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TABLE DES MATIÈRES.

Séance du 28 janvier 1858.

Discours de M. le président..

Discours de réception de M. le marquis Terrier de Loray....

Réponse de M. le président.....

Pièces de vers, par M. Al. de Saint-Juan...... Les Martyrs de Séquanie, par M. le vicomte. Chifflet....

Fables, par M. Viancin.....

Etude sur Proudhon, par M. Loiseau...

De l'indigence et de la bienfaisance dans la ville de Besançon, par M. Druhen, aîné, 4re partie.... Elections...

Programme des prix à décerner en 1859...

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BESANÇON. DODIVERS ET Co, IMP. DE L'Académie, grande-rue, 42.

DES

SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS

DE BESANÇON.

SÉANCE PUBLIQUE DU 23 AOUT 1858.

Président annuel, M. l'abbé BESSON.

DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT.

Messieurs,

Les lettres sont le bon ou le mauvais génie des peuples qui les cultivent, selon qu'elles demandent leurs inspirations à la vérité ou à l'erreur, à la modestie ou à l'orgueil. Salutaire ou dangereuse, leur influence sera toujours puissante, et, quoi qu'on en ait dit, la poésie, l'histoire, l'éloquence, la philosophie, demeureront les

reines du monde.

Une académie où elles se rencontrent depuis un siècle, comme sur un terrain commun, et qui a réuni dans celte province toutes les intelligences d'élite et toutes les sommités sociales, a donc sa mission, ses devoirs, sa responsabilité devant Dieu et devant les hommes..

Sa mission est d'évangéliser de bonnes doctrines; son devoir de faire éclore les talents et de les guider; sa responsabilité est un fardeau pour chaque membre, quand elle n'est pas une louange pour le corps tout entier. Si elle honore, chacun la revendique; si elle pèse, chacun la décline.

Dans le XVIII siècle, où il était de mode d'attaquer le vieil édifice social, ni le bel esprit du temps, ni les caprices de l'opinion, ni les sophismes de la secte encyclopédique, n'ont pu altérer l'esprit religieux de l'académie. Vos devanciers se sont honorés par d'énergiques résistances aux préjugés de la foule et aux entraînements des systèmes; ils ont fourni à la religion outragée ses plus savants et ses plus généreux défenseurs ; et c'est à notre attachement aux vérités éternelles que nous devons la gloire de nos premiers jours. Vous m'aviez permis, Messieurs, de rappeler devant vous ce noble passé; permettez-moi aujourd'hui de vous remercier de votre bienveillance, en vous exprimant les vœux que je forme pour votre avenir.

Votre ministère est tout à la fois un ministère de conservation et de progrès. Il faut savoir maintenir pour mériter d'entraîner; et l'initiative du bien n'est heureuse et féconde que là où la résistance au mal est ferme, courageuse, inflexible. La stabilité des maximes et des croyances peut seule assurer la durée des institutions. C'est pourquoi, dans vos réprobations comme dans vos encouragements, dans les travaux que vous publiez comme dans ceux que vous couronnez, à côté de la marque du bon goût on trouve la marque de la bonne doctrine. S'il s'agit de réparer

vos pertes et de compléter vos rangs, le talent seul ne vous touche pas vous voulez encore l'honneur dans la conduite, la politesse et la distinction dans les manières, l'art de vivre, de converser et de s'entendre, à une cerlaine hauteur, avec tous ceux qui ont la passion des grandes choses. Ne demandons jamais moins. Nos récompenses et nos suffrages iront assez aux plus capables; faisons qu'ils aillent aussi aux plus vertueux. D'aventureux critiques ont demandé parfois à l'académie de se retremper et de se rajeunir en adoptant avec enthousiasme toutes les idées du jour. Une société sans tradition peut s'abandonner à ces entraînements; la vôtre les a évités, en demeurant fidèle à elle-même. Tolérons donc que l'on nous accuse de dormir profondément, parce que nous n'avons rien rêvé d'extravagant; d'être les ennemis des lumières, parce que nous n'aimons pas les incendies; d'élever des barrières aux progrès de l'esprit humain, parce que nous voudrions l'empêcher de s'élancer dans les abîmes. Enfin, si l'on nous reproche de ne pas marcher avec le siècle, consolons-nous encore, car nous pouvons le devancer au lieu de le suivre.

Si le présent vous échappe, il vous appartient d'enchatner l'avenir. L'avenir, c'est la jeunesse. Je ne viens point gémir sur l'infériorité de ses études comparées aux nôtres, ni prédire, à l'exemple du poëte latin, une décadence nouvelle dans les esprits et dans les mœurs. Sans être fort idolâtre de notre siècle, nous pouvons reconnattre, à certains signes, que les classes élevées s'améliorent, que les idées y sont plus saines, l'ambition plus. noble, la loi du travail mieux comprise. Lá, si mes pré

visions ne me trompent pas, commence à se former une génération choisie, qui ne reculera ni devant les austères labeurs de la pensée, ni devant les sacrifices du dévouement. Il est des jeunes gens qu'une nature plus riche ou une vocation plus haute appelle à recevoir un développement d'esprit, de caractère, de conscience, plus ferme, plus étendu, plus élevé, plus profond. Voilà ceux que la Providence destine à servir leur province et à aider leurs semblables. Il dépend beaucoup de nous qu'ils comprennent cette mission ou qu'ils la négligent, qu'ils soient utiles ou nuisibles, qu'ils perdent un jour leur pays ou qu'ils le sauvent.

Allons de bonne heure à leur rencontre, et tendons à leurs premiers efforts une main bienveillante. Prêchonsleur par nos exemples et par nos discours l'attachement à la Franche-Comté, l'amour de tous les devoirs, l'honnêteté de la vie, la dignité du caractère, la recherche de la vraie grandeur.

Nous souhaitons d'abord à cette jeunesse qu'elle aime son pays avec passion, qu'elle y pense avec regret si elle s'en éloigne un moment, et qu'elle y revienne avec bonheur. C'est lui souhaiter ce qui la rendra libre et heureuse, la modestie et le bon sens. Près de vous, elle n'apprendra de la littérature que ce qu'il y a d'élevé et d'utile; loin de vous, elle trouverait des succès aussi faciles qu'entraînants, aussi éphémères que dangereux. Il y a à Paris deux écoles que nous ne connaissons point ici celle du roman et celle du théâtre. Elles attirent, au début de leur carrière, les jeunes gens doués d'une facilité agréable et jaloux de se faire un nom. Ah! que

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