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sailles, représenté le 18 juillet 1668, était, à coup sûr, de l'invention de Molière, et Benserade n'y fut pour rien. Après une promenade dans les jardins, la cour se rendit au labyrinthe, où l'attendait une merveilleuse collation. Tous les assistants y firent honneur largement. On alla ensuite occuper une salle de théâtre bocagère, pour

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Fig. 237. Les plaisirs de l'Isle enchantée. Le feu d'artifice de la troisième journée. (Même source.)

assister à la représentation de la comédie de George Dandin. Au sortir du spectacle, le roi conduisit la cour a à une espèce de palais enchanté, d'une structure aussi rare et aussi singulière que les faiseurs de romans en aient imaginé. » Là, dans des salons rafraîchis par les jets d'eau, un souper délicieux fut servi pour trois cents dames, et le reste des invités soupa dans les allées voisines. Le souper achevé, on passa dans la salle de bal et, après les danses, une illumination aussi étrange que prodigieuse appela

toute l'assemblée au milieu des jardins, où fut tiré un feu d'artifice qui ne devança que de peu d'instants les premiers rayons de l'aurore. Le divertissement royal de Saint-Germain, au mois de septembre 1670, n'eut pas le même éclat que le précédent : on y représenta pourtant une nouvelle comédie de Molière, les Amants magnifiques. Le divertissement de Chambord, mêlé de comédie, de musique et de ballet, dura plusieurs jours, au mois de décembre 1669: Molière,

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qui en était l'organisateur, y fit représenter Monsieur de Pourceaugnac. L'année suivante, au mois d'octobre, nouveau divertissement à Chambord, pour la représentation du Bourgeois gentilhomme. Le ballet des ballets, dansé à Saint-Germain en Laye au mois de décembre 1671, en l'honneur de la princesse Palatine, était un composé des plus beaux endroits de tous les divertissements précédents, que le roi avait choisis lui-même, et que Molière avait travaillé à fondre ensemble, de concert avec Quinault et Lully. Il y fit entrer aussi une de ses comédies, la Comtesse d'Escarbagnas, qui n'avait pas encore paru. Ce pot-pourri dramatique et musical eut tant de succès, que le roi en demanda un autre du même genre, à Molière, qui ne fit que s'em

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Char décoratif figurant la forteresse de Montmélian, prise par Catinat (21 décembre 1691); d'après Séb. Le Clerc.

prunter à lui-même les intermèdes de plusieurs de ses comédies, pour en composer une pastorale intitulée les Fêtes de l'Amour et de Bacchus, avec la collaboration de Quinault et de Lully (13 novembre 1671). Mais Lully, qui avait obtenu le privilège de l'Académie royale de musique, voyait dans ces divertissements représentés à la cour une concurrence dangereuse pour son entreprise théâtrale. Molière, mort le 17 février 1673, n'était plus là d'ailleurs pour donner

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des idées et des plans au roi, qui pouvait se persuader qu'il contribuait pour la plus grande part aux fêtes de cour et aux divertissements, qu'il remplissait en quelque sorte de sa glorieuse et auguste personnalité. Lully dirigea encore les divertissements, donnés par le roi à toute la cour, en 1674, au retour de la conquête de la FrancheComté; mais Louis XIV ne lui demanda plus rien jusqu'en 1679, où Urgande, tragédie en prose, ornée d'entrées de ballet, de machines et de changements de théâtre, fut représentée devant lui à Saint-Germain en Laye, le 25 janvier, « par un exprès commandement. »

C'en était fait des fêtes de cour, telles que Molière les avait créées pour les « rendre dignes du grand roi. » Au mois de janvier 1681, le

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