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LES

AMANTS MAGNIFIQUES

COMÉDIE

MÊLÉE DE MUsique et d'entRÉES DE BALLET,

REPRÉSENTÉE POUR LE ROI, A SAINT-GERMAIN EN LAYE

AU MOIS DE FÉVRIER 16701,

SOUS LE TITRE DU DIVERTISSEMENT ROYAL.

1. La première fois, le 4 février: voyez le début de la Notice.

NOTICE.

Ce fut le 4 février 1670, à Saint-Germain en Laye, que parut, pour la première fois, encadrée dans le brillant Divertissement royal, la comédie des Amants magnifiques. Quelques éditeurs des OEuvres de Molière ont à tort hésité sur la date. Celle du 7 septembre 1670 est indiquée par Bret1, qui, le premier peut-être, autorisa une erreur, souvent répétée depuis. Nous ne croyons même pas qu'il y ait eu, ce jour-là, une reprise, à la cour, du Divertissement royal, que Bret a probablement confondu avec les fêtes données à Versailles au duc de Buckingham: la comédie qui y fut jouée par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne, la veille du jour dont il parle, le samedi 6 septembre 1670, fut le Gentilhomme de Beauce, encore dans sa nouveauté, et dont l'auteur était Montfleury. La Gazette ne laisse pas de doute sur la date de la première représentation des Amants magnifiques :

« De Saint-Germain en Laye, le 7 févriers.

« Le 4, Leurs Majestés prirent, pour la première fois, un Divertissement justement appelé Royal, puisque les belles choses dont il est composé sont accompagnées de toute la magnifi

1. OEuvres de Molière (1773), tome V, p. 473.

2. Voyez la Gazette du 13 septembre 1670, p. 887, et la Lettre (de Robinet) à Madame, de même date, où la comédie est nommée. Voyez aussi la relation publiée par la Gazette, le 19 septembre 1670, p. 809-820, sous ce titre Le second régal, au chateau de Versailles, fait par le Roi au duc de Buckinghame (sic).

3. Gazette du 8 février 1670, p. 143.

cence imaginable, et qu'il a pour sujet deux princes rivaux qui appliquent tous leurs soins à bien régaler une princesse. L'ouverture de la scène se fait avec une agréable symphonie, par le spectacle d'une mer bordée de rochers, avec des Tritons et des Amours sur des dauphins; et, comme ce divertissement est mêlé d'entrées de ballet et de comédie, huit pêcheurs y font, dans le premier intermède, une danse qui est suivie de celle du dieu Neptune, représenté par le Roi avec cette grâce et cette majesté qui brillent dans toutes ses actions, étant assisté de six Dieux marins, deux desquels sont désignés par le comte d'Armagnac et le marquis de Villeroy. Les autres intermèdes ont leurs diverses beautés, tant par les danses et les récits que par les changements de théâtre en grottes et amphithéâtres très-superbes. Et dans le dernier, Apollon, encore représenté par le Roi, paroît au bruit des trompettes et des violons, précédé de six personnes qui portent des lauriers entrelacés, avec un soleil d'or et la devise royale en façon de trophée tellement que ce spectacle, qui est la Fête des Jeux Pythiens, fut jugé des mieux concertés qui aient encore paru dans une cour à qui toutes les autres le cèdent en matière de magnificence et de galanterie. »

Voilà comment de la comédie, peu digne, pourrait-on croire, d'être remarquée au milieu de ces danses et de ces surprenants spectacles, la Gazette fait à peine mention, se contentant d'énoncer ce que, dans le sujet, Molière nous apprend avoir été dû, sans grande fatigue certainement, à l'imagination du Roi.

Un numéro extraordinaire de la même Gazette1, daté du 21 février 1670, consacre au Divertissement une relation beaucoup plus longue, où Molière n'est pas plus nommé que dans l'article, que nous venons de citer, du 8 février. Elle ajoute à cet article une très-pompeuse description, mais aucun détail intéressant sur la composition et la représentation soit de la comédie, soit de l'ensemble dans lequel elle était encadrée, et nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de la donner en appendice, à la suite de la pièce.

Robinet, dans sa Lettre en vers à Madame, du 8 février,

1. Pages 169-180.

annonce la même représentation du 4, avec une admiration aussi officielle que celle de la Gazette :

Comme voici le Carnaval,

Un Divertissement royal

A présent notre cour occupe,
Dont, sans que rien me préoccupe,
Je puis dire, après l'Imprimé
Demi-prosé, demi-rimé,

Qu'en a dressé ce chantre illustre,
Benserade, homme du balustre1,
Qu'il passe tout ce qu'on a vu
De plus grand, de mieux entendu,
De plus galant, plus magnifique,
De plus mignon, plus héroïque,
Pour divertir en ce temps-ci,
Où l'on met à part tout souci,
La cour du plus grand Roi du monde.
Il y paroît le Dieu de l'Onde
Et le Dieu du mont Parnassus,
Avec tant d'éclat que rien plus,
Qui fait que tout chacun admire
Ce redoutable et charmant Sire,
Qui, sans contrefaire ces Dieux,
Est, par ma foi, bien plus Dieu qu'eux.
Ailleurs je reprendrai carrière

Sur cette pompeuse matière,
Qu'ici je ne fais qu'effleurer,

Faute de place pour narrer
Ce spectacle presque céleste.

Ce n'était pas comme témoin oculaire que Robinet s'extasiait, mais, ainsi qu'il l'avoue, sur la foi de l'imprimé, c'est-à-dire

1. C'est-à-dire homme qui étoit dans la familiarité royale. Le balustre entourait le lit du Roi. C'est ainsi que l'expression nous paraît devoir être expliquée ici, et non tout à fait comme dans ces deux vers de la Muse historique de Loret sur le maréchal de l'Hôpital (lettre du 28 septembre 1658):

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Il n'est pas impossible cependant que Robinet ait voulu dire que Bensserade était comme une sorte de duc parmi les poëtes, « près

MOLIÈRE. VII

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