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à-dire à une température très basse voisine de zéro, donne les résultats suivants: la montée de la crème est plus rapide, son volume plus considérable et le rendement de beurre plus élevé ; mais, à la dégustation, l'avantage s'est prononcé pour le beurre préparé avec le lait non refroidi, qui a été trouvé très fin, très sapide, très aromatique, excellent, tandis que le beurre préparé avec le lait refroidi était très fin comme pâte, mais sans arôme ni saveur. Si les beurres danois salés présentent une résistance plus grande au rancissement et sont très propres à de longs voyages, ils manquent de cette finesse qui caractérise les beurres normands destinés à être consommés frais et sans sel. Notre savant correspondant est entré dans les plus petits détails de la fabrication, et chacun a son importance. Quant au commerce, quelques chiffres vous fixeront sur leur étendue. Dans le Calvados, le total des transactions auxquelles donnent lieu le trafic du beurre est de plus de 77 millions de francs. Dans la Seine-Inférieure, elles n'atteignent pas 25 millions. Elles ont plus que doublé depuis dix ans dans le Calvados. Les ports de Carentan et d'Honfleur embarquent la plus grande partie du beurre un tiers de la production pour l'Angleterre et le Brésil. La Normandie entre seule pour plus d'un quart 9 millions sur 33 - dans le total des exportations françaises. A la Halle de Paris, les beurres du Bessin atteignent toujours un prix supérieur aux produits similaires du pays de Caux.

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Pour le fromage la production de la Seine-Inférieure est évaluée à près de 7 millions de francs, dont plus de 6 millions pour l'arrondissement de Neuf

HOUZEAU. Prix Jecker.

Souscription

au monument Leverrier.

châtel où deux fabricants, MM. Gervais et Pomel, produisent seuls pour plus de 2 millions de ces petits fromages frais dits double-crême, connus aussi sous le nom de Malakoff et si appréciés de la capitale. Il arrive à Rouen chaque année 500,000 douzaines de fromages de Neufchâtel. Dans le Calvados, le Pont-l'Evêque, le plus anciennement connu sous le nom d'Angelot, atteint le chiffre de 1,500,000 fr. Le Livarot, dont la consommation a doublé depuis dix ans, s'élève à 4 millions et 500 mille fr. Le Camenbert est moderne et date seulement de 1791. Ce fut une dame Harel, de Camenbert, qui la première eût l'idée de sa préparation, et ses excellentes qualités ont fait monter le chiffre de sa production à la somme annuelle de 2 millions de francs. Celle du Mignot ne dépasse pas 100,000 fr.

M. Morière a fait une enquête très sérieuse dans les deux départements où il propage chaque année dans ses leçons les sages principes et les bonnes méthodes. Son travail, nourri de chiffres et de documents utiles, sera lu avec fruit par tous ceux qui s intéressent à l'industrie laitière.

L'Académie est honorée des distinctions dont ses membres sont l'objet, à ce titre nous devons nous féliciter du prix décerné par l'Académie des sciences à M. Houzeau pour ses travaux sur l'Ozone. L'Académie a en effet attribué à notre savant collègue le prix Jecker d'une valeur de dix mille francs.

Vous ne sauriez être indifférents également aux actes qui ont pour objet de rendre hommage à la mémoire des savants et surtout de ceux qui ont appartenu à la Normandie. De même que vous aviez

souscrit au monument d'Elie de Beaumont, vous avez voulu vous associer aussi à la souscription ouverte pour élever une statue au grand astronome Leverrier, né à Saint-Lô (Manche). La terre normande est féconde en célébrités, mais il en est peu qui aient marqué leur passage d'un sillon plus lumineux et de meilleur aloi.

Nous avons perdu dans la classe des sciences deux correspondants: M. Cap et M. le docteur de Foville

père.

Antoine CAP, pharmacien distingué de Paris, membre de l'Académie de Médecine, qui vient de mourir à la fin de l'année dernière, était membre correspondant de notre Compagnie depuis près de quarante ans.

Il fut lauréat de l'Académie en 1838, pour son Eloge de Lemery, et presque aussitôt il fut nommé membre correspondant. On lui doit quelques ouvrages de physiologie végétale et de pharmacie, des travaux sur la glycerine, dont il révéla un des premiers les singulières propriétés si utilisées de nos jours. Mais Cap était surtout un érudit et un lettré. Son style clair, facile, agréable et qui ne manquait pas de noblesse, se prètait merveilleusement aux récits aventureux, à l'histoire des luttes et des travaux des savants. Il aimait à retracer ces existences laborieuses et accidentées, et il y réussissait complétement. Bernard de Palissy, Rouelle, Bonafous, Commerson, Dombez, C. Montagne, R. Delessert, Schéele et tant d'autres qui se sont fait un nom dans les sciences ou les arts, lui ont fourni le sujet d'études biographiques pleines de charme et d'intérêt.

Mort de M. Cap.

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Son Eloge de Casimir Delavigne fut couronné par l'Académie en 1846.

Le Dr Achille-Louis DE FOVILLE est né à Pontoise, le 6 août 1799, d'une famille rouennaise. Il se distingua dans ses études par des recherches originales sur l'aliénation mentale et sur l'anatomie, tant normale que pathologique, du système nerveux. En 1825, sur la recommandation d'Esquirol, il fut nommé médecin en chef de l'asile Saint-Yon, que l'on créait à cette époque à Rouen, et, un peu plus tard, professeur de physiologie à l'Ecole de Médecine. Sa santé l'obligea à rechercher le climat du Midi, puis il accompagna, comme naturaliste, le prince de Joinville, en 1837-38, dans son expédition en Afrique et aux Etats-Unis. A son retour, il succéda à son maître Esquirol comme médecin en chef de Charenton. Destitué en 1848, il se consacra uniquement à sa clientèle et à sa famille et se retira à Toulouse, où il est mort le 22 juillet dernier, entouré des secours de la religion, aux pratiques de laquelle il fut toujours fidèle. Ses principaux travaux, inspirés par un spirițualisme élevé, sont relatifs aux maladies mentales, à l'anatomie, à la physiologie et à la pathologie du système nerveux cérébro-spinal

M. de Foville fut nommé membre résident de l'Académie en 1830, et correspondant en 1835.

Ces pertes ont été compensées par l'admission de membres résidants nouveaux: M. Girardin, Direceur de l'Ecole supérieure des sciences, qui appartenait à l'Académie depuis longtemps, résidant de 1829 à 1857, successivement président et secrétaire pour la classe des sciences, poste qu'il occupa

avec un talent qu'il est dangereux pour moi de rappeler et qu'il ne quitta que quand, par un avancement bien mérité, il fut nommé Doyen de la Faculté des Sciences de Lille. J'ai dit en commençant le bonheur que l'Académie a éprouvé à le voir de nouveau s'asseoir parmi nous et l'espérance qu'elle fonde sur le concours de son expérience et de son savoir. M. Jubé, inspecteur honoraire d'Académie, mathématicien distingué, dont la modestie et la bienveillance égalent le savoir. Il a fourni une carrière universitaire des plus dignes et des mieux remplies; fixé définitivement à Rouen, sa place était marquée au sein de notre Compagnie.

Election de M. Jubė.

Election

M. Maridort, le savant professeur du Lycée Corneille, connu par des travaux d'analyse chimique de M. Maridort importants et par un enseignement déjà long et non sans mérite.

Ces acquisitions nouvelles maintiendront les traditions scientifiques de l'Académie et nous rappelleraient, si nous pouvions l'oublier, que la science entoura son berceau et guida ses premiers pas.

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