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tête encore pleine de vin, il court au Spectre & l'attaque : celui-ci veut l'épouvanter du gefte & de la voix mais le cousin dans l'ivreffe, le faifit, tombe fur lui à grands coups de bâton, en difant, fi tu es le Diable, c'eft moi qui l'ai engendré. Il lui eut fait rendre l'âme, fi le Spectre ne fe fût pas écrié, avec fa voix ordinaire, Pardon, Pardon ; ce n'eft pas un Revenant de l'autre monde, c'eft M. Jean. La nièce, ayant reconnu la voix, faute du lit, & fait lâcher prife au coufin, dont le remède guérit vraifemblablement pour toujours le Curé de fes Fantaisies.

C'est ainsi qu'il faut s'y prendre dans la cure de ces maladies. Si aux premiers accès des prétendues Poffédées de Loudun, on eût mis ces Religieufes dans

un cul-de-baffe-foffe, au pain & à l'eau, & qu'on les eût bien fuftigées, on n'eût pas fait un fi grand Tintamarre, ni commis des Abominations auffi horribles pour des grimaces & des contorfions.

8. L'Itinéraire de George Whéler.... Tout ce que je fçais de cet Auteur Anglais, c'est qu'il étoit à Venife, au commencement de l'an 1675, où il fe lia d'amitié avec le célèbre M. Spon, Docteur en Médecine à Lyon; qu'ils voyagèrent ensemble au Levant, & que Whéler revint de fes voyages en Angleterre fa Patrie, le 25 Novembre 1676; où il publia la Relation de tout ce qu'il avoit vu & remarqué dans fes courfes. On nous l'a donnée, traduite de l'Anglais en Français fous le tître de Voyages de Dalmatie, de Grèce & du Levant,

par George Whéler, 2 vol.in-12. à Anvers, en 1689.

Cet homme avoit les principes qui peuvent rendre les voyages fructueux; c'eft-à-dire la connoiffance du Deffin, des Médailles, de la Botanique, de la Géométrie, de l'Aftronomie, de l'Art de lever des Plans de faire des Cartes Géographiques, &c. avec une extrême curiofité de s'inftruire; cherchant toujours à remonter aux caufes des Phénomènes finguliers: c'eft pourquoi je n'ai point balancé à croire, fur fa dépofition, l'adreffe des Deffervants (*) de

(*) Deffervants..... Je ne trouve point ce mot dans nos Dictionnaires; pas même dans celui de l'Académie Française on dit pourtant deffervir

la petite Églife de Corfou, qui

a occafionné cette Note.

9. Julius Cafferius. . . . Ce Médecin a eu de la réputation, & n'en étoit pas indigne, en qualité d'Anatomifte. Il naquit à Plaifance, en Italie, en 1545. Ses parents étoient fort pauvres. Cet état, la plus affreufe Tyrannie du corps, n'eft que trop vent le plus grand Abatardiffement de l'efprit. Que peut-il fortir 'd'une âme, méprifable à fes propres yeux, que le défefpoir, ou tout au moins, un abandon général de fon éxistence?

fou

Cafférius eft donc bien ex

une Cure, une Chapelle, une

Églife.

Notre Langue eft affez pauvre ; on pourroit l'enrichir de ce mot, s'il n'y a pas été oublié.

cufable d'avoir été plus habile Difféqueur, mais moins bon Philofophe que fon Maître Fabricio-ab-Aquapendente, dont il fut le domeftique, & enfuite le Difciple. Ses progrès en Anatomie furent diftingués: mais, fans culture d'efprit, à cause de la mifère de fes parents, il paroît qu'à cet égard il n'eut d'autres Maîtres que les opinions vulgaires. On peut en juger par ce paffage Latin, dont j'ai donné la traduction en Français. « Hinc >> etiam patet, ait ille, vocem » illam, quam articulatam, ex » ventre aut pectore prodeunore labiisque clausis >> quofdam edidiffe lectione at» que auditione accepimus, non >> naturalem fuiffe; fed, fi quæ » fuerit, Magicam atque Dia»bolicam ».

>> tem

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