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une robe brodée, & une écharpe de me qu'aux pourpre. De tels préfens nous mar- premiéres diquent l'heureufe fimplicité qui régnoit alors parmi les Romains.

gmités.

Justin lib.

Philopator eut alors * d'Arfinoé, fa AN.M.3795. femme & sa sœur, un fils, qui fut Av.J.C.2c9. nommé Ptolémée Epiphane, & qui 30. cap. + lui fuccéda à l'âge de cinq ans. Tout l'Empire témoigna une grande joie à cette naiffance. La Syrie fe diftingua Jofeph. An entre toutes les provinces, & les plus sig. lib. allérent pays

confidérables du

pour

ce fujet en grand équipage à Alexandrie. Jofeph, dont j'ai parlé ailleurs, qui étoit Receveur général de ces provinces, trop âgé pour faire ce voiage, y envoia en fa place le plus jeune de fes fils, nommé Hircan, qui avoit beaucoup d'efprit & beaucoup. d'agrément dans les maniéres. Le Roi & la Reine le reçurent très favorablement, & lui firent l'honneur de le faire manger à leur table. Dans un de ces repas, les convives, qui le méprifoient comme un jeune homme fans efprit & fans expérience, mirent

*Juftin l'appelle Eurydiée. S'il ne fe trompe point, cette méme Reine avoit trois noms: Arfinoé, Cléopatre, Eurydice. Mais Cléopatre

étoit un nom commun aux
Reines d'Egypte comme
celui de Ptolémée ans
Ris.

cap. 4.

"

gran

devant lui les os des viandes qu'ils avoient mangées. Un boufon, qui faifoit rire le Roi par fes bons mots : » Vous voiez, Sire, dit-il, la quan» tité d'os qu'il y a devant Hircan ; & » vous pouvez juger par là de quelle » forte fon pere ronge toute la Syrie. Ces paroles firent rire le Roi, & il demanda à Hircan d'où venoit donc qu'il y avoit devant lui une si de quantité d'os. » Il ne faut pas, "Sire, lui répondit-il, s'en étonner. » Car les chiens mangent les os avec la » chair, comme vous voiez qu'ont fait » ceux qui font à la table de votre Majesté en montrant les autres : mais » les hommes fe contentent de man» ger la chair, & laiffent les os, com» me j'ai fait. « Les moqueurs pour lors furent moqués, & demeurérent muets & confus. Quand le jour où l'on devoit faire les préfens fut arrivé, comme Hircan avoit répandu le bruit Cing mille qu'il n'avoit que cinq talens à offrir, on s'attendoit qu'il feroit fort mal reçu du Roi, & l'on s'en faifoit un plaifir par avance. Les plus grands préfens que firent tous les autres ne Vingt wille montérent pas à plus de vingt talens. Mais Hircan offrit au Prince cent jeu

écus.

écus.

دو

,

nes garçons qu'il avoit achetés, bien faits & bien vétus, qui lui préfentérent chacun un talent; & à la Reine cent jeunes filles très bien parées dont chacune fit auffi un pareil préfent à cette Princeffe. Toute la Ĉour fut extraordinairement étonnée d'une fi grande & fi furprenante magnificence. Le Roi & la Reine renvoiérent Hircan comblé de marques d'amitié & de bonté.

Justin.l. 30.

cerpt. Vales.

Philopator, depuis la célébre vic-AN.M.3797. toire qu'il remporta à Raphia fur An- Av.J C. 207. tiochus, s'étoit livré à toutes fortes cap. 1. & 2. de plaisirs & de débauches. Agatho- Polyb. in Exclée fa concubine, Agathocle frere lib. 15. & 16. de cette concubine, & leur mere, le gouvernoient entiérement. Le jeu, les excès du vin, les déréglemens les plus infames, faifoient toute fon occupation. Il paffoit les nuits en débauches, & les jours en festins pleins de diffolutions. Oubliant abfolument qu'il étoit roi, au lieu de s'appliquer au gouvernement de fon roiaume, il fe piquoit de conduire la musique, & de jouer lui-même des inftrumens. Les femmes difpofoient de tout.Elles a feu

a Tribunatus, præfecturas, & ducatus muliezes ordinabant ; nec quif

quam in regno fuo minùs,
quàm ipfe rex
, poterat.
Juftin.

cap. 4.

les donnoient les charges, les commandemens, les gouvernemens ; & perfonne n'avoit moins de crédit dans le roiaume que le Roi même. Sofibe, vieux Ministre rufé, qui avoit fervi fous trois régnes, conduifoit les affaires de l'Etat, où fa longue expérience l'avoit rendu fort habile, non pas tout-à-fait comme il vouloit, mais comme les favoris le lui permettoient: & il étoit affez fcélérat, pour fuivre aveuglément les volontés les plus injuftes d'un Prince corrompu & de fes indignes favoris.

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Arfinoé, fœur & femme du Roi, Liv. lib. 27.n'avoit aucun pouvoir à la Cour. Les Favoris & le Miniftre n'avoient ni égards ni ménagemens pour elle. Elle de fon côté n'avoit pas affez de patience pour fouffrir tout fans fe plaindre. On s'ennuia de fes plaintes continuelles.Le Roi, & les perfonnes qui le gouvernoient, ordonnérent à Sofibe de les en défaire. Il le fit, & fe fervit pour cela d'un nommé Philammon, dont un affaffinat fi cruel & fi barbare ne fut pas apparemment l'apprentissage.

Cette derniere action, ajoutée à tant d'autres, déplut fi fort au peuple, que Sofibe fut obligé, avant la

mort du Roi, de quitter fon emploi. On lui donna pour fucceffeur Tlepoléme, jeune homme de qualité, qui s'étoit fignalé à l'armée par des actions de valeur & de prudence. Il eut toutes les voix dans un grand Confeil qui fe tint pour ce choix. Sofibe lui mit entre les mains le cachet du Roi, qui étoit la marque de fa Charge. Tlépoléme en fit les fonctions, & gouverna toutes les affaires du Roiaume, tant que le Roi vécut. Mais, quoique ce terme ne fut pas long, il ne fit que trop voir qu'il n'avoit pas les qualités néceffaires pour foutenir dignement un fi grand emploi. Il n'avoit ni l'expérience, ni l'habileté, ni l'application de fon prédéceffeur. Comme il étoit chargé du maniement des finances, & que toutes les graces du Roi & tous les paiemens paffoient par fes mains, tout le monde, comme c'est l'ordinaire, s'empreffoit à lui faire la cour. Il faifoit de grandes largeffes, mais fans choix & fans discernement, & prefque toujours à ceux qui étoient de fes parties de plaifir. Les louanges outrées des flateurs qui l'environnoient fans ceffe, lui firent croire qu'il avoit un mérite fupérieur à tous les

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