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NOTES.

(1) Dans le grec, les noms des Caractères sont toujours des termes abstraits. On auroit pu intituler ce chapitre du Babil, et traduire la définition plus littéralement: << Le babil est une profusion de discours longs et «< irréfléchis. »

M. Barthélemy a inséré ce Caractère presque en entier dans le vingt-huitième chapitre de son Voyage du jeune Anacharsis.

(2) Le grec dit : « Sur le bas prix du blé. » A Athènes, cette denrée étoit taxée, et il y avoit des inspecteurs particuliers pour en surveiller la vente. On peut voir à ce sujet le chap. XII du Voyage du jeune Anacharsis, auquel je renverrai souvent le lecteur, parceque cet intéressant ouvrage donne des éclaircissements suffisants aux gens du monde, et fournit aux savants des citations pour des recherches ultérieures.

(3) Premières Bacchanales, qui se célébroient dans la ville. (La Bruyère.) La Bruyère appelle cette fète de Bacchus la première, pour la distinguer de celle de la campagne, dont il sera question plus bas. Elle étoit appelée ordinairement les grandes Dionysiaques, ou bien les Bacchanales par excellence; car elle étoit beaucoup plus brillante que celle de la campagne, où il n'y avoit point d'étrangers, parcequ'elle étoit célébrée en hiver. (Voyez le scoliaste d'Aristophane ad Acharn. v. 201 et 503, et le chap. XXIV du Voyage du jeune Anacharsis.)

Pendant l'hiver, les vaisseaux des anciens étoient tirés à terre et placés sous des hangars; on les lançoit de nouveau à la mer, au printemps: Trahuntque siccas machinæ carinas, dit Horace en faisant le tableau de cette saison, liv. I, ode IV.

(4) Les mystères de Cérès se célébroient la nuit, et il y avoit une émulation entre les Athéniens à qui apporteroit une plus grande torche. (La Bruyère.) Ces torches étoient allumées en mémoire de celles dont Cérès éclaira sa course nocturne en cherchant Proserpine ravie par Pluton. Pausanias nous apprend, liv. 1, chap. II, que dans le temple de Cérès à Athènes il y avoit une statue de Bacchus portant une torche; et l'on voit souvent des torches représentées dans les bas-reliefs ou autres monuments anciens qui retracent des cérémonies religieuses. (Voyez le Musée du Capitole, tome iv, planc. 57, et le Musée Pio Clem, tome v, planche 80.) Dans les grandes Dionysiaques d'Athènes, on en plaçoit sur les toits; et dans les Saturnales de Rome, on en érigeoit devant les maisons : il en étoit peut-être de mème dans les mystères de Cérès; car les mots devant l'autel ne sont point dans le texte.

(5) L'Odéon. Il avoit été bâti par Périclès, sur le modéle de la tente de Xerxès: son comble, terminé en pointe, étoit fait des antennes et des mâts enlevés aux vaisseaux des Perses: il fut brûlé au siège d'Athènes par Sylla.

(6) Fête de Cérès. Voyez ci-dessus. (La Bruyère.)

(7) En françois, la fête des Tromperies: son origine ne fait rien aux mœurs de ce chapitre. (La Bruyère.) Elle fut instituée et prit le nom que La Bruyère vient d'expliquer, parceque, dans le combat singulier que Mélanthus livra, au nom des Athéniens, à Xanthus, chef des Béotiens, Bacchus vint au secours du premier en trompant Xanthus. On trouvera quelques détails sur les usages de cette fête dans le chap. xxvi d'Anacharsis.

(8) Il auroit mieux valu traduire, «Et les Bacchanales << de la campagne dans le mois de décembre. » (Voy. cidessus, note 3.) Elles se célébroient près d'un temple appelé Lenæum, ou le temple du pressoir.

On peut consulter, sur les fêtes d'Athènes en général, et sur les mois dans lesquels elles étoient célébrées, la deuxième table ajoutée à l'ouvrage de l'abbé Barthélemy par son savant et modeste ami M. de Sainte-Croix, qui a éclairci l'histoire et les usages de la Grèce par tant de recherches profondes et utiles.

(9) Littéralement : « Il faut se débarrasser de telles << gens, et les fuir à toutes jambes. » Aristote dit un jour à un tel causeur: « Ce qui m'étonne, c'est qu'on ait des <<< oreilles pour t'entendre, quand on a des jambes pour

t'échapper.

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CHAPITRE IV.

DE LA RUSTICITÉ.

Il semble que la rusticité n'est autre chose qu'une ignorance grossière des bienséances. L'on voit en effet des gens rustiques et sans réflexion sortir un jour de médecine (1), et se trouver en cet état dans un lieu public parmi le monde; ne pas faire la différence de l'odeur forte du thym ou de la marjolaine d'avec les parfums les plus délicieux; être chaussés large et grossièrement; parler haut, et ne pouvoir se réduire à un ton de voix modéré; ne se pas fier à leurs amis sur les moindres affaires, pendant qu'ils s'en entretiennent avec leurs domestiques, jusques à rendre compte à leurs moindres valets (2) de ce qui aura été dit dans une assemblée publique. On les voit assis, leur robe relevée jusqu'aux genoux et d'une manière indécente. Il ne leur arrive pas en toute leur vie de rien admirer, ni de paroître surpris des choses les plus extraordinaires que

l'on rencontre sur les chemins (3); mais si c'est un bœuf, un âne, ou un vieux bouc, alors ils s'arrêtent et ne se lassent point de les contempler. Si quelquefois ils entrent dans leur cuisine, ils mangent avidement tout ce qu'ils y trouvent, boivent tout d'une haleine une grande tasse de vin pur; ils se cachent pour cela de leur servante, avec qui d'ailleurs ils vont au moulin, et entrent dans les plus petits détails du domestique (4). Ils interrompent leur souper, et se lévent pour donner une poignée d'herbes aux bêtes de charrue (5) qu'ils ont dans leurs étables. Heurte-t-on à leur porte pendant qu'ils dînent, ils sont attentifs et curieux. Vous remarquez toujours proche de leur table un gros chien de cour qu'ils appellent à eux, qu'ils empoignent par la gueule, en disant (6): Voilà celui qui garde la place, qui prend soin de la maison et de ceux qui sont dedans. Ces gerrs, épineux dans les payements qu'on leur fait, rebutent un grand nombre de pièces qu'ils croient légères, ou qui ne brillent pas assez à leurs yeux, et qu'on est obligé de leur changer. Ils sont occupés pendant la nuit d'une charrue, d'un sac, d'une faux, d'une corbeille, et ils rêvent à qui ils ont prêté ces ustensiles. Et lorsqu'ils mar

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