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dont le piége eft découvert, rentre bien vîte dans le Courant des

de Paroles ; &, fi l'ufage, contraire eft toléré fans mépris, dans certaines conditions, c'est un renversement de tout ordre, c'eft mettre du prix & de l'importance dans ce qui n'eft abfolument rien ou même quelque chofe de pis, dans la Mère de tous les vices.

J'ai toujours été frappé d'un Prétepte de l'ALCORAN. Quelque grand que tu fois, à quelque dignité que tu parvienne, quelque fortune que tu ay ́s, tu apprendras un Métier, tu éxerceras une profeffion d'Artifan, de laquelle tu puiffe vivre ou te fervir au befoin.

<< Prends donc un Rabot, te diroit MUHAMMED. C'eft une Arme qui »te fera combattre, avec fuccès,cette

actions humaines. N'y eut-il qu'un endroit du monde, où ce Traité

» Maladie de l'âme, cet affreux Poifon de la vie, que l'on nomme Ennui, dont la féchereffe te flétrit en pleine fanté, & te rend » miférable au fein de l'opulence.

contourne-le en

Plie ton corps, tous fens, fais couler ces liqueurs ftagnantes, dont la corruption in» festeroit bien-tôt tes organes & ta so volonté. Prends un Rabot; s'il ne te > donne pas la fubfiftance du corps, » dont tu n'abonde que trop, tu > en recèvras une bien plus précieuse, celle de ton Ame qui languit & te défefpère .

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Précepte admirable en tout point, dont la Pratique fait face à tous les évènements, autant que le comporte

la Prudence humaine.

dût produire de fi falutaires Effets, ce feroit pour moi la plus douce des Récompenfes.

2. La fauffe Politique qui s'ima gine qu'on ne peut gouverner les hommes qu'en les trompant... En Turquie & dans prefque tous les Pays Orientaux, où les hommes naiffent esclaves, les Chefs, pour leur falut, font forcés de tromper leurs fujets. Comment plufieurs milliers de millions d'hommes viendroient-ils à fe perfuader, fans une grande Maladie d'imagination, qu'ils ne poffèdent rien en propre, pas même ce que Dieu & la Nature leur ont donné, la vie, la liberté, l'industrie? Que leurs Bras, par exemple, attachés à leurs corps, ne puiffent pas fe remuer pour eux, & que tout, jufqu'à leurs Penfées, ap partient à un Être de leur espèce,

qu'ils n'ont jamais vu, & que, peut-être, ils ne verront jamais.

Aléxandre, ayant formé le projet de faire la conquête de l'Inde, mena avec lui toute fon Armée au Temple de Jupiter Hammon, pour s'y faire reconnoître le Fils de ce Dieu. Avant d'y parvenir, il falloit traverfer des Sables im→ menfes, arides & brûlants, fujets à des Tempêtes, qui pouvoient enfévelir & le Chef & les Troupes.

On a dit contre lui, que le But & les Moyens de cette en treprise étoient également fous. Ce Trait eft hardi;& bien dans le caractère d'Aléxandre : mais je le crois une des actions les plus fages, que fe foit jamais propofée un Général d'armée. La réponse fut, comme il devoit s'y atten

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dre, que Rien ne pouvoit lui ré Lifter.

Que l'on fe rappelle, à préfent, le profond refpect, la foumiffion aveugle des peuples de ce temps-là aux Décifions de leurs Oracles. Elles étoient abfolument facrées, on n'y changeoit rien. Après cela les Conquêtes ne furent plus, aux yeux de fes foldats, qu'un voyage à faire, en compagnie du plus éclatant des hommes, reconnu fils du premier Souverain du monde. Voilà pour la Fin, que ce Conquérant s'étoit propofée.

Les Moyens n'en paroitront peut-être pas fi aifés à juftifier. Quandil fallut faire traverfer à fon Arnée des Déferts couverts de fable, il n'étoit pas encore reconnu le fils d'un Dieu. Il y avoit au moins quatre jours de Marche,

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