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» l'homme de bien par excellence; l'autre, recevant les » leçons d'une province qui n'était pas aveuglée, parce » qu'elle était restée chrétienne, s'excuse, avec trop » d'humilité sans doute, de la médiocrité de ses lalents, el invoque pour seuls moyens de défense la raison et la vérité. Celui-là, en cherchant la renom» mée, n'a trouvé que la célébrité d'un sophiste; celuici, sans même le savoir, est arrivé à une réputation >> beaucoup plus durable, parce qu'elle a pour base la >> vertu qu'on ne saurait flétrir, et la religion qu'on ne >> saurait vaincre. >>

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Pour être court, je me borne à citer les dernières lignes de l'ouvrage.

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« Les bons esprits de nos jours commencent à se » lasser de l'erreur et des préjugés ; les arguments des sophistes n'ont plus cours parmi eux; les admira»teurs du XVIe siècle achèvent de vivre sans faire de >> disciples; peut-être la jèunesse d'aujourd'hui est-elle » destinée à voir s'accomplir cette parole de M. de » Maistre : « Quand on méprisera les ouvrages des impies autant qu'ils le méritent, la révolution sera finie." » Le même philosophe avait dit: Le XIXe siècle a » commencé par la déclaration des droits de l'homme, » il pourra bien finir par la déclaration des droits de » Dieu.» Que cette prophétie se réalise ou non, qu'il » soit donné à la religion de voir ses ennemis dissipés, le mensonge sans crédit et l'impiété sans ressources, » ou bien que de nouveaux combats viennent l'éprouver sans toutefois la vaincre, l'Église, dans ses

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>> triomphes comme dans ses revers, n'oubliera pas le

>> modeste et savant apôtre, qui, dans un temps si diffi

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cile, n'a pas craint de faire entendre le langage de la » foi, et qui a consacré sa vie toute entière à venger » son culte et à défendre ses enseignements.

» Nous ne demandons pour Bergier, ni monuments »> ni statue. Ses livres vivront plus que le marbre et la » pierre où nous avons gravé, avec trop d'empresse ment peut-être, des gloires d'un jour et des noms » que le temps ne respectera pas. Autant il fut au» dessus de l'ambition pendant sa vie, autant il demeure » au-dessus de la louange après sa mort. La compagnie

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qui a mis son éloge au concours n'en a pas moins >> droit à nos remerciments. Nous lui devons d'avoir lu, » connu, compris et aimé Bergier; de telles lectures » nourrissent l'esprit autant qu'elles l'éclairent, et c'est ⚫ d'elles qu'on peut dire avec le plus de justesse :

» C'est avoir profité que de savoir s'y plaire.

Votre commission, Messieurs, a jugé ce travail assez consciencieusement préparé, assez habilement exécuté, pour lui adjuger le prix d'éloquence.

Elle vous prie d'accorder au numéro 1 une mention honorable.

A la suite de ce rapport, M. le président ayant ouvert les billets cachetés joints aux deux ouvrages, a proclamé M. Paul de Beauséjour comme auteur du discours no 2, qui a été jugé digne du prix, et M. l'abbé Bresson, maître d'études au petit séminaire de Luxeuil, comme auteur du discours no 1, qui a mérité une mention honorable.

POÉSIES

Par M. ALEXANDRE DE SAINT-JUAN.

LE DROMADAIRE ET L'ANE.

FABLE.

Trois Musulmans, dont un cadi,

Un dromadaire méhari,

Avec un âne,

A Medine la sainte allaient en caravane.

Après six jours de marche en ces déserts perdus,
Sur un sable de braise et sous un ciel de flamme,
Bêtes et gens n'en pouvaient plus,

L'âne surtout: à fendre l'âme

Il gémissait ! Courage, allons,

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Disait le dromadaire ; au-delà de ces monts,

Près d'ici, dans trois jours, tous deux nous trouverons
Herbage tendre, eau fraîche en abondance.
D'ailleurs ces pleurs sont indignes de toi;
M'en vois-tu par hasard répandre?

Poursuis ta route, imite-moi;

Arrive à bien qui peut attendre.

- Bien parlé, reprit l'âne en se plaignant toujours; Mais le pouvoir est le point nécessaire,

Car je n'ai pas, monsieur le dromadaire,

Comme vous au départ bu de l'eau pour huit jours.

Aux donneurs de conseils, race qu'on n'aime guère,

Sur ce texte on pourrait certe en dire bien long;
Mais je me tais sans commentaire.

Dire tout aujourd'hui n'est ni prudent ni bon.

LE POT AU FEU ET LE VASE DE CHINE.

FABLE.

Grosjean, un grand lourdaud arrivé du village
Tout fraîchement laquais chez un haut personnage,
Je ne sais trop pour quel usage,
Avait laissé le pot au feu dans le salon.
A l'aspect de ce marmiton,

Qu'avait noirci l'âtre de la cuisine,
Tout moucheté de taches de bouillon,

Et qui sentait un tant soit peu l'oignon,
Du haut d'un riche guéridon,

Un énorme vase de Chine,

Au col apoplectique, à l'abdomen bien rond,
Pot, mandarin de l'Empire-Céleste,
L'apostropha de ce ton leste:

Que viens-tu faire ici, manant,

Toi dont la fange est l'élément?

Un salon n'est point fait pour les gens de ta sorte;
Reprends le chemin de la porte,
Sans plus tarder déguerpis lestement;
Sais-tu, maraud, qu'ici nous sommes,
Cruchons et pots, tous gentilhommes!
Ce vase qui semble fêlé,
C'est du Céladon craquelé,
Il a coûté de folles sommes.

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Ce plat de Sèvre à la riche couleur

Est le cadeau d'un empereur.

On paierait cent louis ces trois tasses de Saxe. Pour moi, personne ne me taxe;

Je suis sans prix et sans défaut,

Et Dieu seul peut savoir ce que je vaux.

Abasourdi, courbant la tête,

Le pot au feu tremblant songeait à la retraite,
Quand brusquement un vieux fauteuil,
(Le pot au feu n'avait osé répondre)
Gourmanda vertement l'orgueil

Du Chinois insolent et le sut bien confondre :

Prince du saint Empire du milieu,
Dont le trône est de porcelaine,
Souffrez que je défende un peu
Ce bonhomme de pot au feu
Que votre Excellence malmène.

Il n'est pas comme vous un pot de qualité,
Il n'a pas le vernis de votre laque fine,
Mais il n'a pas aussi votre fragilité

Et tous deux vous avez une même origine.
Comme lui, Monseigneur, vous sortez du limon,
Que ce soit à Paris, que ce soit à Canton,

C'est même chose, j'imagine.

Quant à vos rôles, m'est avis

Qu'au pot au feu l'on doit donner le prix.
Tandis que, sur cette étagère,

Vous étalez à la lumière

Une splendide oisiveté,

Moins brillant, dans une humble sphère,

Le pot au feu modestement

Confectionne un aliment

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