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Dieu presque intacte; Dieu créateur de l'univers; l'âme libre et immortelle récompensée ou punie dans une seconde vie; l'expiation après la mort; le pommier arbre de la science; la terre purifiée par les eaux tombant autour de la barque (1); le monde devant périr par le feu, quand la trompe sonnera; l'expiation par le sang du juste s'offrant en victime volontaire, et enfin, chose étonnante, l'enfantement attendu de la Vierge, tout cela décèle d'une manière frappante les primitifs enseignements donnés par Dieu à la race humaine.

Tout cela, il est vrai, s'était peu à peu mélangé d'erreurs et avait fini par être défiguré par le contact des théogonies grecque et romaine; les attributs du Dieu unique avaient été transformés en autant de dieux divers, et les descendants des Gaëls, abandonnant le Dieu de leur père Japhet et se faisant des figures de pierre et de bronze comme leurs nouveaux maîtres, étaient enfin devenus idolâtres.

Mais tout nous porte à croire qu'un certain nombre d'initiés, préservés de la corruption étrangère par la haine des envahisseurs de la patrie avaient conservé la vieille foi druidique. Cette foi, malgré les cruautés de son culte (2), les rêveries de la métempsycose, les puérilités mythologiques, les pratiques habituelles de la magie qui

(1) Toute la race humaine périt excepté un homme et une femme qui se sauvèrent dans un vaisseau sans voile que la prévoyance de Hu avait préparé dès longtemps. Ce vaisseau portait un échantillon mâle et femelle de chaque espèce d'animaux. Davies, mythologie et rites des Druides bretons.

(2) Cruautés que les historiens romains ont très-probablement exagérées.

s'y mêlaient, était comparativement très-pure en face de l'Olympe et des rites profondément infâmes de Rome, La chasteté, les vertus du foyer domestique, l'hospitalité, la douceur pour l'esclave, la fidélité en amitié, le respect de l'enfance et de la vieillesse, toutes ces vertus, dès longtemps méprisées à Rome, donnaient au Druide le droit de regarder de haut celui qui allait le juger. Et cependant le reproche de Galba était juste, et le Druide était en effet coupable. Il avait, comme le disait le propréteur, caché la vérité comme un avare; par ce crime commun aux sacerdoces antiques, la vérité s'était perdue et les peuples étaient tombés dans l'erreur. Aussi à ce reproche Alduovorix se trouble, ses réponses deviennent vagues, il a recours à un faux-fuyant: ton œil estil assex pur pour la voir ? puis, il se jette dans l'attaque des cultes romains.

La scène que nous avons décrite n'est point évidemment de l'histoire réelle, mais elle est de l'histoire vraie ; Vesontio dut être témoin de pareils drames, et les derniers adeptes de la vieille foi des Gaules durent plus d'une fois sceller ainsi courageusement de leur sang ce qui n'était certainement plus la vérité pure, mais ce qu'ils croyaient être la vérité.

Voilà comment nous avons compris le Druidisme. Cette foi qui, durant quinze siècles, fut la foi de notre terre, méritait une étude spéciale.

RAPPORT

DE M. PÉRENNĖS,

Secrétaire perpétuel,

SUR LES TRAVAUX ACADÉMIQUES

DE L'ANNÉE 1856.

Messieurs,

Un ancien directeur de cette Compagnie, homme distingué par l'esprit autant que par les vertus militaires, le brave général comte de Coutard, écrivait plaisamment à un de ses amis au sortir d'une séance publique qu'il avait présidée : Nous étions là une quarantaine qui ne nous disions pas de sottises. Les académiciens en effet ne se réunissent pas sous les yeux du public pour se censurer mutuellement, mais ils ne s'assemblent pas non plus pour faire entre eux un vain échange de politesses. Le secrétaire perpétuel surtout, qui est en quelque sorte l'historien de la Compagnie, doit regarder comme son premier devoir, de rester fidèle à la vérité, tout en constatant les travaux accomplis par ses confrères dans le cours de l'année qui vient de finir.

L'Académie, instituée pour seconder le progrès des

lettres et des arts dans la province, exerce son action de trois manières par les prix qu'elle décerne chaque année dans ses concours; par les travaux collectifs exécutés en son nom, et par les œuvres individuelles de sesinem bres.

Sila Compagnie, cédant à un sentiment d'amour-propre dont les corps littéraires ne sont pas toujours exempts, n'avait d'autre but que d'attirer sur elle les regards du public, et de faire quelque bruit dans le monde, elle devrait se tenir aujourd'hui pour satisfaite. Ses concours annuels, celui de 1856 surtout, ont eu un grand retentissement, et ont amené dans la lice une remarquable élite d'intelligences accourues à ces tournois littéraires de toutes les parties de l'Empire. Mais une pensée plus noble et plus désintéressée la dirige dans le choix des sujets qu'elle livre à la discussion. Elle se propose surtout d'appeler l'attention et la lumière sur des questions vitales, dont la solution intéresse à un haut degré l'avenir de la société. L'intérêt qu'a excité la publicité donnée à ses programmes et les nombreuses marques d'adhésion qu'elle a reçues de toutes parts à cette occasion, ont témoigné que ses intentions avaient été appréciées par les hommes de bonne foi. Mais, s'il n'est pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre, il n'est non plus pires aveugles que ceux qui ne veulent pas voir, et l'esprit de parti met parfois sur les yeux un bandeau si épais, que tous les rayons du jour ne le sauraient percer.

En dépit de quelques insinuations malveillantes auxquelles un journal parisien a cru devoir ouvrir, l'an dernier ses colonnes, l'Académie peut, avec une légitime sa

tisfaction, reporter ses regards en arrière, et récapituler les questions qu'elle a proposées pour sujets de prix. Sans parler des concours d'histoire, dont le résultat a été plus d'une fois d'éclaircir des points obscurs de nos annales, ni des concours d'éloquence, qui ont eu pour sujet l'éloge des Franc-Comtois qui se sont fait un nom dans les sciences, les lettres, l'art militaire et la magistrature, sur quelle série de hautes questions d'économie politique n'avez-vous pas appelé, depuis vingt ans, la méditation et l'étude des travailleurs de l'intelligence? Qu'il me soit permis une fois pour toutes d'en rappeler les principales :

:

Dès 1837, vous mettiez au concours le problème si important des causes du nombre croissant des suicides et des moyens d'en arrêter le progrès, et votre appel, entendu par un grand nombre de talents distingués, donnait lieu à de remarquables mémoires, dont quelquesuns ont été publiés. L'année suivante, vous demandiez un travail sur les embellissements dont la ville de Besançon est susceptible. Plus tard, vous proposiez successivement la question de l'observation du dimanche envisagée aux points de vue de l'hygiène publique, de la morale, des relations de famille et de cité; l'examen comparatif des professions agricoles, industrielles et commerciales considérées sous le rapport de leur influence respective, sur les mœurs et le bien-être des populations; l'étude des conséquences économiques et morales de la loi sur le partage égal des biens entre les enfants; l'appréciation de l'influence probable des chemins de fer sur les intérêts moraux et matériels des po

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