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Foire annuelle tenue à Saint-Ouen, au bord de la Seine; d'après Israël Sylvestre (1672).

et dans la soirée, pour y acheter une multitude d'affiquets et de bibelots, qui se métamorphosaient, chaque année, selon le caprice de la mode, et pour assister à une multitude de spectacles, de concerts et de divertissements.

Le peuple n'avait pas perdu l'habitude de tenir cour plénière dans les rues, les dimanches et les jours de fête, qui se renouvelaient sans cesse autrefois; tous les soirs, dans la belle saison, on sortait des maisons et des boutiques pour prendre le frais, et l'on profitait des bonnes relations de voisinage pour se divertir par des jeux, des chants et des danses, qui étaient plus bruyantes et plus animées dans les carrefours.

Pendant la journée, les jeunes garçons s'exerçaient à la longue paume et à la courte paume, au mail, à la boule, aux quilles et à d'autres passe-temps, dit Sauval. On allait aux rôtisseries du petit Châtelet ou bien à celles de la rue aux Ours, pour y chercher une oie grasse sortant toute chaude de la broche, car il n'y avait pas de bon repas, à Paris, dans le peuple et dans la bourgeoisie, quand on n'avait pas mangé de l'oie. Les hommes seuls visitaient de compagnie les cabarets, qui étaient alors fort nombreux dans tous les quartiers, et sur le tard, bien des buveurs rentraient ivres au logis. Les trois plus fameux cabarets, au dix-septième siècle, furent celui de la Pomme de pin, dans la Cité; celui du Petit-Saint-Antoine, près de la Bastille et la Croix-Blanche, au cimetière Saint-Jean. Il y avait pourtant alors beaucoup moins d'ivrognes qu'aujourd'hui, parce que le peuple travaillait davantage et ne quittait pas l'ouvrage, par accès de paresse. Les occasions de faire bombance ne se présentaient que trop, néanmoins, en ce temps-là, puisque les fêtes chômées revenaient à tout propos, et que chacun, apprenti ou patron, appartenait à quelque confrérie, qui se réunissait le plus souvent possible à l'église le matin, et le soir au cabaret. Henri IV fit des efforts inutiles pour empêcher ou du moins pour diminuer ces repas de confrérie, qui faisaient autant de tort à la santé qu'à la bourse des gens de métier.

Indépendamment des époques particulièrement consacrées au plaisir, telles que le carnaval, avec sa promenade du boeuf gras, ses mas

carades souvent licencieuses et les mille divertissements des jours gras, où le peuple semblait faire provision de gaieté avant les austé

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rités du carême, on n'imagine pas combien de fêtes servaient de prétextes à des amusettes, à des folies et à des plaisanteries, généralement fort innocentes. A la fête de Saint-Simon et de Saint-Jude, on envoyait au Temple les crédules et les naïfs, en leur disant qu'on

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y distribuait des nèfles à tout venant, et là, ils étaient accueillis des nazardes que leur donnaient les complices de la mystification.

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Le jour de la Conception de Notre-Dame, c'était le tour des nouveaux apprentis, qu'on forçait à baiser la figure en pierre de la Truie qui file, vieille enseigne qui formait l'encognure d'une maison du marché aux Poirées, et au moment où le patient exécutait l'ordre de

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