Page images
PDF
EPUB

collège de Clermont, qui prit en 1682 le nom de collège de Louis-leGrand. Voici dans quelles circonstances: La reconstruction de ce collège était terminée, et le roi y avait puissamment contribué par ses dons, qui permirent aux jésuites d'acheter les vieux collèges du Mans et de Marmoutier pour les ajouter à leur collège. L'inauguration des nouveaux bâtiments se fit avec solennité; les élèves devaient représenter une tragédie latine et lire des vers composés à la gloire du roi, qui avait

[graphic][merged small][ocr errors][subsumed][subsumed][merged small][merged small][ocr errors]

promis d'assister à cette représentation; Louis XIV en fut très satisfait, et il exprima sa satisfaction, en disant à un seigneur qui applaudissait au succès de la pièce et des acteurs : « Faut-il s'en étonner? c'est mon collège! Cette parole ne fut pas perdue: par ordre du recteur, l'ancienne inscription, qu'on voyait depuis 1564 au-dessus de la grande porte du collège, fut enlevée pendant la nuit, et des ouvriers gravèrent, en lettres d'or sur marbre noir, cette inscription qui remplaça la première Collegium Ludovici magni. Louis XIV se reconnut parrain de ce collège, qu'il regardait comme le meilleur de tous et qu'il ne cessa d'honorer de sa sollicitude et de sa munificence.

[ocr errors]

L'université cependant, en s'efforçant d'imiter les méthodes du collège de Louis-le-Grand, avait relevé la prospérité de quelques-uns de ses collèges, notamment ceux du Plessis et d'Harcourt, et nonobstant le mauvais vouloir des courtisans à son égard, elle se montrait inflexible pour le maintien de ses privilèges. Ainsi le savant Rollin, nommé recteur en 1694, avait refusé d'aller à l'archevêché, où monseigneur de Harlay manifestait l'intention de se faire représenter par son grand vicaire. « Je ne suis point d'avis d'aller chez M. de Harlay, dit-il. Je ne demande point de bénéfice; je ne crains ni n'espère rien, et je ne mettrai jamais l'université dans l'esclavage. » Rollin tint bon également contre le chancelier, lorsque, voulant faire entrer son carrosse dans la cour de l'hôtel Boucherat, le suisse eut l'insolence de lui répondre qu'on n'avait pas d'ordre pour ouvrir la porte; mais le chancelier, averti par un valet de chambre, désapprouva la grossièreté de son suisse et adressa des excuses au recteur. « Pardonnezmoi, Monseigneur, lui dit Rollin, de me montrer chatouilleux, dès que l'honneur de l'université se trouve en jeu. >>

[graphic][merged small]
[graphic][subsumed][merged small][merged small]
[ocr errors]
[ocr errors]

Mouvement des esprits vers les œuvres de charité au dix-septième siècle. - Les hôpitaux sous Henri IV; insuffisance de l'Hôtel-Dieu; l'hôpital Saint-Louis. Les hôpitaux sous Louis XIII; la Pitié; les Incurables; les sœurs hospitalières. - Saint Vincent de Paul, Mine Legras et les sœurs de charité. — La charité en province. Les Enfants trouvés. - L'Hôpital général. Les grandes communautés de femmes la Visitation, les Carmélites, les Ursulines, etc. : Les grandes communautés d'hommes: l'Oratoire, les Pères de la Doctrine chrétienne, etc. Les Missions. Les établissements d'éducation et les maisons de refuge. Les séminaires; Olier. Mme de Maintenon et Saint-Cyr.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

I le dix-septième siècle fut le théâtre de luttes religieuses, dont le récit excéderait les bornes de notre cadre et que nous devons abandonner à l'histoire générale, de même que la politique, la guerre et la diplomatie, il nous offre un spectacle plus doux et plus consolant, qu'on ne peut contempler sans une douce émotion, celui des grandes œuvres de charité que cette

époque vit se multiplier de toutes parts sous les auspices de la religion. Ce fut alors dans toutes les classes de la société, dans les plus humbles comme dans les plus élevées, une ardente émulation de faire le bien, de secourir l'infortune, d'aider les pauvres, de soigner les malades, de répandre dans le peuple les bienfaits de l'instruction chrétienne, d'ouvrir, en quelque sorte, la maison de Dieu à tout ce qui

[graphic]

souffre, à tout ce qui pleure, à tout ce qui a froid, à tout ce qui a faim. C'est que jamais peut-être, à aucune époque, la misère ne fut plus affreuse que pendant la Ligue, pendant le règne de Louis XIII, et surtout pendant la Fronde.

Saint Vincent de Paul, dont les premiers travaux charitables remontent à 1600 et se continuent sans un jour d'interruption jusqu'à sa mort en 1660, est comme la personnification la plus touchante, la plus admirable de l'amour du prochain, amour inspiré, illuminé, fortifié par la foi. On dirait que son exemple et sa parole faisaient sortir de tous les rangs de la famille humaine ces dévouements intrépides et infatigables qui se consacrent au service de la misère et de la souffrance. Ce sont les femmes, on se plaît à le constater, qui contribuent avec le plus d'ardeur à ce qu'on appelait les œuvres de miséricorde, à ces actes de dévotion et de charité que rien ne décourage, que rien n'arrête, quand il faut, pour employer la belle expression de saint François de Sales, « recueillir et soulager les pauvres membres souffrants de Jésus-Christ. » Et, parmi ces saintes femmes, ce sont les plus nobles, les plus belles, les plus illustres de la cour, qui visitent les hôpitaux et les prisons, qui pansent des plaies infectes et qui nettoient des enfants couverts de vermine.

Une des préoccupations de Henri IV, durant son règne, fut de créer des hôpitaux à Paris, qui n'en avait qu'un seul, le vieil Hôtel-Dieu, à peine suffisant pour recevoir les malades de toute la ville en temps ordinaire, et tout à fait impropre à sa destination en cas d'épidémie. Or, depuis la Ligue, les épidémies qu'on qualifiait de peste, se renouvelaient sans cesse et faisaient toujours un grand nombre de victimes, qui périssaient la plupart faute de soins. « La ville de Paris, lit-on dans le Mercure françois de 1607, avoit esté affligée par la peste l'année dernière, ny ayant aucun lieu pour retirer les pestiferez, sinon l'Hostel-Dieu qui est au milieu de la ville. » Le roi, à qui la reine Marie de Médicis avait souvent parlé des soins qu'on apportait en Italie à l'établissement des hôpitaux, reconnut combien l'Hôtel-Dieu était au-dessous des nécessités du moment. On y admettait indistinctement les pestiférés, c'est-à-dire les malheureux frappés de

maladies épidémiques ou contagieuses, comme ceux atteints d'autres maladies graves ou légères, entassés, confondus, réunis souvent dans le même lit au nombre de six ou sept malades ou moribonds; la plupart y trouvaient la mort, et de ce foyer d'infection l'épidémie se propageait avec rapidité dans les quartiers voisins, dont elle décimait les habitants. Quand l'Hôtel-Dieu était plein, les pauvres gens qu'on

[graphic][merged small][ocr errors][merged small]

y amenait en foule mouraient dans la rue. La reine Marie de Médicis avait donc fait venir de Florence, à ses frais, en 1602, cinq frères de la congrégation de Saint-Jean de Dieu ou de la Charité; elle les établit au faubourg Saint-Germain, à l'entrée du Pré-aux-Clercs, où l'on ouvrit un hôpital provisoire, qui rendit des services réels, grâce aux libéralités des dames de la cour; le nombre des frères s'augmenta, et ce petit hôpital de la Charité allait s'étendre, lorsque la reine Marguerite acquit de l'université le terrain même sur lequel l'hôpital avait été placé et y fit construire son hôtel; mais elle con

[merged small][ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »