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DIX-HUITIÈME LEÇON

Du bulbe rachidien.

MESSIEURS,

Rappelons d'abord très-rapidement, comme nous l'avons fait pour la moelle, les principaux faits d'anatomie descriptive qui se rattachent à l'organe dont nous allons entreprendre l'histoire physiologique et pathologique.

Constitution anatomique du bulbe.

On donne le nom de bulbe au renflement coniforme qui surmonte la moelle et la relie à l'encéphale proprement dit. Tout dans son as

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pect semble indiquer qu'il fait partie de l'axe médullaire qui s'évaserait au moment de se perdre dans la masse encéphalique.

(*) A, base du bulbe. B. collet du bulbe. C, trou borgne. D, sillon médian antérieur. E, pyramide antérieure. F, nerf moteur oculaire externe. H, olive. G, sillon latéral et grand nerf hypoglosse. K, protubérance. M, cervelet. N, grosse racine du nerf trijumeau. R, nerf auditif.

C'est un cône tronqué à base supérieure, qui ne mesure pas plus de trois centimètres dans toute sa longueur. Sa base (A) correspond à la protubérance, dont elle se distingue parfaitement en avant et avec laquelle elle se confond en arrière, sans ligne de démarcation bien apparente. Son sommet tranche sur la moelle par un léger étranglement qui a reçu le nom de collet du bulbe (B). On lui reconnaît quatre faces: une antérieure, une postérieure et deux latérales. La face antérieure présente de haut en bas, sur la ligne médiane : 1o un léger enfoncement appelé trou borgne de Vic d'Azyr (C); 2o un sillon médian qui continue le sillon médian antérieur de la moelle (D); 3o au fond de ce sillon un lacis de fibres qui s'entre-croisent entre elles et qui a reçu le nom d'entre-croisement des pyramides. De chaque côté de la ligne médiane on aperçoit : 1° une saillie blanche de forme pyramidale, d'où le nom de pyramide antérieure (E). De la base de cette pyramide, qui est dirigée en haut, on voit émerger le nerf moteur oculaire externe (F); 2° un sillon latéral qui limite la pyramide en dehors et d'où émerge le nerf grand hypoglosse (G); 3° une petite saillie ovoïde qui est appelée olive (H).

La face postérieure apparaît nettement formée de deux parties d'aspects essentiellement différents l'une, inférieure, qui reste

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cylindrique comme la moelle; l'autre, supérieure, qui s'étale, s'élargit et offre une surface relativement plane.

(*) A, Calamus scriptorius. B, barbes du calamus. C, pyramides postérieures. D, corps restiforme. E, pédoncule cérébelleux inférieur. K, point marquant le niveau du nœud vital. M, centre glycogénique de Cl. Bernard.

La portion cylindrique offre la même disposition et la même conformation que la moelle. Il n'en est plus de même de la portion supérieure, qui présente une physionomie tout à fait spéciale au bulbe. Les parties blanches. qui semblent faire suite aux cordons postérieurs, s'écartent, divergent chacune en haut et en dehors, démasquant, pour ainsi dire, de cette façon la substance grise centrale qui, considérablement augmentée et étalée, comblerait l'espace triangulaire créé par l'écartement des parties blanches postérieures, espace qui concourt, avec la face postérieure de la protubérance, à former le plancher du 4o ventricule. Par le fait même de ces modifications, cette région offre à considérer: 1° sur la ligne médiane, un sillon qui continue sur un plan plus profond le sillon médian postérieur de la moelle et qui prend le nom de calamus scriptórius (A); 2o de chaque côté de ce sillon, une couche de substance grise tapissant le plancher du 4° ventricule, et les fibres nerveuses blanches dirigées transversalement et dont l'ensemble est appelé barbes du calamus scriptorius (B). Ce sont des racines du nerf auditif; 3o deux renflements mamelonnés qui circonscrivent, en se réunissant sous un angle aigu, la partie inférieure du plancher, et qui portent le nom de pyramides postérieures (C); 4o en dehors de ces pyramides, deux renflements cylindriques qui semblent, à l'œil, être la continuation des cordons postérieurs et qui ont reçu la désignation de corps restiformes (D). Classiquement, on admet que ces cordons se divisent en deux faisceaux dont l'un se porte vers le cervelet et devient le pédoncule cérébelleux inférieur (E), tandis que l'autre s'enfonce sous le plancher pour se continuer dans l'épaisseur de la moitié postérieure de la protubérance.

Quand on regarde le bulbe par sa face latérale, on aperçoit forcément le profil de parties qui appartiennent aux faces antérieure et postérieure. C'est ainsi que se dessinent en avant les contours de l'olive et en arrière ceux du corps restiforme. Mais entre ces deux profils on aperçoit un cordon blanc appartenant en propre à la face latérale, distinct de l'olive et du corps restiforme. Ce cordon, qui est séparé des renflements précédents par deux sillons latéraux, a reçu le nom de faisceau latéral du bulbe (A). En haut de ce cordon existe une dépression appelée fossette latérale du bulbe, d'où on voit sortir le nerf facial (B) et le nerf auditif (C). Du faisceau lui-même émerge le nerf spinal (D). Enfin, dans le sillon qui sépare le faisceau latéral du corps restiforme se trouvent les origines ap

parentes des nerfs glosso-pharyngien (E) et pneumogastrique (F). La structure de cet organe est assez complexe, et, pour la rendre

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aussi claire que possible, il est nécessaire de considérer à part et successivement, les divers faisceaux que nous venons de nommer. Quand on a dissocié artificiellement les fibres blanches des pyra

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mides antérieures, on constate qu'elles forment deux faisceaux qui se distinguent par la direction de leurs éléments. Les fibres qui oc

(*) A, faisceau latéral du hulbe. B, facial. K, nerf de Wrisberg. C, glosso-pharyngien. F, pneumogastrique. D, spinal.

cupent la partie externe restent directes, c'est-à-dire qu'elles se maintiennent toujours d'un seul et même côté dans le bulbe, la moelle et la protubérance. Les fibres internes croisent, au contraire, sur la ligne médiane les fibres internes du côté opposé, de telle sorte que dans la moelle le cordon antérieur droit, par exemple, se trouve composé de fibres ayant appartenu à la moitié droite du bulbe et de la protubérance, et de fibres ayant primitivement appartenu à la moitié gauche du bulbe et de la protubérance. C'est là ce qu'on a appelé l'entre-croisement des pyramides, fait anatomique à l'aide duquel les pathologistes ont pensé pouvoir expliquer les paralysies croisées auxquelles donnent lieu les maladies des lobes cérébraux. Il est au moins insuffisant pour rendre compte complétement de cet effet pathologique, car l'entre-croisement n'est que partiel; il est la reproduction du chiasma des nerfs optiques. D'après Deiters, les pyramides ne seraient pas la continuation des cordons antérieurs qui, eux, poursuivraient en dessous leur trajet direct. Elles constitueraient un nouveau faisceau surajouté à ceux de.la moelle, une sculpture en relief appliquée sur le bâtiment primitif. Elles seraient formées de fibres qui prendraient naissance dans les cellules mêmes du bulbe et qui se porteraient de là jusque dans le cerveau. Cette opinion est hypothétique.

Les fibres du faisceau latéral sont généralement regardées comme se continuant avec celles du cordon latéral de la moelle. Beaucoup d'auteurs prétendent qu'il s'opère entre elles un entre-croisement complet. On admet aussi qu'elles continuent leur trajet dans la protubérance jusque dans le corps strié, de même que celles des pyramides. Schroeder van der Kolk pense qu'elles se terminent dans le bulbe lui-même et qu'elles se jettent dans des cellules qui donnent, d'autre part, naissance aux nerfs pneumogastrique et spinal.

Les corps restiformes, qui passent, comme nous l'avons déjà dit, pour faire suite inférieurement aux cordons postérieurs et pour se diviser en haut en deux faisceaux dont l'un, interne, se prolongerait directement à travers la partie postérieure de la protubérance, et dont l'autre, externe, se porterait vers le cervelet, semblent, d'après un certain nombre de recherches plus modernes, affecter une disposition tout à fait différente. Les cordons postérieurs s'arrêteraient à la partie inférieure du bulbe et leurs fibres se perdraient dans les cellules de cette partie. Les corps restiformes résulteraient de l'agglomération de nouvelles fibres appartenant en propre au bulbe et

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