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ESCADRON DES TURCS, COMMANDE PAR LE PRINCE DE CONDE

CARROUSEL DE 1662

Imp do AC Paru

de Guise conduisait la cinquième quadrille représentant les sauvages. La reine, la reine mère, la reine d'Angleterre, entourées de toute la cour, étaient désignées comme les reines du camp et chargées, à ce titre, de distribuer le prix de chaque journée. Le roi fit admirer de

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tout le monde sa bonne grâce et son adresse; mais il avait demandé qu'on ne lui décernât pas de prix. Le marquis de Bellefonds, qui faisait partie de la quadrille de Monsieur, eut le prix de la première journée, qui était une boîte à portraits enrichie de diamants; le comte de Sault, de la quadrille du prince de Condé, eut le prix de la seconde

XVII SIÈCLE. - INSTITUTIONS. 60

journée, qu'il reçut des mains de la reine mère. « Ces fêtes, dit Vol-' taire, dans son Siècle de Louis XIV, ranimèrent plus que jamais le goût des devises et des emblèmes, que les tournois avaient autrefois mis à la mode et qui avaient subsisté après eux. » Mais si le peuple prenait grand plaisir à voir de magnifiques costumes, des chevaux superbes, des chars et des machines théâtrales, s'il applaudissait à l'adresse des joûteurs abattant des têtes de maures ou de sarrasins, courant la bague et atteignant le but de la quintaine, il ne pouvait ni comprendre ni apprécier ce qui, dans ces pompeux divertissements, faisait surtout la préoccupation et le charme de la cour.

Parmi les divertissements que la cour goûtait le plus, il ne faut pas oublier les ballets de cour, qui eurent pleine faveur depuis le règne de Henri IV jusqu'aux belles années de la jeunesse de Louis XIV. Ces ballets n'étaient pas ordinairement des actions dramatiques, ayant un commencement et une fin, avec des péripéties imprévues : c'étaient des exhibitions de personnages mythologiques, héroïques ou comiques, richement ou bizarrement habillés, qui venaient, au son de la musique, se montrer, en marchant ou dansant, avec une pantomime conforme aux costumes qu'ils portaient. C'étaient donc des mascarades plus ou moins ingénieuses et singulières, qui mettaient en relief les qualités physiques des acteurs muets, que la musique, la danse, les habits et la pantomime concouraient à caractériser. Or, les personnes de la cour, le roi et la reine eux-mêmes, prenaient un rôle et s'appliquaient à le bien remplir, soit sous le masque, soit à visage découvert, dans ces représentations d'apparat, qui enchantaient les spectateurs. Bientôt ces ballets pantomimes devinrent plus curieux et plus piquants, lorsque les poètes de cour imaginèrent d'expliquer en vers le rôle de chaque personnage et d'y ajouter des allusions malignes au caractère personnel des acteurs. Ces espèces de programmes, rimés en madrigaux ou en épigrammes, se distribuaient à l'entrée de la salle où le ballet devait avoir lieu, et l'assemblée, en regardant les danseurs, lisait les vers flatteurs ou caustiques qui s'adressaient à eux.

Sous Henri IV, on représenta au Louvre le ballet de douze dames tontes couvertes d'estoilles, le ballet des princes vestus de fleurs et de

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