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pendant, & qui avoit pris fur lui une autorité abfolue, en profitant du caractére indolent de ce Prince, qui d'abord étoit bien aife de fe décharger fur lui du foin & de l'embarras de toutes les affaires.

Apollophane fon médecin, en qui il avoit grande confiance, & qui par fa place avoit un libre accès auprès de lui, prit fon tems pour lui repré fenter le mécontentement général des peuples, & le danger où il étoit luimême de la part d'un tel Miniftre. Il l'avertit de prendre garde à fa perfonne, de peur qu'il ne lui arrivât comme à fon frere en Phrygie d'être la victime de l'ambition de ceux en qui il avoit le plus de confiance. Qu'il étoit vifible qu'Hermias formoit quelque deffein, & qu'il n'y avoit point de tems à perdre fi on vouloit le prévenir. Voila les fervices réels qu'un Officier attaché à la perfonne du Prince, & véritablement affectionné, peut & doit lui rendre. Voila l'ufage qu'il doit faire de l'accès libre que fon Maître lui donne, & de la confiance dont il l'honore.

Antiochus étoit environné de Courtifans qu'il avoit comblés de bien

faits, dont aucun n'ofoit hazarder fa fortune en lui difant la vérité. On a bien raifon de dire, qu'une des graces les plus fignalées que Dieu puiffe accorder aux Rois, eft de les délivrer de la langue des flateurs, & du filence des gens de bien.

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Le Roi, comme je l'ai déja dit, avoit commencé à former des foupçons fur fon Miniftre, mais il ne s'en étoit ouvert à perfonne, parce qu'il ne favoit à qui se fier. Il fut bien aise que fon Médecin lui eût donné cet avis ; & il prit des mefures avec lui pour fe défaire d'un Miniftre fi généralement haï, & fi dangereux. Il s'écarta un peu de l'armée, fous prétexte de fa fanté, & il emmena Hermias pour lui tenir compagnie ; & dans une promenade où il l'avoit attiré affez loin de tous ceux que le Roi crut qui auroient pu prendre fon parti, il le fit affaffiner par fa fuite. Cette mort caufa une joie univerfelle dans tout l'Empire. Cet homme cruel & hautain avoit gouverné tout avec dureté & violence, & n'avoit jamais pu fouffiir qu'on ouvrît d'avis contraire au fien, ou qu'on apportât d'oppofition à fes deffeins, fans perdre ceux qui avoient eu le courage

Polyb. lib. 5.

pag. 401.

de le faire. Auffi s'étoit-il fait univer fellement haïr. Cette haine parut fur tout à Apamée. Car dès qu'on y eut la nouvelle de fa mort, toute la ville en furie courut lapider fa femme & fes enfans.

Antiochus, après avoir rétabli ft heureusement fes affaires dans l'Orient, & avoir rempli les gouvernemens des provinces de perfonnes de mérite, & en qui il avoit le plus de confiance, ramena encore fon armée en Syrie, & l'y mit en quartiers d'hiver. Il paffa le refte de l'année à Antioche à tenir de fréquens Confeils avec fes Miniftres fur les opérations de la campagne suivante.

Ce Prince avoit encore deux entreprifes bien dangereufes à exécuter, pour rétablir entiérement la fûreté & la gloire de l'Empire de Syrie : la première contre Ptolémée pour recouvrer la Célé-Syrie; & l'autre contre Achéus qui venoit d'ufurper l'Afie Mi

neure.

Ptolémée Evergéte s'étant emparé de toute la Célé-Syrie au commencement du régne de Séleucus Callinicus, comme il a été dit ci-devant; le Roi d'Egypte étoit encore en poffeffion

d'une bonne partie de cette province, & Antiochus trouvoit ce voisinage bien incommode.

Pour ce qui eft d'Achéus, on a dér ja vû comment il avoit refufé la Couronne qu'on lui avoit offerte après la mort de Séleucus Céraunus, & l'avoit mife fur la tête d'Antiochus le fucceffeur légitime; qui, pour récompenfer fes fervices,lui avoit donné le Gouvernement de toutes les provinces de l'Afie Mineure. Sa valeur & fa bonne conduite les avoient toutes enlevées à Attale roi de Pergame qui s'en étoit faifi, & qui s'y étoit déja affez bien fortifié. Tant de fuccès lui attirérent l'envie des Grands. Le bruit fe répandit à la Cour qu'il fongeoit à ufurper la Couronne, & que dans cette vûe il entretenoit des liaisons fecrettes avec Ptolémée. Soit que ces foupçons fuffent fondés ou non, il crut devoir prévenir les mauvais deffeins de fes ennemis. Il prit la Couronne qu'il avoit refufée auparavant, & se fit déclarer

Roi.

Il devint bientôt l'un des plus puiffans Princes de l'Afie, & chacun recherchoit avec empreffement fon alliance. Cela parut clairement dans une Polyb. lib. 4.

pag.314-319.

guerre qui furvint pour lors entre les Rhodiens & les Bizantins, à l'occafion d'un tribut que ceux-ci avoient impofé fur tous les vaiffeaux qui paffoient par le Détroit: tribut qui étoit fort à charge aux Rhodiens à caufe du grand commerce qu'ils faifoient dans la mer noire. Achéus, follicité vivement par ceux de Byzance, avoit promis de les fecourir. Cette nouvelle confterna les Rhodiens, auffi bien que Prufias roi de Bithynie qu'ils avoient attiré dans leur parti. Dans l'extrême embarras où ils fe trouvoient, il leur vint dans l'efprit un expédient pour détacher Achéus des Byzantins, & l'engager dans leurs intérêts. Andromaque fon pere, frere de Laodice que Séleucus avoit épousée, étoit actuellement retenu prifonnier à Alexandrie. Ils députérent vers Ptolémée, pour lui demander en grace fa liberté. Le Roi, qui étoit bien aife auffi de s'attacher Achéus, de qui il pouvoit tirer de grands fervices contre Antiochus avec qui il étoit en guerre, accorda volontiers aux Rhodiens leur demande, & leur remit entre les mains Andromaque. Ce fut un préfent bien agréable pour

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