Page images
PDF
EPUB

l'impression qu'ils ont étant au point D' qui les fait ainsi retourner, mais l'action de leur pesanteur qui continue en eux pendant qu'ils remontent; et le même n'arrive point quand la ligne BC n'est pas parallèle à l'horizon, ni quand le mobile est poussé d'A vers D par une autre force que sa seule pesanteur. Et son absurdité paroît encore mieux dans les trois pages suivantes, où, par le moyen de ce faux principe, il prétend démontrer la quantité des réflexions et des réfractions d'une façon que l'expérience contredit évi- • demment. Car, par son prétendu raisonnement, en supposant que la balle qui vient d'A vers B rencontre la superficie CBE qui lui ôte la moitié de son impression ou de sa vitesse, il dit que si on fait BE égal à CB, et qu'on prenne EI égal à la moitié de AC', la réfraction fera aller cette balle de B vers I. En sorte que, de quelque grandeur que soit l'angle d'incidence ABH, AC, qui est la tangente de son complément, sera toujours double de EI, qui est la tangente du complément de l'angle rompu GBI, d'où il suit que les proportions qui seront entre les sinus de ces deux angles ABH et GBI doivent être différentes, selon que l'angle d'incidence ABH est supposé plus grand ou plus petit, et qu'il ne peut être supposé

• Figure 5.

* Figure 6.

si grand,' que le mobile ne passe au-dessous de la superficie CBE. Au lieu que l'expérience montre évidemment que cet angle ABH peut être si grand, que le mobile ne passera point au-dessous de cette superficie CBE, mais se réfléchira de l'autre côté; et que lorsque le mobile passe au-dessous de cette superficie, il y a toujours même proportion entre les sinus de l'angle d'incidence et de l'angle rompu, encore que la grandeur de cet angle d'incidence, ABH, se change.

Ensuite de ces beaux raisonnements, cet auteur dit, dans la page 13, que j'ai manqué, en ce que, pour démontrer la réflexion, je ne me suis pas servi d'un raisonnement semblable au sien; comme si c'étoit une faute de n'avoir pas imité les fautes d'un autre. Et il montre n'avoir point de logique naturelle; car, encore qu'il n'eût pas failli, il infereroit mal de dire que j'ai failli, pourceque je ne me suis pas servi de son raisonnement, à cause qu'on peut souvent prouver une même chose en plusieurs façons. En second lieu, il dit que, dans ma Dioptrique, page 20, discours premier, je confonds la détermination du mouvement avec la vitesse, ce qui est très faux. Car six lignes auparavant je parle de la vitesse qui se rapporte à tout le mouvement, et là je ne parle que de la détermination de gauche à droite, qui distingue deux parties en ce mouvement. En troisième

lieu, il prétend, dans la page 14, reprendre ce que j'ai écrit de la réflexion qui se fait sur la superficie de l'eau, en disant que je me sers d'un raisonnement qui est différent de certaines conjectures impertinentes qu'il met là. Et dans la page 15, il met seulement ces mots : Enfin, M. Descartes, pages 24 et 25, etc., où par son etc. il semble vouloir faire entendre qu'il a encore beaucoup d'autres choses à reprendre en mes écrits; en quoi je ne sais si je dois plus admirer, ou son ingratitude, d'avoir tâché de me reprendre, bien qu'il n'y ait rien de passable dans tout son écrit qu'il n'ait eu de moi; ou sa stupidité, d'avoir commis de si lourdes fautes contre le raisonnement et le sens commun; ou, enfin, son arrogance ridicule, de prétendre qu'un autre a failli pour cela seul qu'il n'a pas suivi ses imaginations, comme si rien ne pouvoit être bien s'il n'est conforme à ses fantaisies mais ce que j'admire le plus, c'est que, par telles impertinences et vanteries, il est parvenu à quelque réputation, et qu'il se trouve des hommes qui lui donnent de l'esprit pour apprendre de lui des choses fausses.

:

ANNÉE 1648.

A MADAME LA PRINCESSE PALATINE.

MADAME,

(Lettre 25 du tome I.)

J'ai reçu les lettres de votre altesse, du 23 décembre, presque aussitôt que les précédentes, et j'avoue que je suis en peine touchant ce que je

[ocr errors]

La 25 lettre du Ier vol., page 78, est de M. Descartes à la princesse Élizabeth Palatine, elle est sûrement de l'année 1648, puisque M. Descartes, page 79 de cette lettre, dit à la princesse qu'il n'attend de long-temps des lettres de la reine de Suède, parceque la lettre qu'il lui avoit écrit le 20 novembre 1647 étoit demeurée plus d'un mois à Amsterdam. En second lieu, page 79 de cette lettre, il envoie à la princesse un livret qui n'a été écrit que sur la fin de 1647 à Gand, et imprimé en 1648, au commencement. Enfin il répond à des lettres de la princesse du 23 décembre, qu'il n'a pu recevoir qu'à la mi-janvier de 1648; mais ce qui me persuade que cette lettre n'a été écrite que vers le I février, est que M. Descartes, page 79 de cette lettre, dit à la princesse qu'il a reçu depuis sa lettre envoyée de Suède des lettres de ce pays-là qui marquent que la sienne est attendue; et la lettre dont il parle a été écrite par M. Chanut le 18 janvier 1648, donc celle-ci n'a pu être écrite avant le 1er février 1648. »

er

dois répondre à ces précédentes, à cause que votre altesse y témoigne vouloir que j'écrive le traité de l'érudition, dont j'ai eu autrefois l'honneur de lui parler; et il n'y a rien que je souhaite avec plus de zèle que d'obéir à vos commandements, mais je dirai ici les raisons qui sont cause que j'avois laissé le dessein de ce traité, et si elles ne satisfont pas votre altesse, je ne manquerai pas de le reprendre. La première est que je n'y saurais mettre toutes les vérités qui y devroient être sans animer trop contre moi les gens de l'école, et que je ne me trouve point en telle condition que je puisse entièrement mépriser leur haine. La seconde est que j'ai déjà touché quelque chose de ce que j'avois envie d'y mettre, dans une préface qui est audevant de la traduction françoise de mes Principes, laquelle je pense que votre altesse a maintenant reçue. La troisième est que j'ai maintenant un autre écrit entre les mains, que j'espère pouvoir être plus agréable à votre altesse, c'est la description des fonctions de l'animal et de l'homme; car ce que j'en avois brouillé il y a douze ou treize ans, qui a été vu par votre altesse, étant venu entre les mains de plusieurs qui l'ont mal transcrit, j'ai cru être obligé de le mettre plus au net, c'està-dire de le refaire, et même je me suis aventuré (mais depuis huit ou dix jours seulement) d'y vouloir expliquer la façon dont se forme l'animal

« PreviousContinue »