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(8) Par forme de contribution. (Voyez les chapitres de la Dissimulation et de l'Esprit chagrin. La Bruyère.) (Voyez chap. I, note 3, et chap. xvII, note 6.) Le manuscrit du Vatican ajoute au commencement de cette phrase: << S'il est prévenu que cet ami fait une collecte; >> et à la fin, « Et rentre chez lui par un grand détour. >>

(9) Le manuscrit du Vatican ajoute : << Qui lui a porté << une dot considérable ; » et continue: « Mais il loue une << jeune fille pour la suivre dans ses sorties; » car je crois que c'est ainsi qu'il faut corriger et entendre ce texte. Le passage de Pollux, que j'ai cité au chap. II, note 6, s'oppose à la manière dont M. Schneider a voulu y suppléer: il est bien plus simple de lire, ἐκ τῶν γυναικείων παιδίων, et c'est un trait d'avarice de plus de ne louer qu'une femme. Cette conjecture ingénieuse est de M. Visconti. Le manuscrit du Vatican ajoute encore: «Il porte des souliers rac« commodés et à double semelle, et s'en vante en disant «< qu'ils sont aussi durs que de la corne. » (Voyez chap. IV,

note 2.)

(10) Ce dernier trait est tout-à-fait altéré par cette traduction, et il me semble qu'aucun éditeur n'en a encore saisi le véritable sens. Le grec dit : « Pour s'asseoir, il roule «<le vieux manteau qu'il porte lui-même; » c'est-à-dire au lieu de se faire suivre par un esclave qui porte un pliant, comme c'étoit l'usage des riches (Voyez Aristophane in Equit., v. 1381 et suiv., et Hésvch. in Oklad.), il épargne cette dépense en s'asseyant sur son vieux manteau.

CHAPITRE XXIII.

DE L'OSTENTATION.

Je n'estime pas que l'on puisse donner une idée plus juste de l'ostentation, qu'en disant que c'est dans l'homme une passion de faire montre d'un bien ou des avantages qu'il n'a pas. Celui en qui elle domine s'arrête dans l'endroit du Pirée (1) où les marchands étalent, et où se trouve un plus grand nombre d'étrangers; il entre en matière avec eux, il leur dit qu'il a beaucoup d'argent sur la mer; il discourt avec eux des avantages de ce commerce, des gains immenses qu'il y a à espérer pour ceux qui y entrent, et de ceux surtout que lui qui leur parle y a faits ( 2 ). Il aborde dans un voyage le premier qu'il trouve sur son chemin, lui fait compagnie, et lui dit bientôt qu'il a servi sous Alexandre (3), quels beaux vases et tout enrichis de pierreries il a rapportés de l'Asie, quels excellents ouvriers s'y rencontrent, et combien ceux de l'Europe leur sont inférieurs (4).

Il se vante dans une autre occasion d'une lettre ' qu'il a reçue d'Antipater (5), qui apprend que lui troisième est entré dans la Macédoine. Il dit

une autre fois que, bien que les magistrats lui aient permis tels transports de bois (6) qu'il lui plairoit sans payer de tribut, pour éviter néanmoins l'envie du peuple, il n'a point voulu user, de ce privilége. Il ajoute que, pendant une grande cherté de vivres, il a distribué aux pauvres citoyens d'Athènes jusques à la somme de cinq talents (7): et s'il parle à des gens qu'il ne connoît point, et dont il n'est pas mieux connu, il leur fait prendre des jetons, compter le nombre de ceux à qui il a fait ces largesses; et quoiqu'il monte à plus de six cents personnes, il leur donne à tous des noms convenables; et après avoir supputé les sommes particulières qu'il a données à chacun d'eux, il se trouve qu'il en résulte le double de ce qu'il pensoit, et que dix talents y sont employés, sans compter, poursuit-il, les galères que j'ai armées à mes dépens, et les charges publiques que j'ai exercées à mes frais et sans récompense (8). Cet homme fastueux va chez un fameux marchand de chevaux, fait sortir de l'écurie les plus beaux et les meilleurs, fait ses

offres, comme s'il vouloit les acheter. De même il visite les foires les plus célébres (9), entre sous les tentes des marchands, se fait déployer une riche robe, et qui vaut jusqu'à deux talents; et il sort en querellant son valet de ce qu'il ose le suivre sans porter de l'or sur lui pour les besoins où l'on se trouve (10). Enfin, s'il habite une maison dont il paye le loyer, il dit hardiment à quelqu'un qui l'ignore que c'est une maison de famille, et qu'il a héritée de son père; mais qu'il veut s'en défaire, seulement parcequ'elle est trop petite pour le grand nombre d'étrangers qu'il retire chez lui (11).

NOTES.

(1) Port à Athènes fort célèbre. (La Bruyère.) Le traducteur a exprimé par cette phrase une correction de Casaubon que peut-être le texte n'exigeoit point; le mot que donnent les manuscrits signifie la langue de terre qui joint la péninsule du Pirée au continent, et qui servoit de menade aux Athéniens.

pro

(2) Le manuscrit du Vatican ajoute, «Et des pertes ; » et continue: « Et en se vantant ainsi, il envoie son es<< clave à un comptoir où il n'a qu'une drachme à tou<< cher. >>

(3) Tous les manuscrits portent Évandre, nom que

l'on ne trouve point dans l'histoire de ce temps. Le manuscrit du Vatican ajoute, « Et comment il étoit avec << lui. >>>

(4) C'étoit contre l'opinion commune de toute la Grèce. (La Bruyère.) Cependant on faisoit venir d'Asie plusieurs articles de manufactures (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xx et Lv); et ce n'est que dans les beaux arts que les Grecs paroissent avoir eu une supériorité exclusive.

(5) L'un des capitaines d'Alexandre-le-Grand, et dont la famille régna quelque temps dans la Macédoine. (La Bruyère.) (Voyez chap. VIII, note 6.) Dans le reste de la phrase il faut, je crois, adopter la correction d'Auber, et traduire : « Qu'il est arrivé dans la Macédoine en trois <«<jours, » ou peut-être, « depuis trois jours. >>

(6) Parcèque les pins, les sapins, les cyprès, et tout autre bois propre à construire des vaisseaux, étoient rares dans le pays attique, l'on n'en permettoit le transport en d'autres pays qu'en payant un fort gros tribut. (La Bruyère.) Je crois, avec M. Coray, que ce trait a rapport à celui qui précède, et qu'il faut traduire : « Et que ce « prince lui ayant voulu permettre d'exporter des bois de <«< construction sans payer de droits, il l'avoit refusé pour << éviter les calomnies. » C'est de la Macédoine qu'on faisoit venir ordinairement ces bois. Le manuscrit du Vatican ajoute, d'après l'interprétation de M. Schneider: «< Car << il falloit bien être plus raisonnable que les Macédoniens.>>

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