TOME PREMIER LA DOCTRINE DE MALHERBE D'APRÈS SON COMMENTAIRE SUR DESPORTES PAR Ferdinand BRUNOT Ancien élève de l'Ecole normale supérieure On dira que nous avons été d'excellents Avec 5 Planches hors texte BIBLIOTHÈQUE S.J. 60-CHANTILLY PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN PRÉFACE << Rien ne donne, disait Sainte-Beuve, une idée plus nette des changements introduits par Malherbe dans la langue et la versification que la lecture des notes sur Desportes. » (1) Saint-Marc, frappé de la même pensée, avait, dès le siècle dernier, fait un extrait de ces notes, divisé en quarante-deux chapitres. Depuis lors, elles ont élé éditées; mais elles méritent plus encore, et nous avons cru que classées méthodiquement, commentées par des rapprochements historiques, elles pourraient, mieux que toutes les biographies, mieux que l'analyse même des ouvrages de Malherbe, faire connaître dans le détail la réforme de cet homme, sur lequel on a porté et on peut porter encore des jugements bien différents, mais qui, en tous cas, a eu dans notre histoire littéraire une importance immense et sur notre langue une influence que l'on ne saurait méconnaître. Quand il s'agit d'un chef d'école quelconque, il est en effet toujours intéressant, encore qu'il ait surtout agi par l'exemple, de recueillir, ne serait-ce qu'une partie de sa doctrine, pour s'expliquer sa manière. Ici nous avons mieux que des fragments, ou plutôt nous avons des fragments qui, mis bout à bout et coordonnés, forment une théorie presque complète de la versification, du style, de la grammaire tels que Malherbe les voulait. Or, on sait que le maître, soit dédain, soit paresse, soit défiance, n'a jamais voulu écrire de traité dogmatique. Il renvoyait à son Tite-Live, quand on lui demandait une grammaire. Mais ce Tite (1) XVI siècle en France p. 152. Comp, Chasles, Revue de Paris, décembre 1840, p. 144: « C'est pour les hommes qui veulent approfondir l'histoire de notre idiome un précieux volume que celui-ci. » |