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COMPTE-RENDU

DES

TRAVAUX DE L'ACADÉMIE

(Classe des Sciences)

PENDANT L'EXERCICE 1877-78,

PAR M. MALBRANCHE.

Les communications scientifiques n'ont pas été moins nombreuses cette année que la précédente et nous avons lieu d'espérer qu'elles s'accroîtront, l'Académie ayant reçu plusieurs membres nouveaux dans la section.

Parmi ces acquisitions nouvelles, il est permis de compter M. Girardin, le savant directeur de l'Ecole des Sciences qui, après dix-huit ans d'absence, a repris au sein de l'Académie la place qu'il a longtemps occupée avec distinction soit comme Président, soit comme Secrétaire. Sa rentrée a été marquée par une spirituelle allocution où il a exprimé la satisfaction qu'il éprouvait de se retrouver dans cette enceinte, dans ce foyer intellectuel qui encouragea

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RIVIÈRE.
Conférence sur

ses premiers pas. Depuis près de vingt ans, la mort et l'absence ont fait bien des vides parmi ses premiers confrères dont il a énuméré avec infiniment de tact et de finesse le talent dominant. Il s'est plu à évoquer le souvenir d'hommes éminents avec lesquels il avait établi des liens d'estime et de vraie confraternité. « Ces souvenirs n'affaiblissent pas, nous disait-il, le plaisir qu'il éprouve de s'associer de nouveau, au déclin de sa carrière, aux travaux de ses nouveaux confrères qui, par leurs découvertes et leurs patientes recherches, restreignent incessamment les limites de l'inconnu et contribuent aux progrès de la civilisation. »>

L'allocution de M. Girardin est imprimée au bulletin.

M. le président Frère s'est fait l'interprète de tous en assurant M. Girardin de la respectueuse sympathie que l'Académie lui a toujours gardée. Elle se souviendra longtemps des services qu'il lui a rendus comme Président et comme Secrétaire, et elle le voit avec une vive satisfaction s'asseoir de nouveau dans ses rangs.

Permettez-moi de me féliciter personnellement de ce retour: je n'ai point oublié que c'est au bienveillant patronage de M. Girardin que je dois d'être entré à l'Académie et l'honneur bien immérité de lui avoir succédé à cette place.

Au premier rang des communications scientifiques le Téléphone, se place la conférence que M. Rivière a bien voulu faire pour nous sur une invention merveilleuse qui

nous est venue du nouveau monde et a vivement impressionné les savants.

Grâce au talent et à l'obligeance de notre savant collègue, le Téléphone a parlé dans cette enceinte ; vous avez pu apprécier les phénomènes surprenants obtenus avec le nouvel instrument, phénomènes dont des expériences nouvelles dirigées dans cette voie ont pu déjà perfectionner les curieux résultats.

Une première partie a été consacrée à l'étude du son et des phénomènes de sa propagation, des expériences variées, choisies avec intelligence, ont mis en évidence les lois qui président à la propagation des ondes sonores. L'auditoire s'est particulièrement intéressé aux flammes chantantes, aux vibrations variées du diapazon rendues visibles par des projections lumineuses au moyen de la lumière de Drummond, à la présentation d'un spécimen plastique de l'oreille, considérablement amplifié, dont le conférencier a expliqué le mécanisme merveilleux avec beaucoup de lucidité.

Dans une seconde partie, M. Rivière a expliqué la théorie des électro-aimants. Il a mis sous les yeux de l'assemblée quelques expériences ingénieuses d'Ersted, d'Ampère, d'Arago qui démontrent victorieusement ce double phénomène bien connu des physiciens: il suffit de faire passer un courant électrique dans les spires entourant un barreau de fer doux pour que ce fer s'aimante instantanément et réciproquement si, devant les pôles de cet aimant entouré de spires enroulées en hélice, on approche et on éloigne successivement un barreau de fer doux, on produit dans les fils de l'électro-aimant un courant électrique instantané. L'appareil imaginé par M. Graham Bell, le Téléphone, est une très curieuse application de

ces phénomènes. Il consiste dans un petit manchon évasé à l'une de ses extrémités qui renferme une bobine électro-aimant, la partie élargie est fermée par une très mince lame métallique qui vibre avec une délicatesse infinie aux sons produits dans son voisinage par la voix ou par un instrument. Ces vibrations engendrent dans les fils de la bobine placée devant la lame métallique des courants électriques alternatifs qui sont réglés par l'intensité et la tonalité du son émis, et le transmettent à des distances considérables avec ses nuances et ses qualités.

L'appareil récepteur, construit absolument dans les mêmes conditions, est muni d'une pareille lame qui répète exactement les vibrations de celle du point de départ.

L'autre extrémité de l'appareil est fermée et se termine par deux petites bornes servant à établir la communication des pôles avec les fils conducteurs.

Après cette explication appuyée par une projection de la disposition intérieure de l'instrument, M. Rivière a passé a son fonctionnement.

Au moyen d'un fil de cent mètres de long il a pu correspondre avec une personne placée dans une salle située à l'extrémité du bâtiment. La conversation poursuivie pendant quelques instants a été variée dans plusieurs langues et s'est terminée par un petit impromptu énigmatique spirituellement tourné par M. Samuel Frère, l'interlocuteur de M. Rivière.

Une Société choisie assistait à cette séance; son Eminence le Cardinal, M. le premier Président, M. le Sécrétaire général de la Préfecture, M. Delahaye, vicaire-général et d'autres notabilités de la ville. Les

félicitations et les applaudissements de l'Assemblée, ont prouvé à l'érudit professeur, le charme et l'intérêt de sa conférence. La lucidité des démonstrations et le succès des expériences, n'ont rien laissé à désirer. Cette soirée n'a pu que rehausser la faveur et la considération dont l'Académie jouit dans la Cité.

M. Houzeau a fait un rapport sur quelques ouvrages envoyés par M. Maridort, professeur au Lycée Corneille. Le premier a trait à l'analyse de deux engrais: Chaux animalisée et Chaux supersaturée dont il s'agissait de déterminer la valeur agricole; les rendements obtenus par la culture ont confirmé les résultats que l'analyse chimique faisait prévoir. Le travail le plus important de M. Maridort, est relatif aux eaux-vannes qui souillaient la Vesle. Divers procédés ont été expérimentés par l'auteur pour la clarification de ces eaux, et l'emploi des lignites et de la chaux est celui qui lui a donné les meilleurs résultats. Il a également étudié l'utilisation des dépots obtenus après l'épuration soit comme engrais, soit comme combustible. Enfin, on lui doit aussi une excellente étude des eaux qui servent actuellement à l'alimentation de la cité rémoise.

M. Houzeau insistait, en terminant, sur l'habileté expérimentale dont M. Maridort a fait preuve dans des expériences délicates, qualité d'autant plus louable que nous voyons trop souvent, dit-il, l'influence néfaste qu'exerce autour de nous, dans certaines expertises commerciales ou industrielles, des résultats analytiques érronés.

M. Jubé, inspecteur honoraire d'Académie, nous a

HOUZEAU. Rapport sur les travaux de

M. Maridort.

VINCENT. Rapp. sur un ouvrage de M. Jubé.

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