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des remboursements de capitaux reçus depuis 1814, el elle fit l'appel accoutumé à la charité publique. - Tout cela étant encore insuffisant, le conseil municipal vint à son secours et, par une délibération approuvée le 9 juin, il inscrivit à son budget un crédit extraordinaire de 12,000 francs pour continuer les distributions de pain qui, sans ce secours, n'auraient pu se prolonger davantage.

Dans cette année calamiteuse, toutes les classes de citoyens eurent à supporter quelques privations; mais les ouvriers, et je parle des meilleurs à qui le salaire du jour suffit dans les temps ordinaires, n'ont guère moins souffert que les indigents. Malgré le prix excessif du pain, l'argent ne suffisait pas toujours pour en avoir à discrétion. Les consommateurs s'assemblaient devant les boulangeries fermées, et, à l'arrivée d'un agent de police préposé à la vente, on ouvrait le magasin et l'on distribuait le pain qui s'y trouvait, au prix de la laxe et à raison d'une miche de 6 livres seulement par famille. Une société de subsistances, organisée par les soins de l'administration et entretenue par le dévouement des citoyens notables, parvint à livrer le pain à 50 centimes au dessous de la taxe; mais les ouvriers, pour profiter de cette faveur, étaient souvent obligés de passer les nuits aux portes des hospices de St-Jacques et de Bellevaux, attendant la distribution qui se faisait le lendemain matin, et plusieurs fois les derniers venus eurent le chagrin de rentrer les mains vides dans leurs familles désolées. Il n'y avait pas du pain pour tout Cette société bienfaisante avait pris une

le monde.

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autre mesure qui rendit des services signalés à la classe ouvrière: s'étant procuré une certaine quantité de ble étranger, elle avait pu le livrer sur le marché à 8 francs au-dessous du cours, grâce à l'activité de ses membres et au désintéressement de ses correspondants. La quòtité dévolue à chaque famille était fixée d'avance, el nulle n'en pouvait prétendre davantage; mais l'épouse, en quittant pour un instant le nom de son mari, trompait quelquefois la surveillance des employés préposés à la vente. Innocente supercherie que l'amour maternel et le dévouement filial ont presque toujours inspirée dans celle époque néfaste où l'instinct de la conservation s'alliait aux sentiments les plus élevés et les plus honorables.

Depuis 1817, grâce à Dieu, le bureau de bienfaisance n'a traversé aucune époque aussi difficile. Le travail rétabli partout, la paix officiellement promise à la France, et l'ordre restauré aussitôt que compromis dans les régions de la politique, ont imprimé à ses opérations le calme et la régularité qui, tout en satisfaisant le présent, lui garantissent désormais l'avenir.

Les demandes de secours doivent être adressées à MM. les administrateurs du bureau de bienfaisance ou à M. le maire qui le préside.

SOCIÉTÉS BIENFAISANTES.

Institution des dames de charité. - Société des sœurs de la charité. Société de Saint-Vincent-de-Paul. Association-de

-

secours et de patronage. Société de secours établie par le culte réformé. Société de secours établie par le culte israé-

lite.

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Associations pour secours mutuels.

INSTITUTION DES DAMES DE CHARITÉ.

L'Association des Dames de charité est l'œuvre d'une grand saint qui en a inspiré beaucoup d'autres.

En 1617, saint Vincent de Paul ayant observé qu'une partie des aumônes qui se distribuaient à Châtillon-lesDombes, dont il était curé, se perdaient pour n'être pas distribuées avec prudence, il décida deux dames des celle paroisse à s'unir à quelques autres personnes pour: veiller à la distribution des secours. Bientôt des associations de dames pieuses s'établirent sur le même modèle et dans le même but dans les villes principales du royaume, et Besançon, fidèle à ses traditions de charité, ne fut pas la dernière à fonder la sienne.

En 1692, Henry Perrinot, chanoine de Sainte-Made.

leine, réunit onze dames (1) et leur proposa deux choses essentielles : 1° Demander à Dieu par des prières, des pénitences et des aumônes la grâce d'une bonne mort; 2o Assister les pauvres de la paroisse.

D'après les status, les membres de cette société s'assemblaient une fois par mois, et à chaque séance, qui commençait par une instruction pieuse, on se rendait compte des dépenses faites par l'association, et ou traitait de tout ce qui pouvait intéresser les pauvres de la paroisse.

Chaque associée entrait directement en rapport avec les pauvres, prenait connaissance de leurs besoins et leur remettait les secours qui leur étaient attribués; en outre, chacune d'elles était chargée, à tour de rôle et pendant la durée d'une semaine, de faire la soupe des pauvres et de quêter à l'église le dimanche et les jours de fète. Le produit de ces quêtes était une des principales ressources de l'OEuvre; on y joignait une sorte de cotisation que chaque associée devait acquitter toutes les semaines, sous forme d'aumône dont la quotité était laissée à la volonté et aux moyens de chaque membre. A côté de cette cotisation facultative, il y en avait une autre obligatoire fixée à la somme de 3 livres, spécialement destinée à l'habillement de quelques pauvres el à

(1) Ces onze dames étaient : Mme veuve Morel, née Varin, Mme Morel, née Lacour, Mme veuve Durney, née Damondan, Mme Cornu, née Grevillot, Mme Roy, née Philippe, Mme Prost, née Fallon, Mme Petitot, née Potu, Mme Balliez, née Carez, Mme Perron, née Libri, Mme Racle, née Morel, Mine Potu, nee Bitot.

faciliter la multiplication des lits qui, alors comme aujourd'hui, préoccupait beaucoup tous ceux qui visitaient les indigents.

Chaque semaine, l'association distribuait la soupe aux pauvres inscrits sur les listes officielles; on donnait, ent outre, à chaque famille qui avait un malade, un pain de 3 livres et demie par semaine, et chaque jour une demilivre de viande et un bouillon.

Mgr Antoine-Pierre de Grammont, alors archevêque de Besançon, applaudit à cette association naissante; il lui accorda de justes éloges, et les exemples de ferveur et de charité que donnèrent les premières associées, furent si efficaces, qu'en peu d'années l'association se trouva composée de 52 personnes.

Pendant la révolution, cette association subit le sort commun à toutes les institutions charitables; mais l'esprit qui l'avait créée survécut à l'orage qui semblait l'avoir brisée, et nous la voyons reparaître en l'an IX (1801) sous l'inspiration du curé de la paroisse de l'Assomption, aujourd'hui Notre-Dame.

M. l'abbé Bacoffe fit pour ces dames un règlement qu'il fit approuver par M. Marson, alors préfet du Doubs. Celui ci les autorisa à se réunir en société pour différentes œuvres de charité, et notamment pour quêter dans les paroisses.

L'association des Dames de charité n'offre à l'histoire qu'un intérêt fort limité. Bornées dans leur but, restreintes dans leurs ressources, ses œuvres, empreintes d'une discrétion toute chrétienne, exercent sur le pauvre

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