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SARDA, grand port de la Méditerranée, fur la côte de la Mauritanie, entre Tritum & Césarée, felon Strabon.

SARDANA, ou SARBANA, ville de l'Inde, endeçà du Gange, felon Ptolemée.

SARDEMISÚS, montagne de l'Afie, dans la Pamphilie, felon Pomponius Méla.

SÅRDENA,. montagne de l'Afie, près du fleuve Hermus, felon Hérodote.

SARDENNA, ou SARDENA, ville de l'Afie, dans la petite Arménie, felon Ptolemée.

SARDES, ou SARDES (Sart), ville de l'Afie mineure, à l'oueft, & capitale de la Lydie. Elle étoit fituée entre le Cayftre, au fud, & l'Hermus", au nord, au pied du mont Tmolus, fur le Pactole, rivière qui, venant de cette montagne, paffoit par le milieu de la place publique de Sardes, & rouloit, avec fes eaux des paillettes d'or. Cette ville avoit au nord une grande plaine, arrofée de plufieurs ruiffeaux, qui fortoient, en partie, d'une colline voifine, au fud-oueft de la ville, &, en partie, du mont Tmolus.

La citadelle étoit à l'eft, tirant vers le fud de la ville, fur une montagne efcarpée & taillée en précipices dans quelques endroits les avantages de fa fituation la faifoient alors paffer pour imprenable.

Sardes étoit une ville riche & fuperbe. Florus l'appelle la feconde Rome. On ignore par qui elle a été fondée. Les rois de Lydie y faifoient leur résidence, &, felon le rapport de Strabon, elle ne le cédoit en gloire & en fplendeur à aucune ville de l'Afie. Cet auteur la regardoit comme ancienne; mais il la croyoit pofférieure au fiège de Troye.

On lit dans M. de Peyffonnel, qu'il paroît que cette ville ou fa citadelle, a été autrefois appelée Hyda, parce que l'on ne trouve point d'autre hieu de ce nom dans toute la Lydie, & que la place indiquée par Homère à cette Hyda, répond à celle de Sardes, qui fe trouvoit fous le mont Tmolus.

Il n'eft fait mention de la ville de Sardes, que depuis Ardys, fils de Gygès, & fecond roi de Lydie, de la race de Mermandes, qui occupèrent le trône après les Héraclides.

Hérodote rapporte que cette ville fut prife par les Cimmériens, chaffés de leur pays par les Scythes Nomades, & qu'ils paffèrent en Afie, fous le règne d'Ardys, dont le règne fut de cinquante ans, felon Hérodote, & ayant commencé 680 ans avant J. C. La ville de Sardes refta au pouvoir des Cimmériers jufqu'au règne d'Alyattes fecond, qui monta fur le trône 619 ans avant la même époque; il s'empara de la capitale, & chaffa les Cimmériens de toute l'Afie.

Les Tyriens & les Lyciens firent enfuite la conquête de la ville de Sardes, felon le rapport de Strabon. Elle paffa fous le pouvoir des Perfes 548 ans avant J. C. C'eft dans la plaine qui eft au-devant de cette ville, que Cyrus gagna une grande bataille fur Créfus, roi de Lydie. L'armée des Lydiens fut mife en fuite, & les Perfes firent

le fiège de la ville de Sardes, qui avoit été entourée de murailles par Mélès. Elle fut prife & faccagée, felon Hérodote, après avoir réfifté quatorze jours.

Quarante-quatre ans, ou environ, après cet événement, & 504 avant J. C., Ariftagoras, lieutenant d'Hiftiée, fouverain de Milet, fe révolta contre les Perfes qui étoient demeurés en poffeffion de la ville de Sardes, depuis la deftruction du royaume de Lydie. Il demanda inutilement du fecours aux Spartiates; mais les Athéniens lui donnèrent un fecours de vingt vaiffeaux, aux ordres de Melanthius. Ariftagoras fit auffi révolter les Pæoniens; & ayant ramaffé fes troupes & celles de fes alliés, il tenta une entreprise fur Sardes. Il s'arrêta à Milet, & en confia le foin à fon frère Charopius, & à un autre Miléfien, nommé Hormophante. Ils fe rendirent maîtres de Sardes, fans trouver de résistance. Ils s'emparèrent de tous les poftes, à l'exception de la citadelle, qui étoit défendue par Artapherne avec une bonne garnison. Un foldat mit le feu à une maison, & occafionna l'incendie entière de la ville, qui étoit presque toute bâtie en rofeaux. Les Lydiens & les Perfes, enfermés dans la ville, prirent le parti de l'abandonner, & de s'attrouper dans le marché, & fur les bords du fleuve Pactole, qui le traversoit. Ils s'y défendirent fi vigoureusement, que les Ioniens fe refugièrent fur le mont Tmolus, & fe preffèrent de retourner à leurs vaiffeaux. Le temple de Cybèle fut brûlé dans cet incendie. Cette ville fut rebâtie depuis, & paffa fous la domination des Grecs.

333 ans avant J. C., après la bataille du Granique, la ville de Sardes, qui étoit regardée comme la plus forte place des Perfes, du côté de la mer, fe rendit, à Alexandre, & lui fut livrée par un nommé Mithranes. Le conquérant laiffa la ville libre, & lui permit de fe gouverner par fes propres loix.

Ce fut dans la ville de Sardes, qu'un des géné raux d'Antigonus fit mourir Cleopátre, four d'Alexandre, & fille de Philippe, roi de Macédoine. Elle avoit été mariée à un Alexandre, que Philippe avoit fait roi des Epirotes. Cet événement arriva 308 ans avant J. C.

Dans la guerre que Seleucus fit contre Lyfimaque, il s'empara de la ville de Sardes, dont le gouverneur fe nommoit Théodotus, qui fe retira dans la citadelle, de laquelle Seleucus ne pouvant fe rendre maître, fit publier qu'il donneroit cent talens à celui qui tueroit le gouverneur. Theodotus craignant quelque trahifon, fe détermina à livrer la citadelle avec tous les trésors de Lyfimaque, dont la garde lui avoit été confiée. Cette prife, par Seleucus eft de l'an 283 avant J. C.

En l'an 215 avant J. C., Antiochus-le-Grand fit bloquer Acheus dans la ville de Sardes, qu étoit très-bien gardée, & qui fe défendit vigoureufement. Mais elle fut furprife l'année d'après & Artabaze, qui en étoit gouverneur, fe retira

dans la citadelle avec Acheus. Ce dernier fut trahi & livré à Antiochus, qui affembla un confeil pour délibérer fur le genre de fupplice qu'on lui feroit éprouver. Il fut réfolu de lui couper les extrémités des membres, de coudre fa tête à la peau d'un âne, & d'attacher le tronc à une croix. Après la mort d'Acheus, Antiochus s'occupa à réduire la citadelle. Il y avoit deux factions parmi les affiégés; l'une foutenoit Artabaze, & l'autre Laodice, femme d'Acheus. Cette méfintelligence fut caufe que la citadelle fut livrée à Antiochus, qui conferva la ville de Sardes pendant près de vingt-cinq ans. Elle lui fervit de retraite, & il s'y tint renfermé pendant quelque tems, après avoir perdu la fameufe bataille de Magnéfie du Sipyle, 190 ans avant J. C. Lorfque ce Prince fortit de Sardes pour aller joindre Séleucus fon fils, il en confia la garde à Zénon, & laiffa le gouvernement du refte de la Lydie à Timon. Les habitans de Sardes méprifèrent l'un & l'autre, & envoyèrent au conful des émiffaires, pour lui déclarer qu'ils fe donnoient aux Romains. On lit dans Tite-Live, que le conful vint prendre poffeffion de Sardes, & que P. Scipion s'y rendit auffi, dès qu'il pût foutenir la fatigue de la route. Elle demeura au pouvoir des Romains. Sous le règne de l'empereur Tibère, Sardes fut prefqu'entiérement détruite par un tremblement de terre. Ce prince donna dix millions de fefterces aux habitans pour rétablir leur ville, & leur remit tous les tributs pendant cinq ans. Les habitans de Sardes plaidèrent devant les confuls & le fénat, fous le règne du même empereur, pour le maintien de leurs privilèges. Dans cette occafion, ils fe firent honneur des lettres qu'ils avoient des empereurs, & de leur alliance avec les Romains dans la guerre da Macédoine. Leurs privilèges ne furent point abolis, mais feulement modérés par un fenatus-confulte, felon que le rapporte Tacite. L'empereur Adrien fut auffi un des bienfaiteurs de la ville de Sardes; ce fut lui qui lui donna le titre de Néocore.

Antonin, fils adoptif & fucceffeur d'Adrien, fut particuliérement honoré par les habitans de Sardes, felon une infcription inférée dans l'ouvrage de M. Smith.

La ville de Sardes eft qualifiée, dans les médailles, de métropole d'Afie; & M. de Peyffonnel dit que c'étoit la feule ville de l'Afie proconfulaire qui ait pris cette qualité, qu'elle fe donna fous Gordien Pie, dans les médailles d'Afie, de Lydie & de Grèce. Une médaille d'Augufte donne lieu de croire qu'elle étoit déjà métropole fous ce prince; & qu'elle a auffi été trois fois Néocore; la première fous Adrien, la feconde fous Septime Sévère, & la troifième fous Caracalla.

On célébroit à Sardes, tous les cinq ans, des jeux particuliers, que l'on nommoit Chryfanthins, à caufe des fleurs dorées dont on compofoit la couronne destinée au vainqueur. M. Smith rapporte une infcription qui donne lieu de croire que ces

jeux furent établis fous le règne de Trajan, parce que le même marbre contenoit un décret de cet empereur, touchant l'inftitution des jeux Quinquennaux à Sardes. Les médailles, cependant, ne commencèrent à faire mention de ces jeux, que fous Caracalla,

La ville de Sardes fut une des premières qui embraffèrent le chriftianifme. Elle fut convertie par l'apôtre faint Jean, & quelques-uns croient que Clément, difciple de faint Paul, en fut le premier évêque. Elle eft du nombre des fept églises d'Afie, citées dans l'Apocalypfe.

La ville de Sardes a produit plufieurs hommes illuftres. Strabon fait mention de deux Diodores, tous deux orateurs. Le plus ancien étoit furnommé Zonas, & défendit plufieurs fois la caufe de l'Afic. Il fut accufé d'avoir excité à la révolte plufieurs villes de l'Afie mineure, lorfque Mithridate envahit ce pays; mais il fe juftifia de cette accufation.

Le fecond Diodore, que Strabon dit avoir été fon ami particulier, étoit auteur de plufieurs livres d'histoire. Deux autres écrivains célèbres, Eunapius & Polianus, ont auffi illuftré cette ville.

Le territoire de Sardes étoit renommé pour certaines productions. La pierre précieufe que l'on appelle Sarde, ou Sardoine, y a été découverte, & ce fut là que l'on en trouva les premières

mines.

Selon Pline, l'arbre qui porte l'encens, croiffoit en abondance dans les environs de Sardes, où les rois d'Afie en avoient fait faire des plantations.

Le peuple de cette ville paffoit, chez les anciens, pour être très-industrieux, & pour avoir chez eux plufieurs manufactures célèbres. Pline rapporte que les Lydiens inventèrent l'art de travailler la laine, & que les premières fabriques furent à Sardes. On lit dans Athenée, que l'on compofoit à Sardes beaucoup de parfums précieux, que le peuple de cette ville aimoit paffionnement.

Les médailles impériales de Sardes font trèsnombreuses; mais celles frappées en l'honneur de la ville, font en moindre quantité.

On voit dans une infcription, rapportée par Spon,' que Jupiter étoit particulièrement honoré à Sardes. Il y eft appelé le protecteur de la ville.

N. B. M. de Peyffonnel dit que l'on peut juger par ce qui refte des ruines de Sardes, que, comme le difent Strabon & Pline, cette ville étoit fituée fur le flanc feptentrional du mont Tmolus, & qu'elle dominoit la plaine qui portoit fon nom. Il ajoute que le plus beau monument qui refte de l'ancienne Sardes, eft dans un vallon, au fud-ouest de la ville. Il penfe que ce font les débris de quelque temple qui avoit été bâti après le tremblement de terre qui renverfa la ville, & qu'il appartient au règne de Tibère, qui fit rebâtir Sardes, ou des autres empereurs, fous lefquels elle obtint le titre de Néocore, & qui furent les bienfaiteurs & les reftaurateurs de Sardes. Il dit qu'il refte quelques colonnes & plufieurs autres ruines de ce temple,

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dont il donne un détail. Cet auteur ajoute que les débris de la citadelle de Sardes, font fitués fur une élévation feptentrionale du mont Tmolus, qui dominoit la ville, & fur le flanc de laquelle elle étoit placée, en forme d'amphithéâtre. La citadelle, dont les reftes fubfiftent encore aujourd'hui, paroît avoir été bâtie dans le moyen âge. Les murs de l'eft & du fud font entiers & d'une bonne maçonnerie. M. de Peyffonnel dit qu'au pied de la montagne, un peu au-deffous du village, vers le nord, on trouve les reftes d'un grand édifice bâti de briques; & que vers l'oueft de cet édifice, on trouve une prodigieufe quantité de pierres énormes & bien taillées; que les matériaux lui font foupçonner que ce pourroit être la Gérufie, ou palais dans lequel s'affembloit le collège des vieillards à Sardes. Vitruve dit que les habitans de Sardes confacrèrent l'ancien palais de Créfus aux affemblées, & au repos des citoyens accablés fous le poids de l'âge, & en formèrent la Gerufte (1), qui fignifie le fénat ou le collège des vieillards.

Une infcription, rapportée par Spon, & trouvée dans les ruines de Sardes, fait mention de la Gérufie de cette ville.

M. de Peyffonnel rapporte que fur une petite hauteur, affez éloignée de la Gérufie, on voit les reftes d'un édifice remarquable, & qui devoit être extrêmement vafte; qu'au midi de celui-ci, dans la plaine, on voit les reftes d'un autre du même goût, & qu'il croit que ces deux édifices étoient des magafins d'abondance, où l'on confervoit les grains pour les années de difette.

Le même auteur rapporte une infcription, qu'il dit être une nouvelle preuve du culte que les habitans de Sardes rendoient à Diane. Cette déeffe y eft qualifiée de Diane Sardienne.

(1) Du mot yeper, veillard.

N. B. J'ai fuivi dans le texte, pour l'époque de la prife de cette ville, les opinions ordinaires, fans les difcuter. Cependant je reviens fur cet article, fait depuis long-temps, pour expofer ici l'opinion du favant M. Larcher, dans fa petite differtation chronologique fur les rois de Lydie. (Trad. d'Hérod. tome v1, page 306 & fuiv.)

Après savoir réfuté les opinions de plufieurs favans fur l'époque où Créfus envoya confulter l'oracle, & qui ne fe trouve pas exprimé complétement fur les marbres d'Oxford, il dit, d'après Hérodote :

Créfus, après la bataille douteufe qui fe donna dans » la Ptérie, fe retira à Sardes, afin d'y paffer l'hiver & » d'entrer en campagne au commencement du printemps, », avec des forces plus confidérables que celles qu'il » avoit auparavant.......... Mais Cyrus l'ayant fuivi de près, » lui livra bataille près de Sardes; &, l'ayant battu, le » força de le renfermer dans les murs de cette capitale, » dont il forma le fiège auffi-tôt. Quatorze jours après, » Sardes fut prife, & Créfus fait prifonnier ».

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-dl eft évident, dit M. Larcher, d'après ce récit, que la bataille près de Sardes, & que la prife de cette ville ont eu lieu avant l'hiver, au mois d'octobré. Mais, felon Solcrate, certe prife de Sardes arriva dans la quatrième année de la LVI Olympiade; il s'enfuit

SARDESUS, ville de l'Afie mineure, dans la Lycie, près de Lyrneffus, felon Etienne de Byfance. SARDIEI, nom d'un peuple de l'Illyrie, felon Strabon.

SARDIANA, contrée de l'Afie, au voifinage de la Badriane, felon Diodore de Sicile. Mais Ortélius penfe que, dans cet endroit, il faut lire Sogdiana.

SARDICA, ou SERDICA, ville qui étoit la capitale de l'Illyrie orientale. On a varié fur l'orthographe de ce nom, & fur la pofition de ce lieu. Ptolemée la met au rang des villes méditerranées de la Thrace; d'autres la mettent dans la Dacie: mais cette Dacie n'eft pas la Dacie Trajane, ce qui éloigneroit trop la ville, mais la Dacie Aurélienne, au-delà du Danube.

Sardica fut la capitale de la feconde Illyric: cette ville, qui étoit confidérable, avoit été angmentée par Trajan. Les Bulgares lui donnèrent le nom de Triaditza. L'empereur Bafile en fit le fiège en 981, felon Zonare, & le leva, parce qu'on lui donna un faux avis, que Léon Méliène, à qui il avoit confié la garde des paffages, étoit retourné à Conftantinople, pour s'y faire proclamer empereur.

Il ne reste de cette ville que quelques veftiges auprès de Sophia.

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SARDINIA (la Sardaigne), île de la Méditerranée, dans la partie occcidentale. Les Grecs ont dit Zapdos & Zupdwv, Sardo & Sardon. Les anciens n'ont pas manqué de faire venir ce nom d'un prince appelé Sardus, fils d'Hercule, & venu de trèsbonne heure dans cette île avec un autre prince appelé Morax, fils de Mercure. Je me fuis fouvent expliqué fur le cas que l'on doit faire de ces fortes d'étymologies. Il est probable que cette île eut un premier nom, & que celui de Sardinia ne fut que le fecond. Son origine fe trouve dans la forme même de l'île, & par conféquent n'a rien que de raifonnable, pourvu cependant qu'on ne l'attribue pas à ceux qui y abordèrent les premiers. Il faut une carte pour juger, au premier coup-d'oeil, de la forme d'un pays; & l'on ne commence pas par avoir des cartes. Mais puifqu'après avoir fait le tour de la Sicile, on remarqua qu'elle formoit trois angles, d'où fe forme le nom de Trinacrie; de même auffi, lorfque l'on eut remarqué que la Sardaigne avoit la forme longue d'une fandale, on put très-bien lui donner, en langue orientale, le nom Saad & Sarad, qui fignifie vestiges d'un pied. Il falloit même que Pline en eut une confufe idée, puifqu'il dit que Timée la nommoit Σανδαλιώτις,

donc que Créfus a été fait prifonnier vers le milieu d'octobre de l'année 545 avant J. C. M. Larcher en conclut auffi, par une fuite de calculs, que l'avènement de Gyges au trône de Lydie, eft de l'an 715 avant J. C., & le commencement du règne d'Agron I, roi des Héraclides en Lydie, remonte à l'an 1220 avant cette même ère.

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mot qui exprimoit qu'elle reffembloit à une fandale. De même Martianus Capella & Solin, qui copient Pline, ajoutent que Myffile l'appelloit Ivera, parce qu'elle reffemble à la trace que laiffe fur le fable un pied chauffé d'une fandale, du grec lavos, veftigium: le texte même d'Etienne de Byfance le dit expreffément, E'xaneiтo (Zapdo) de loitoa, Ε'καλεῖτο (Σαρδω) Ισχιέσα, δοίτι εοικυία ἦν ανθρώπε ἴχνει. Je ne comprends pas comment, avec des témoignages fi formels, & une probabilité qui eft prefque une démonftration, on retrouve encore, dans de bons ouvrages, l'hiftoire de ce prétendu Sardus, qui, vraisemblablement, n'a pas plus exifté que fon père. Claudion avoit dit auffi:

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Humana fpeciem planta finuofa figurat Infula: Sardiniam veteres dixêre coloni.

Et Silius Italicus, faifant auffi allufion à cette reffemblance, dit, L. XII:

Nude fub imagine plantæ

Inde Ichnufa prius Grajis memorata colonis.

On peut rapporter une origine auffi fimple & auffi raifonnable, du nom de Caralis, qui fut le port le plus fréquenté de cette ile. Carina ou Carira, en oriental, fignifie rafraîchiffement; & c'eft la pofition de ce lieu, défendu au midi par une colline, qui le met à l'abri de l'exceffive chaleur.

L'hiftoire de la Sardaigne, dans les temps reculés, eft fort incertaine. Je n'admets pas du tout ce que les Grecs difoient de Sardus, de Morax, & même d'Ariftée, qui, felon eux, y paffa avec des Grecs. La navigation de la Méditerranée n'étoit pas trop connue des Grecs dans les premiers âges du monde. Et qu'auroit été faire Ariftée, dans une île éloignée & non encore habitée, pendant qu'il y avoit tant d'iles en Grèce, à fa portée, & que la Sicile fe trouvoit fur fa route? Je ne fais pas même fi ce ee dit Paufanias, d'un certain Iolaus, qui, felon lui, paffa en Sardaigne, eft bien certain, puifqu'il place ces faits avant la guerre de Troye. Après le fac de cette ville, les Troyens fuyant leurs ennemis vainqueurs, & cherchant une patrie nouvelle, s'y établirent. Il s'y trouvoit auffi des Grecs lorfque les Africains y abordèrent pour en faire la conquête. Ils étoient en force; les Grecs furent détruits; mais les Troyens fe retirèrent dans les montagnes, où ils se retranchèrent, à la faveur des précipices.

On ne fait au jufte à quelle époque les Carthaginois s'établirent en Sardaigne. Il eft probable que ce fut dès le tems qu'ils commencèrent à étendre leur commerce: cette ile leur offrit un lieu de relâche pour leurs vaiffeaux, qui, chez les anciens, ércient toujours obligés de s'aider; dans leurs courfes, du voifinage des terres. Peut-être, ce qui est trèsprobable, les Phéniciens les y avoient-ils précédés.

La première année de la xcvne Olympiade, une pefte confidérable ayant très-affoibli les Carthaginois, les Sardes effayèrent de fecouer leur joug; mais ce projet réuffit mal: ils furent châtiés de leur révolte. Mais ces mêmes Carthaginois furent chaffès de la Sardaigne, lors de la première guerre punique. Les Romains s'y établirent, l'an de Rome 521, fous la conduite de M. Pomponius. La Corfe ayant été conquife l'année fuivante, ces deux iles furent foumifes à un même préteur. Elles voulurent fe mettre en liberté pendant la feconde guerre punique; mais elles n'y réufirent pas; il ne refta de libre que les anciens habitans de Corfe, réfugiés dans les montagnes où l'on n'avoit jamais pu les foumettre.

Sous les derniers empereurs d'Occident, la Sardaigne fut gouvernée par un préfident. Mais lorfque les Vandales eurent pénétré en Afrique fous Juftinien, le gouvernement de la Sardaigne fut annexé à cette partie de l'empire.

Les ravages qu'y commirent les Arabes, & la conquête par les Génois & par les Pifans, n'eft pas de mon objet; ces révolutions appartiennent aux temps modernes.

J'ajouterai feulement que cette ile, qui, malgré le titre de royaume dont elle eft décorée, joue un fi petit rôle entre les états de l'Europe, étoit fort renommée chez les anciens, par fa grande fertilité. Silius Italicus dit, en parlant de la Sardaigne:

Propenfa Cereris nutrita favore.
L. XII, v. 375.

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Lê côté qui eft vers l'Italie, eft fort montagneux. SARDO, montagne de l'Inde, felon Ctéfias, cité par Ortėlius.

SARDO, lieu de la Liburnie, au voisinage de Burne, felon Procope.

SARDONES, ou SARDONS, peuples qui habitoient dans la partie occidentale de la Gaule Narbonnoife, felon Pline. Ces peuples devoient être dans la partie appelée actuellement Rouffillon, aux environs de Rufcino.

SARDONIA, ville de l'Inde, en- deçà du Gange.

SARDONIS, fleuve de la Thrace, dans le voifinage de la ville Olynthus, felon S Mais

Ortelius penfe qu'il faut lire Sandanus. Et Plutarque, en effet, nous fait connoître un fleuve de ce

nom.

SARDONIUM REGIO, contrée de la Gaule Narbonnoife, fur la côte de la mer Méditerranée, felon Pline. (Voy. SARDONES ).

SARDOPÀTÓRIS FANUM, temple fitué fur la côte occidentale de l'île de Sardaigne, entre Ofaa & Neapolis, felon Ptolemée.

SARDUS, ville de l'Illyrie, felon Strabon & Etienne de Byfance.

SARDUS, fleuve de l'Afie, vers l'Arménie, felon Cédrène, cité par Ortélius.

SAREA, ville de la Palestine, dans la plaine` de la tribu de Juda, felon Jofué.

SAREDA, lieu de la Judée, dans la tribu d'Ephraim. C'étoit la patrie de Jéroboam, qui forma le fchifme des dix tribus d'Ifraël, III Livre des Rois, ch. 11, v. 26.

SAREDATHA, ville ou lieu de la Paleftine, dans la tribu d'Ephraim, felon le fecond livre des Paralipomènes.

SAREN, village de la Thrace; il appartenoit aux Maronites, felon Tite-Live.

SAREPTA, ville de la Phénicie, qui étoit fituée au midi de Sidon. Cette ville eft célèbre dans l'Ecriture, par le féjour qu'y fit le prophète Elie, dans la maifon de la veuve dont il avoit reffufcité le fils. Cette ville, fituée fur le bord de la mer, eft la même d'où les Grecs difent qu'Europe, fille d'Agenor, fut enlevée par Jupiter, & conduite dans l'ile de Crète; ou, comme dit Ephémère, cette fille fe promenant fur le bord de la mer, fut apperçue par des marchands Crétois, qui l'enleverent & la conduifirent dans leur pays, fur leur vaiffeau, à la proue duquel étoit la figure d'un

taureau.

SARGA, ville de la Macédoine, fur le rivage du golfe Singitique, felon Hérodote.

SARGANTHA, ville de l'Ibérie, felon Etienne de Byfance.

SARGANTHIS, nom d'une ville qui étoit fituée en Egypte, felon Etienne de Byfance.

SARGANTILES. Etienne de Byfance nomme ainfi les habitans de Sarganthis, ville d'Egypte.

SARGARAUSENA, contrée de la Cappadoce. Elle avoit le titre de préfecture, & comprenoit fix vills, felon Ptolemée.

SARGASIS, CARSAGIS, ou CARSAT, ville de l'Afic, dans la petite Arménie; elle étoit fituée fur la route de Satala à Mélitène, entre Arauraci S Stea, felon l'itinéraire d'Antonin.

SARGATHUS, lieu où les Romains remporFront victoire fur les Perfes, felon Cèdrène, Vizelius.

CARA, peuple de la Sarmatie, en Europe. entre les Alauni & les Amanobii, selon

SARGETIA, fleave de la Dacie. Il arrofoit la ville de Zarmizogathufa, nommée depuis UlpiaTrajana, & fe perdoit dans le Rhadon, felon Dion Caffius.

SARIANA, province de l'Afique. Cette divifion eft peu connue. Il en eft fait mention dans les canons du concile de Carthage, qui eut lieu fous Honorius.

SARICHA, nom d'une ville de la Cappadoce, felon Etienne de Byfance.

SARID, ville de la Palestine, dans la tribu de Zabulon, felon le livre de Jofué.

SARIPHEA, lieu peu confidérable de la Pa

leftine.

SARIPHI, montagne de l'Afie, dans la Margiane, felon Ptolemée. Le fleuve Oxus prenoit fa fource dans cette montagne.

SARISABIS. Du moins c'eft ainfi qu'on lit dans quelques traductions de Ptolemée: le texte porte Serifabis. C'étoit une ville de l'Inde, endeçà du Gange, vers l'embouchure de ce fleuve, chez les Gangarides: le texte & la traduction dont je me fers, portent également Serifabis.

SARITÆ, peuples de l'Arabie heureuse, felon Ptolemée.

SARMAGANA, ville de l'Afie, dans l'Arie, felon Ptolemée.

SARMALIA, ville de l'Afie, dans la Galatie, & qui appartenoit aux Tolifoboges, felon Ptolemée. Dans l'itinéraite d'Antonin, cette ville eft marquéc fur la route d'Ancyre à Tavia, entre Bolelafgus & Ecobrogis.

SARMATÆ, peuple d'Europe, qui habitoit vers le Tanaïs; on l'a auffi nommé Sauromata. Il paroit qu'une grande partie de la Pologne actuelle a été habitée par les Sarmates, dont l'histoire, les loix, les mœurs ne font point connues. Je pense qu'ils reffembloient beaucoup aux Scythes. Les nations placées par les auteurs dans la Sarmatie font:

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