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traites pures et les idées empiriques ont un lien commun dans les lois de la pensée; que la preuve abstraite et la preuve empirique intimement unies forment la seule preuve véritable. Il n'entrevit pas encore que, de même qu'une facile expérience confirme les vérités mathématiques, une science parfaite du monde en prouverait le Créateur avec une égale évidence. Il n'entrevit pas enfin que le travail total, l'expérience et l'abstraction, soutenus par les lois de la pensée dans leur action à travers la vie du genre humain, parviendraient à la connaissance des choses finies et bornées, et que cette science, quelque lointaine qu'elle soit, du moment qu'elle serait complète, s'élèverait à la hauteur de l'absolu, à la hauteur de ce qui est et ne peut pas ne pas être tel qu'il est.

Preuve de l'existence de Dicu selon l'esprit de la philosophie historique.

XIV. La tradition, les rapports sociaux, le développement de notre science

et de nos sentiments déterminent la nature et le choix de nos croyances, nous portent même à les sanctifier par le martyre. Mais si tous ces mobiles, quelque beaux et puissants qu'ils soient, n'ont aucune force probante; du moins devons-nous reconnaître qu'au fond de toutes les religions et théories philosophiques brille toujours, malgré le voile dont les dogmes et doctrines le couvrent, le besoin, la simple tendance de conclure à l'être absolu, infini, éternel, à une unité fondamentale quelconque. Besoin incontestable, reconnu par ceux-mêmes qui nous refusent le pouvoir de démontrer l'existence de l'absolu.

C'est une conséquence nécessaire de la nature de la pensée, de ses principes de connaissance: Rien n'est sans manière et sans raison d'être, et, cherchant à nous rendre compte de l'existence des choses, nous les réfléchissons dans leurs rapports avec l'espace et le temps. Ceux-ci vides et stériles, sans substance et sans force pro

ductrice, équivalant au néant, ne peuvent donc être conçus sans quelque chose qui les remplisse et les mesure. Donnée évidente, mais dont nous sortons du moment que nous définissons ce quelque chose dans sa nature propre, sans nous arrêter à la considération que ce n'est toujours qu'un effet de notre pensée, et que pour faire ce nouveau pas il nous faudrait une nouvelle donnée.

XV. Devant cette simple analyse tombent toutes nos spéculations abstraites au sujet de la manière d'être de ce quelque chose. Est-ce un être particulier, ou bien l'ensemble des choses? est-ce seulement leur substance? est-ce l'un et l'autre, ou n'est-ce, en définitive, qu'un produit de notre imagination? Toute donnée directe nous manque. pour arriver du coup à une solution quelconque; revenons donc franchement à l'expérience, et posons la solution selon l'esprit de la méthode générale.

XVI. Ce qu'il y a sûrement dans l'espace et le temps, c'est nous-mêmes et le monde la matière, le genre humain, de

nombreux êtres animés et organiques. Dans son rapport avec l'espace et le temps, le genre humain, comme espèce, n'a pas habité de tout temps le globe. L'état physique et chimique qui précéda les derniers cataclysmes s'opposait à son existence1.

Il n'est pas le produit de races qui vécurent antérieurement à son apparition parce que les espèces, du moins les espèces supérieures, sont immobiles. Quelque soient les irrégularités de la génération, elles s'arrêtent à des limites dont les lois sont précises, quoique leur cause soit encore in

connue.

Tous les êtres animés sont le développement d'un type fondamental qui se montre vaguement dans la formation des fœtus, et se modific sous l'influence du milieu, des climats et du sol.

Le type, engendré par d'autres êtres vi

Cette question et les suivantes seront traitées spécialement dans les Essais sur la Genèse et l'Homme.

vants, effet fatal d'un acte instinctif, se trouve en accord avec la nature même des êtres générateurs : l'effet étant proportionel et de même nature que la cause aveugle, le type est donc soumis aux irrégularités, aux modifications, aux lois auxquelles l'espèce est sujette.

Quelque mal que la science définisse encore les divers types, ils existent, quand même ce ne seraient que de simples vésicules organiques. Ils sont, de toute nécessité, en accord avec les qualités et lois générales du globe, et avec celles des êtres. générateurs. La première vésicule formée c'est le type; l'accord établi, c'est la vie, résultante de l'action harmonique des éléments organiques sous l'influence du monde extérieur.

XVII. Mais les vésicules premières et la vie dans leur origine et leur principe? Deux solutions sont en présence:

La première fondée sur l'apparition dans de nombreuses décompositions chimiques et organiques d'êtres vivants qu'on ne voit

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