne trempe pas dans ce complot, et qu'il ignore le mal que l'on fait à son fils; le prince est trop instruit pour son âge, mais mal instruit : il est grandement temps qu'il sorte de ce gouffre de vipères.

Je prends la liberté, monsieur le président, de vous annoncer cette vérité en vrai citoyen, et que je suis obligé d'étouffer mon civisme dans le fond de mon ame, ainsi que de vous dissimuler mon nom; il n'est que moi qui n'est pas libre; il me faut soutenir ma famille.

Sans signature.

Copie d'une lettre écrite à Roland par Montesquiou.

M. Gosse vient de me remettre, Monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Je venais de signer la convention pour l'évacuation des Suisses et pour la retraite de l'armée française. J'ai su, dès le principe de cette affaire, que mes princiétaient d'accord avec les vôtres; cela m'a confirmé dans l'opinion que j'avais.

pes

Je n'ai l'honneur de vous connaître que par votre conduite politique, et j'ai conçu la plus profonde estime pour vous; recevezen l'hommage, Monsieur; il est inséparable de celui d'un attachement inviolable. Le général des armées des Alpes.

Signé, MONTESQUIOU.

Au camp de Genève, le 22 octobre 1792, l'an 1er de la République française

Copie d'une lettre écrite par Roland à son épouse, et qui n'a été imprimée que parce que M. Roland l'a désiré, et qu'elle avait été mise dans les papiers publics.

Je t'envoie, mon amie, des choses que j'ai écrites au milieu du trouble et de l'agitation, mais dont je suis pénétré, et qu'il faut dire que ce n'est que par un grand caractère et beaucoup de force que nous résisterons. Si nous mollissons, tout est perdu. Si nous périssons, il faut que ce soit avec gloire, et que notre chute sauve la chose publique; ce qui n'arriverait pas, si je ne dévoilais pas l'état des choses, le danger où nous sommes.

L'on est parti ce matin sans que je l'aie su; c'est toi qui me l'as appris.

Je n'ai reçu de réponse ni de la section, ni de la municipalité. Je vais faire faire tes invitations. J'ignore si Bancal a parlé hier

au s.... j'ai seulement su qu'on y avait prêché et applaudi l'insurrection aux lois et le meurtre aux hommes.

Je dînerai ou chez madame Dod..... ou aux postes.

Je crois qu'il est nécessaire que tu viennes ce soir; en attendant, lis ce que je t'envoie; ensuite donne des ordres pour la voiture.

Il faut observer qu'une des causes du désordre dans Paris, est que le conseil de la Commune, qui n'a que le droit de conseil, s'est arrogé l'exécution qu'a exclusivement la municipalité, non encore la municipalité entière, qui a aussi son conseil, mais seulement le bureau, qui est comme la direction des corps administratifs, qui ont exclusivement l'exécution déterminée par les conseils.

Note particulière apposée par Roland après le procès-verbal.

Cette note, écrite à ma femme, qui était alors à Mousseau, sans date et sans signature, fut écrite vers le milieu de septembre, dans un temps de trouble et d'agitation, où l'Assemblée législative m'avait ordonné de lui rendre compte de l'état de Pariş; ce que je fis peu de jours après : elle ordonna l'impression de ce compte.

Copie d'une lettre écrite par Lerégnier à Roland.

J'ai parlé ce matin à Lanthenas d'une personne que je croyais plus convenable que Chaussard, pour la rédaction de la Sentinelle, et me disposais à vous faire passer son ouvrage, lorsque j'ai reçu cette lettre de Chaussard pour vous l'adresser.

Lavallée, auteur de ces voyages, a passé nombre d'années dans les cachots où ses parens l'ont plongé pour envahir sa fortune. Il en est sorti en 89; aussi cherit il la liberté.

Vous verrez qu'il sait en parler le langage; et, pour économiser votre temps, voyez l'article, Versailles et le portrait de Lafayette, servant de note à l'article Rancy. Je vous prie d'en causer avec Lanthenas, et de nous donner réponse, la Sentinelle ayant déjà été trop suspendue. Signé : LERÉGNIER.

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