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Après avoir publié un grand nombre d'édits et d'ordonnances sur le fait de la marine, Colbert les coordonna, en 1681, dans un code qui comprenait toute la jurisprudence maritime, et qui fut considéré à juste titre comme un chef-d'oeuvre de police et d'administration navales. Après la mort de Colbert (1683), Seignelay continua avec zèle l'œuvre de son père, « mais la jalousie de Louvois, dit Saint-Simon, écrasa la marine. » Les désastres de la Hogue et de la guerre de Succession lui portèrent un coup funeste. Vers la fin du règne de Louis XIV, on pouvait voir les débris de nos flottes pourrir dans les ports et trois cent soixante-neuf navires rester inachevés sur les chantiers.

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Administration financière de Sully.

merce français.

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Mesures prises par Henri IV en faveur de l'industrie et du comDésordres financiers pendant la régence de Marie de Médicis; États généraux de 1614. Les finances sous Richelieu. Minorité de Louis XIV; misère et dilapidations. Mazarin et Fouquet. Ordre rétabli dans les finances. - Impulsion donnée

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Colbert et son administration.

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aux diverses branches de l'activité nationale; développement de la marine marchande et du commerce extérieur ; création de grandes manufactures. Premiers insuccès de Colbert; rivalité de Louvois. Mort de Colbert; ses successeurs.

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Na vu (chap. II) comment Sully avait justifié la confiance que lui accordait Henri IV, en s'attachant à faire une guerre implacable aux abus de toute nature qui régnaient dans les finances depuis tant d'années, et qui n'avaient fait que s'accroître durant les troubles de la Ligue. Il dut s'armer d'une résolution inflexible, pour arrêter le pillage des deniers de l'État et pour faire rendre gorge aux voleurs : il avait affaire à une « effrénée quantité d'officiers, qui détruisoient tous les revenus du roi; il avait affaire à d'anciens partisans, qui tenaient à vil prix les gabelles, les cinq grosses fermes, les péages des rivières, etc., « par l'intelligence d'aucuns du conseil, lesquels y avoient part; » enfin il

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avait affaire à de puissants personnages, gouverneurs de provinces et grands seigneurs, qui levaient des impôts qu'ils avaient établis à leur profit et de leur seule autorité. C'est ainsi que le duc d'Épernon touchait, dans son gouvernement de Guyenne, 60,000 écus de taxes arbitraires, sans lettres patentes du roi. Sully y mit ordre, et il eut à répondre, dans le conseil même, aux insolentes réclamations de d'Épernon. Sa réponse fut celle d'un soldat, décidé à faire respecter avec son épée les droits de son autorité administrative. Henri IV était alors à Fontainebleau; il écrivit à son ministre, que si M. d'Épernon osait l'appeler en duel comme il l'en avait menacé, c'était le roi qui viendrait en personne lui servir de second.

Le roi, à cette époque, ne recevait pas les deux tiers des sommes que les trésoriers percevaient en son nom sur la masse des différents impôts, et sur la taille seule, qui devait se monter annuellement à 16,230,000 francs, il y avait en 1597 un arriéré de plus de vingt millions. Il fallut toute l'activité, toute la persévérance, toute l'adresse de Sully, pour équilibrer, avant tout, la recette et la dépense, en payant les dettes énormes de l'État et en comblant le déficit effrayant qui existait dans tous les services publics. Le surintendant des finances avait obtenu ces grands résultats en cinq ans, par le fait seul de nombreuses réformes dans la perception des impôts.

En 1602, les tailles avaient été réduites de 1,400,000 écus, ainsi que le constate le préambule de l'édit de la même année; et cependant, tout en réduisant les tailles et les gabelles à mesure que s'accroissait la prospérité publique, l'habile ministre avait pu, à force d'économies, payer cent millions de dettes du roi, et créer un fonds de réserve en numéraire qui dépassait seize millions en 1610. Le revenu ordinaire de la France n'était pourtant alors que de vingt-six millions.

La situation prospère des finances se trouvait au niveau de celle de l'industrie et du commerce, qui devaient surtout leurs progrès rapides à l'influence directe de Henri IV et à ses intelligentes innovations. Sully ne partageait pas toujours à cet égard les idées et les vues du roi, mais il n'avait garde de les contrarier; il se bornait à essayer de les modifier, dans de longs entretiens. Au sortir des

guerres civiles, en 1595, la plupart des manufactures françaises étaient ruinées, et celles qui n'avaient pas arrêté tout à fait le travail ne produisaient que des marchandises de qualité inférieure et peu abondantes. Tout ce qu'on fabriquait de draps grossiers et d'étoffes communes suffisait à la consommation restreinte des pauvres gens. La fabrique de Rouen conservait seule, en France, le privilège de faire des draps fins, que n'égalaient pas ceux de l'Angleterre, mais qui étaient alors presque dédaignés, car le luxe et la mode voulaient qu'on portât de la soie au lieu de drap; or, la France ne fabriquait pas d'étoffes de soie; elle ne savait plus même employer ses belles laines pour faire des serges et des étamines de bonne qualité, ses beaux chanvres pour faire des toiles fines, ses excellents cuirs, naguère si bien tannés, pour faire de bonnes chaussures; on ne faisait plus rien que de grossier et d'imparfait, la main-d'œuvre s'était comme perdue, et les matières premières passaient, à l'état brut, en Italie, en Suisse, en Flandre et en Angleterre, pour revenir, toutes fabriquées, sur le marché français, au détriment de l'industrie nationale.

« Les Anglais, disait Barthélemy Laffemas dans un mémoire au roi, font apporter en ce royaume telle abondance de leurs manufactures de toutes sortes, qu'ils en remplissent le pays, jusqu'à leurs vieux chapeaux, bottes et savattes, qu'ils font porter en Picardie et en Normandie, à pleins vaisseaux, au grand mespris des François et de la police. Où l'on peut remédier par l'establissement du commerce et manufactures. » Laffemas, après avoir constaté, dans ce même mémoire, la décadence de l'industrie française, notamment dans le rayon de la capitale, avait proposé au roi d'établir, en chaque ville, une chambre de commerce, pour réveiller l'émulation des anciennes. communautés d'arts et métiers, et, en chaque chef-lieu de diocèse, un grand bureau des manufactures, des marchands et des artisans, pour concentrer et diriger les efforts de l'industrie locale; mais il demandait, en même temps, la prohibition absolue des marchandises. étrangères dans le royaume. Tel était aussi le vœu de l'assemblée des notables de Rouen, en 1596, ainsi que des délégués des manufactures de la Touraine et du Languedoc. Henri IV accueillit ce

vœu général, et toutes les marchandises étrangères furent prohibées par l'édit de 1599. On n'avait pas songé que l'usage des bas de soie et des draps d'or et d'argent était général à la cour et dans la riche bourgeoisie. La fabrique de Lyon commençait à peine à façonner quelques draps d'or et d'argent; la fabrique de Tours ne produisait encore qu'une petite quantité de bas de soie, à des prix

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Le château royal de Madrid, au bois de Boulogne, bâti pour François Ier en 1529.

On lit au bas de cette gravure, non signée, du XVII siècle : a Présentement on y a établi une manufacture de bas de sole. »>

exorbitants. Il y eut donc un cri de colère et d'indignation chez les consommateurs, comme chez les marchands qui ne pouvaient plus vendre ni acheter le roi fut assiégé de réclamations contre le nouveau système prohibitif, que les contrebandiers se chargeaient déjà de battre en brèche : « J'aimerois mieux, disait Henri IV, combattre le roi d'Espagne en trois batailles rangées, que tous ces gens de justice, de finances, d'écritoire et de villes, et surtout leurs femmes et leurs filles, que vous me jetteriez sur les bras par vos défenses. » Il révoqua donc son édit malencontreux, et rouvrit les bureaux de douane à toutes les marchandises étrangères qui étaient

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