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Strabon dit formellement que l'on changea Trinacria en Trinacia, à caufe de l'euphonie uçaνότερον.

Les Latins ont dit auffi Trinquetra, qui emporte de fens de triangulaire.

Ces deux noms peuvent bien n'avoir été que des épithètes; mais le nom réel & très-ancien de la Sicile eft celui de Sicania, qu'elle reçut du peuple appelé Sicani, les Sicaniens.

Productions. Les anciens, qui ont fort vanté l'extrême fertilité de la Sicile, ne nous en ont pas fait connoître les productions minérales, du moins je ne me le rappelle pas. Et quand les modernes ont dit, d'une manière générale, qu'elle produifoit de toutes fortes de métaux, ils auroient bien dû dire dans quels lieux ces mines fe trou

voient.

Voici ce que dit M. Hoüel: « On ne connoît de mines en Sicile, que dans les montagnes qui font du district de Nifo (fleuve qui fe jette dans la mer à l'eft, au nord de Taormine), qui coule dans un lit beaucoup plus vafte qu'il ne le faut pour l'état ordinaire de fes eaux. Après les pluies, il devient un torrent confidérable.

«On y trouve des mines de plomb, de cuivre, ou de plomb & d'argent. Toutes contiennent de l'antimoine, de l'orfen, des marcaffites & autres demi-métaux imparfaits. On affure, dit il, qu'il y a une mine d'or qui a été exploitée autrefois. "On trouve dans les mines d'argent du lapis

lazuli très-médiocre.

>>Quant aux carrières & aux différentes fortes de pierres, elles font très-abondantes & très-variées; les productions volcaniques forment feules des collections très-nombreirfes & très-intéreffantes ».

Je finirai cet article de la Sicile, que j'ai tâché de rendre intéreflant, par un morceau qui l'eft beaucoup par les vues qu'il préfente, & que j'aurois mis à la tête de ce que j'ai dit fur cette ile célèbre, fi je l'avois connu; car il appartient à la géographie phyfique, qui doit, dans l'ordre des chofes, précéder la géographie politique. Je le tire du quatrième volume de M. Hoüel, page 67.

Les plus hautes montagnes de la Sicile, excepté l'Etna, qui s'eft formé lui-même, & par la ficceffion de fes éruptions multipliées depuis un grand nombre de fiècles, ces hautes montagnes, dis-je, préfentent à leurs fommets des débris de productions marines, de poiffons, de plantes ou de madrépores, & généralement de tous les êtres qui naiffent & qui vivent au fein des eaux. On en trouve auffi à toutes fortes de degrés d'élévation. Donc il fut un temps où la mer dominoit ces éminences, & furmontoit de beaucoup leur hauteur actuelle.

L'action de l'air, celle des eaux du ciel, les ont, depuis, confidérablement abaiffées, avant qu'elles euffent acquis la dureté qu'elles ont aujourd'hui.

C'est donc du fein des eaux qu'elles tirent leur origine; leur élévation actuelle n'a coûté que du temps à la nature, & elle n'en eft pas avare; & ce ne peut être que fur le fol qui portoit alors les eaux de la mer, que ces maffes fe font formées par la réunion des différentes fubftances qui les composent.

La puiffance des courans amena ces matières fur le fol pyramidal de l'Etna naiflant. Ce volcan jetoit alors, par une grande quantité de bouches, des matières, foit lave, foit pouzzolane, qui s'étendoient alternativement & par couches autour de lui. La plupart des ouvertures par lefquelles elles s'échappoient, fe font bouchées depuis en s'éteignam; mais il en eft refté qui font leur effet fous terre en bien des endroits de la Sicile. Les autres n'ont pas été couvertes, telles que celles de l'Etna & des volcans de Lipari, dont deux brûlent évidemment, & un troifième ne produit que des eaux bouillantes. Ce font auffi des volcans qui ont produit la plupart des îles de la Méditerranée.

Il eft probable que l'élévation formée par les productions volcaniques, déterminoit, par les chaleurs fouterraines, les productions marines à s'unir à elles. Quelles qu'en foient les raifons, leur union eft un fait, & voici comment elle s'explique: Les matières nouvellement produites acquirent d'abord de la folidité dans quelques endroits, à des degrés différens; mais fur-tout aux parties qui étoient affifes fur les volcans, parce que les feux fouterreins, ayant creufé des vuides immenfes où régnoit une chaleur dévorante, altéroient, par fuccion, toutes les parties humides contenues dans les matières qui furmontoient les croûtes dont ils étoient couverts. Ces matières, devenues moins humides, acquirent de la folidité, & fe trouvèrent en état de réfifter aux efforts contraires réfultant

des courans qui auroient pu les détruire, après les avoir formées.

Dans d'autres places, où la chaleur intérieure des volcans ne fe faifoit pas fentir, les dépôts marins fe font diffipés par la même force qui les avoit produits, & leur éloignement a laiffé entre les volcans le vuide qu'occupe actuellement la

mer.

La partie folide, reftant de ces dépôts marins, conftitue les montagnes que l'on trouve en Sicile, airfi que celles qui fe voient en Italie, en France, dans l'Auvergne & le Vivarais, & probablement dans tous les autres lieux du globe.

On conçoit que ces montagnes doivent être un compofé de toutes fortes de fubftances des trois règnes rapprochés, mêlées en quantité fous des formes différentes: d'où il a du réfùlter, par la fuite des temps, des combinaifons inattendues, qui ont paru & paroîtront toujours bien extraordinaires & fouvent très-curieufes.

A dater des premiers reimps où les continens & les îles fe formèrent, des fiècles accumulés fans nombre fe font paffés, pendant que la Sicile croiffoit infenfiblement au fein des eaux. Faifons actuellement abstraction de tout ce qui lui eft étranger, pour ne nous occuper que d'elle.

Cette île parut enfin comme un point à la furface de la mer de nouveaux fiècles la virent s'agrandir, & faire partie du globe. Stérile d'abord & déferte, dans les fiècles fucceffifs elle devint peu à peu féconde & habitée, en recevant toutes les femences qui lui furent apportées des régions voifines & éloignées.

Les premiers agens de cette fécondité furent les pouzzolanes & les cendres des volcans. Les vents difperfoient au loin ces fubftances de tous les côtés, fur les plaines de fable & fur le galet, fur les roches calcaires, & fur les parties qui par cllesmêmes n'étoient nullement propres à la végétation. Les arbres & les plantes s'y multiplièrent avec abondance, & bientôt la richeffe du fol rendit cette île propre à faire le bonheur de fes habitans.

Les feconds agens qui, à la même époque, contribuèrent à fa fertilité, furent les caux du ciel, errantes d'abord fur fa furface. Elles commencèrent par creufer de petits vallons, en fe raffemblant dans les partics baffes du terrein. De-là s'échappant en filets infenfibles, elles formèrent des ruiffeaux qui, devenus torrens, s'accrurent toujours, & tracèrent de profondes vallées, au fond defquelles furent appuyées les bafes irrégulières de ces hautes montagnes qu'on y voit s'élever de toutes parts. Ces montagnes, tantôt ifolées, tantôt accouplées ou féparées, foit par des plaines, des contrées qui ne préfentent que du fable ou des pierres mobiles difperfées à leurs pieds, fait par des collines calcaires encore tendres, abaiffées par les efforts des eaux, reçurent d'elles leurs places & leur étendue. Les eaux produifirent auffi, par leur rapidité, des profondeurs & des abîmes effrayans,

autour defquels on apperçoit encore les couches volcaniques, les laves & les dépôts marins. Aill.urs fe préfentent des inégalités moins terribles, que des herbes & des mouffes variées, différentes brouilailles, des bouquets d'arbres, d'épaiffes forêts même s'empreffent d'embellir. Ces objets gracieux, en s'uniffant aux débris des rochers, aux catara&es, formoient la décoration des plaines, bordoient irréguliérement les étangs, les lacs & les rivières, qui fe repofoient en partie fous leurs rameaux, dont les eaux pures & tranquilles fe plaifoient à reproduire l'image. Ailleurs, ces arbres majestueux ombrageoient des vallons émaillés de fleurs & de verdure; & des nappes d'eau transparentes, qui tomboient en cafcades, offroient, dans mille points. de vue, un ciel orné de nuages légers, à toutes les heures du jour, les plus délicieux paysages.

On devoit voir fous fes pas, dans ce beau climat, les fleurs & les fruits grouppés enfemble, & fe fuccéder pendant toutes les faifons. Les oifeaux & le gibier peuplèrent à l'envi les airs & la campagne; les étangs &ies fleuves dûrent avoir leurs richeffes; tout offroit aux premiers peuples qui occupèrent ce raviflant féjour, une vie douce, oifive, & exempte de befoins.

Peut-être alors la paix & le bonheur habitoient parmi les hommes: c'eft du moins cette présomption qui fournit aux poëtes l'idée de l'âge d'or.

Révolution hiftorique. La diverfité des peuples, des cultes & des langues fit changer cette ile, plus d'une fois, de moeurs & de dénomination. On la trouve defignée chez les anciens par les noms d'ile du Soleil, & de terre des Cyclopes & des Leftrygons.

Les Sicanicns, partis de FHifpanie, vinrent, après d'anciennes nations, s'établir dans cette ile, & la nommèrent Sicanie.

Les Siciliens ou Sicules, qui venoient d'Italie, leur fuccédèrent, & lui donnèrent le nom de Sicile.

Les Phéniciens voulurent avoir aufli des poffeffions en Sicile. La quantité de demeures creufees dans les rochers, peut faire croire que ces peuples employèrent les combats, les rufes, les perfidies. Mais pendant que les premiers habitans fe retiroient dans les montagnes, ces derniers parvinrent à fe faire des établiffemens fur les côtes. Ils y curent des comptoirs, & leur commerce y devint confidérable. Les Troyens partagèrent avec eux cet avantage.

Les Grecs s'y établirent pour la première fois après le fiège de Troye, temps où plufieurs de leurs chefs étoient errans fur la Méditerranée. On voit par Homère, que fon héros Ulyffe n'y trouva que d'anciennes nations. Ils y abordèrent à differentes époques, & y régnèrent long-temps, formant un nombre prodigieux de républiques, fous des noms différens, mais la plupart tirant ces noms des diverfes contrées de la Grèce. Chacun apporta de fon pays des fciences, des arts & des opinions particulières. Les édifices qui nous reftent de ces

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emparer.

Les Romains employèrent quelques années à y établir la paix, l'abondance, & même la fplendeur. Ils y élevèrent, dès le temps de la république, de fuperbes édifices en marbre; leur puiffance & leur ambition ne trouva rien de trop magnifique. Il eft bien remarquable que la Sicile devint, fous leur domination, beaucoup plus floriffante qu'elle ne l'avoit été du temps des Grecs, c'eft-à-dire, du temps où elle fe regardoit comme libre. C'eft qu'au licu d'une liberté générale & d'une grande intelligence entre ces villes, chacune d'elles formoit une petite république à part, & voyoit dans les autres autant de rivales & d'ennemies; auffi étoientelles fans ceffe en guerre les unes contre les

autres.

Les Siciliens, fous le gouvernement des Romains, perdirent leur génie militaire, & ces haines de cités à cités, qui ne fervoient qu'à leur propre deftruction: l'île n'éprouva de maux que les vexations de Verrès, qui en enleva les plus précieufes productions des arts, portés alors au plus haut degré de fplendeur dans tous les genres. En fe rendant maîtres de la Sicile, les Romains avoient laiffé à fes habitans leurs temples, leurs divinités & leurs cultes, que les Grecs & les autres nations y avoient apportés: tout y conferva un caractère de bon goût & même d'élégance, à-peu-près jufqu'au partage de l'empire Romain. A cette époque les nonumens de l'antiquité fe dégradoient, & n'étoient plus rétablis; les arts ceffèrent d'ètre appréciés, & les talens difparurent, pour laiffer régner l'ignorance & la barbarie.

Vers la fin du quatrième fiècle, Syracufe fut la première ville de la Sicile qui reçut le Chriftianifme: plufieurs villes, & bientôt toutes les contrées de l'ile fuivirent cet exemple; bientôt on négligca les temples & les monumens publics. L'ignorance des prêtres, égalant la ferveur de leur zèle, ils firent la guerre aux fciences & aux arts, pour la faire plus furement au paganifine qui les cultivoit.

Le refte des révolutions de la Sicile, depuis l'arrivée des Arabes, fous le nom de Sarrazins, n'eft pas de mon objet.

Je n'ajouterai qu'un mot; c'est que les villes de la Sicile dont l'histoire a conservé les noms, monte à deux cens quarante-cinq; ceux des cazales, à trois; ceux des châteaux, à cin-, quante-un; ceux des villages, des tours & des hameaux, à quatorze; ce qui fait en tout trois cens treize, Mais on retrouve l'emplacement d'un plus grand nombre; & il doit y en avoir dont les noms font abfolument perdus.

SICILIA, triple colline de Grèce, dans l'Attique, au voifinage de la ville d'Athènes, felon

Paufanias.

SICILIA, île fituée dans les environs du Péloponnèfe, felon Etienne de Byfance.

SICILIA, nom d'un lieu de la ville de Rome. J. Capitolin en fait mention dans la vie de Per-,

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tine.

SICOBASILISCES, SICOBASHLISSES, SICOSBASILISSE, SICOS BASILISCES, SICOS-BASILISCOS, ou SICOS-BASILICOS, lieu de l'Afie, dans l'Arménie, fur la route de Germanicia à Ediffa, felon l'itinéraire d'Antonin.

SICOBOTES, peuples que Jules Capitolin femble placer dans la Scythie européenne.

SICORIS (La Sègre), fleuve de l'Hifpanic citérieure. Le débordement de ce fleuve & du Cinga faillirent perdre Céfar & fon armée auprès d'Ilerda.

Ce dictateur dit que le Sicoris féparoit le pays des Ilergètes de celui des Lacetani.

Cette rivière, en coulant par le fad-oneft, arrofoit Beruffa, Ilerda, & fe jetoit dans l'Iberus à Citofa.

SICULENSII, peuple de l'ile de Sardaigne, felon Ptolemée.

SICULI, peuples qui étoient originaires de le Dalmatic, & qui vinrent s'établir dans l'Italie,

après les Liburnes, vers le feizième siècle avant J.C. Les Sicules formoient une nation nombreuse, qui s'empara d'une partie confidérable du pays; ils peuplèrent l'Ombrie du milieu, la Sabine, le Latium, & tous les cantons dont les peuples ont depuis été connus fous le nom d'Opiques.

Les Sicules paffèrent en Sicile, & lui donnèrent leur nom. Nous avons la date de ce paffage, par Hellanicus de Lesbos, qui en fixe l'époque 80 ans avant le fiège de Troyes, ou 1364 ans avant l'ère chrétienne, felon la chronologie de Thucydide.

Le nom de Sicules, qui comprenoit tous les peuples qui s'étendoient depuis le Tibre jufqu'à l'extrémité orientale de l'Italie, à l'exception du pays que poffédoient les Liburnes, fut peu à peu aboli par les ligues particulières des Sabins, des Latins, des Samnites, des Enotri & des Itali, qui fe formèrent dans la fuite. Hérodote, Thucydide, Platon & Ariftote font mention de ces peuples.

SICULONES, peuple du nombre des Cimbres. Il habitoit dans la prefque ile nommée Cimbrique, felon Ptolemée.

SICULOTE, peuples de la Dalmatie. Ils étoient partagés en vingt-quatre décuries, felon Ptolemée. SICUM, ville de l'Illyrie, fur la côte de la Dalmatie, entre Scardona & Salone, felon Ptolemée & Pline. Ce dernier rapporte que l'empereur Claude y envoya des foldats vétérans.

SICYON, ville de la Grèce, fur la route feptentrionale du Péloponnèfe. Le nom de cette ville étant en grec Exvov, il faut écrire en françois Sicyon, ou du moins Sicyone. Elle étoit la capitale d'un petit état fitué fur le golfe de Corinthe, & dont elle étoit même peu éloignée; cette ville porta d'abord le nom d'Egialée, qui en fut le fondateur en 1773, avant l'ère vulgaire. Comme Adrafte, dont le nom eft cité dans Homère, ne fe trouve que le quatorzième dans la lifte de rois d'Argos, qu'il ne régna qu'en 1260, je crois qu'il faut traduire, έδε αρ Αδρηστος πρώτε βασιλευσεν, non pas, regna le premier; mais régna d'alord. Etienne de Byfance dit qu'elle eut enfuite le nom de Telchinia; mais apparemment que ce ne fut pas pendant long-temps; car Paufanias dit pofitivement, que fous le règne de Sicyone, venu de l'Attique au fecours de Laomedus, auquel il fuccéda, cette ville, qui jufqu'alors avoit été nommée Egialée, prit le nom de Sicyone. La première ville de ce nom étoit fituée dans une plaine: Démétrius la rafa, & en bâtit une autre vers l'an 303 avant Père vulgaire, fur une hauteur & plus près de la citadelle. Selon Plutarque, il la nomma, d'après Li, Démédriade; mais l'ancien nom prévalut.

Sicyon, célèbre par l'ancienneté de fa fondation, ne l'a pas moins été par la gloire des peintres & des fculpteurs auxquels elle a donné le jour. On fait que c'eft à Sicyone que naquit Aratus, ce héros, qui, à l'âge de vingt ans, mérita d'être à la tête

des affaires de fa patrie, & éleva le rempart de la liberté de la Grèce, connu fous le nom de lige achéenne, l'an 250 avant J. C. Cette ville renfermeit encore plufieurs monumens au temps de Paufanias. Ce n'eft plus qu'un village, actuellement connu fous le nom de Bafilico.

Les Sicyoniens enterroient leurs morts fort fimplement: ils les mettoient dans une foffe, & leur difoient adieu, en les nommant: puis ils bâtiffoient un petit mur autour, fur lequel ils élevoient quatre colonnes qui foutenoient un toit, & ne mettoient aucune infcription. Sur la gauche du chemin de Corinthe à Sicyone, & un peu dans les terres, on voyoit le tombeau d'Eupolis, poëte Athénien, qui a fait des comédies, & on trouvoit celui de Xénodice, en avançant vers la ville: ce tombeau n'étoit pas fait comme les autres, car il étoit ornė de peintures très - belles. Le monument que les Sicyoniens avoient élevés à leurs compatriotes qui avoient été tués à Pellène, à Dyme, à Mégalopolis, & auprès de Sélafie, étoit un peu plus près de la ville. Auprès de la porte étoit un antre, où il y avoit une fontaine, dont l'eau venoit du haut de la caverne.

Paufanias dit avoir vu dans la citadelle, un temple de la Fortune furnommée Acrea; & auprès de celui-ci, un autre qui étoit dédié aux Diofcures: les ftatues des divinités étoient de bois, dans l'un & l'autre temple. Le théâtre étoit au bas de la citadelle: fur le devant on voyoit la ftatue d'un homme qui tenoit un bouclier, & qu'on affuroit être celle d'Aratus, fils de Clinias. Dans la place publique, il y avoit un temple dédié à la déeffe Pitho, ou de la Perfuafion, & auprès on voyoit le palais deftiné aux empereurs romains: c'étoit autrefois la maison du tyran Cléon, & audevant on voyoit le monument héroïque, élevé à la gloire d'Aratus. Ce héros mourut à Egion, & fon corps fut tranfporté à Sicyone. Sur le derrière du théâtre il y avoit un temple de Bacchus : la ftatue du dieu étoit d'or & d'ivoire; cette ftatue étoit accompagnée de Bacchantes en marbre blanc. Les Sicyoniens avoient plufieurs autres ftatues, qu'ils renfermoient dans une espèce de facriftie: ils les tiroient de ce licu une nuit de chaque année, pour les porter dans le temple: ils alluinoient des flambeaux & chantoient des hymnes en vieux langage. La ftatue qu'ils croyoient avoir été confacrée par Androdamas, fils de Fhlias, tenoit le premier rang: on la nommoit le Baccheüs. Après celle-ci, c'étoit le Lyfius, ftatue qu'on difoit que Phanès avoit apportée de Thèbes à Sicyone, par ordre de la Pithie. En allant du temple de Bacchus fur la place, le temple de Diane furnominée Limnea, étoit à la droite; mais il étoit fi vieux, qu'au temps de Paufanias il n'avoit pas de toit: la déeffe n'y avoit même pas de ftatue. Le temple de la Perfuafion étoit fur la place: tous les ans on portoit les ftatues d'Apollon & de Diane en cérémonie dans le temple: il avoit été autrefois bâti par Pretus;

mais ayant été brûlé avec toutes les offrandes qui étoient dedans, on en fit refaire un autre, ainsi qu'une ftatue, qui furent confacrés par Pytoclès. Auprès du temple de la Perfuafion, il y avoit un palais qui étoit deftiné aux empereurs Romains; c'étoit anciennement la maison de Cléon le tyran. Devant la porte on voyoit le monument héroïque d'Aratus. L'autel dédié à Neptune Ifthmien, étoit immédiatement après le tombeau d'Aratus: on y voyoit deux ftatues très-groffièrement faites; l'une repréfentoit Jupiter Melichius, & l'autre Diane Patroa. La première étoit faite en forme de pyramide, & l'autre en forme de colonne. Il y avoit un fenat & un portique dans le même endroit : le portique portoit le nom de Clifthène, qui l'avoit fait bâtir & enrichir des dépouilles qu'il avoit remportées fur les Cirrhéens. Le Jupiter en bronze qui étoit au milieu de la place publique, avoit été fait par Lyfippe. Auprès de cette ftatue, il y en avoit une de Diane, qui étoit toute dorée. Le temple d'Apollon Lyceus étoit aux environs, & tomboit en ruines; il y avoit, près de ce temple, plufieurs ftatues de femmes, rangées de fuite. Un Hercule en bronze, fait par Lyfippe, fameux ftatuaire de cette ville, & un Mercure Agoreus,

étoient auffi là.

Près du marché il avoit un lieu d'exercice, y où étoit une ftatue en marbre, repréfentant Hercule. Cet ouvrage étcit à Scopas: le temple du dieu étoit ailleurs. L'enceinte de cette efpèce d'académie ou gymnafe, étoit deftinée aux exercices de la jeuneffe. La ftatue de bois, qui étoit d'un goût antique, & faite par Laphaès de Phliafie, étoit dans le temple d'Hercule, qui étoit dans le milieu de ce gymnafe: ce dieu y étoit honoré d'un culte tout particulier; il étoit révéré comme dieu & comme héros.

Les Sicyoniens avoient inftitué deux jours de fêtes en fon honneur: le premier étoit appelé Ponomte, & le fecond l'héraclie. De ce temple on alloit dans celui d'Efculape, dans le parvis duquel on trouvoit à main gauche deux chapelles qui fe touchcient, dont l'une étoit dédiée au Sommeil, & l'autre à Apollon: il n'y avoit que les prêtres du dieu qui puffent entrer dans cette dernière. On confervoit fous le portique qui étoit devant le temple, un os de baleine très-grand. Derrière étoit la figure du Songe, & auprès, celle du Sommeil qui endormoit un lion. Il y avoit, d'un côté de l'entrée du temple, une ftatue affife, qui repréfentoit Pan, & de l'autre, une Diane, qui étoit debout. Efculape étoit dans ce temple, repréfenté fans barbe: fa ftatue étoit d'or & d'ivoire, & faite par Calamis: le dieu tenoit un fceptre d'une main, & de l'autre une pomme de pin. Il y avoit plufieurs autres ftatues d'une grandeur médiocre, & qui étoient fufpendues à la voûte. Près du temple d'Efculape étoit celui de Vénus: la première ftatue que l'on y voyoit, étoit celle d'Antiope. Perfonne ne pouvoit entrer dans ce temple, excepté

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la facriftine, qui s'obligeoit à ne point avoir de commerce avec fon mari: & une jeune vierge qui en étoit la prêtreffe, & dont le facerdoce ne duroit qu'un an. La ftatue de la déeffe étoit affife, & elle étoit d'or & d'ivoire: elle avoit fur la tête une espèce de couronne terminée en pointe, qui repréfentoit le pole: d'une main elle tenoit un pavot, & de l'autre une pomme. Les Sicyoniens lui offroient en facrifice les cuiffes de toutes fortes de victimes, à la réferve du porc. De-là on paffoit dans un lieu d'exercice ; & en y allant, on trouvoit, fur la gauche, le temple de Diane Phéréenne, dont la ftatue étoit de bois. C'eft Clinias qui avoit fait bâtir le lieu d'exercice: on y voyoit une ftatue en marbre blanc, dont le haut étoit. un buste de Diane, & le bas repréfentoit un Hercule de figure quarrée.

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Près de la porte appellée facrée, il y avoit un temple de Minerve, qui autrefois avoit été confacré à Epopée. Après ce temple-ci, on en voycit deux autres, l'un bâti par Epopée & dédié à Diane & Apollon; l'autre avoit été bâti & dédié à Junon par Adrafte. Au fond du temple de Junon Adrafte avoit fait élever deux autels, dont l'un étoit dédié à Pan, & l'autre au Soleil. Le temple d'Apollon Carnéen n'étoit pas éloigné de celui-ci; mais le toit & les murs en avoient été détruits par le temps, ainfi que celui de Junon Prodomie. Dans celui d'Apollon, on ne voyoit plus que quelques colonnes au temps de Paufanias. On rencontroit le temple de Cérès, en defcendant du côté de la campagne. Le bois de Pyrée étoit à dix ftades fur la gauche du chemin de Sicyone à Phliunte: ce bois renfermoit un temple, & tous. les deux étoient confacrés à Cérès Proftafie, & à Proferpine. Les hommes étoient féparés des femmes, lorfque l'on célébroit la fête de ces divinités. Les femmes faifoient leurs facrifices dans une chapelle qui étoit dédiée aux Nymphes: cette chapelle étoit ornée de plufieurs ftatues, dont on ne voyoit que le vifage; mais on favoit qu'elles repréfentoient Bacchus, Cérès & Proferpine.

SICYONIA (a). Ce pays, qui avoit autrefois porté le nom d'Egialée, par lequel on défignoit quelquefois toute l'Achaïe, & qui certainement fignifie maritime, étoit d'une très-médiocre étendue.

Cette contrée étoit bornée à l'oueft par l'Achaïe; au nord, par le golfe de Corinthe; à l'eft, par le petit pays de ce nom; & au fud, par l'Arcadie..

Cette étendue donnoit environ fix lieues du nord au fud, & quatre environ de l'est à l'ouest. Les terres y produifoient fur-tout du vin. Son principal fleuve étoit l'Afopus, duquel tout le pays a quclquefois porré le nom d'Afopie.

SIDA ou SIDE, ville de l'Afie, dans la Pamphylie, fur le bord de la mer, auprès de l'embouchure du fleuve Eurymėdon, felon Ptolemée..

SIDA, ville de Grèce, dans le Péloponnèfe. Elle prenoit ce nom d'une des filles de Danaüs, felon Paufanias.

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