peut le voir à la fin du Chapître. VI, de mes Recherches für les caufes, &c.

Je ne crois pas que les Lecteurs aient à fe plaindre, ni de la difette des faits fur cette matière, ni de la légèreté des témoignages, qui en confirment la réalité. Si quelqu'un perfiftoit encore dans des doutes à ce fujet, il ne pourroit plus s'en prendre qu'à fa paresse ou à son indifférence; puifqu'on le met à portée, par sa propre obfervation, d'en diffiper tous les nuages: mais ils font, fans doute, très-impatients d'apprendre la véritable caufe d'un phénomène si étrange,

NOTES

E T

REMARQUES

SUR LE CINQUIÈME CHAPITRE DU VENTRILOQUE.

1.

LA Politique & la Religion s'y trouvent également intéreffees... Un homme de tête, un audacieux Ventriloque, dans un pays, où cet. artifice feroit abfolument inconnu, & où la crédulité auroit déjà commencé l'ouvrage de la fuperftition, pourroit infailliblement fe rendre maî tre de tous les efprits, & affurer,

par ce moyen, la réüffite de tous fes projets.

La plupart des Conjurations ont manqué leur effet, par l'extrême difficulté de tenir un fecret bien gardé, entre un grand nombre de perfonnes d'intérêts divers, auxquelles il faut néceffairement le confier, pour trouver des moyens & des inftruments d'éxécution. Icitout eft concentré dans une feule tête. Elle fait parler, à fon gré, le Ciel, la Terre, les Abîmes. La Nature la plus brute s'anime à fes ordres, parle, raisonne, comme on en a vu des éxemples.

Je ne vois pas, dans les circonftances (qui ne font que trop poffibles) où j'ai placé les Juges, comment ils ne céderoient pas à des impulfions fi multipliées & fi effrayantes, Il n'y a point de

force humaine qui y tînt un moment; elle feroit abbatue avant d'être ébranlée.

Il est donc de la plus grande importance, pour la fureté & la tranquilité des États, d'avoir un Tableau des caufes qui pourroient les troubler ou les détruire. Un fecret révélé eft communément un projet manqué. Un grand Danger montré eft prefque toujours un Danger évité.

La Religion y trouve auffi fon Compte. Oter à fes Miniftres ou à fes Sectateurs un moyen de la dégrader, c'est l'affermir. Ce qui rend une vérité bien inébranlable, eft de convaincre de faux tout ce qui prétend l'imiter : ainfi, comme l'effet de l'Engaftrimy/me a une Apparence de révélation, faire tomber ce Mafque, c'eft ôter à la Religion un Ri

val, qui eût pu s'en arroger l'Au

torité.

2. Ils n'ont ofé en entamer la Traduction...J'avois toujours eu, fur les Traductions, une pensée, dont l'expérience ne m'a que trop prouvé la jufteffe: c'eft que, pour bien traduire d'une Langue dans une autre, l'intelligence de ces deux Langues eft la moindre des qualités.

Faites lire, dans une Langue connue quelconque, un morceau de chymie, à une perfonne abfolument dénuée des principes de cette fcience, elle n'y entendra que des Sons. C'eft un fait d'expérience. Ce fera bien un autre embarras, fi vous lui proposez de traduire ce morceau dans une Langue étrangère, dont elle est inftruite. Les idées de la fcience & les termes de l'Art lui man