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la seconde, je l'ai déjà dit, est susceptible de
vingt solutions différentes; que nous n'avons
pas le droit de prononcer sur la troisième :
mais vous ne doutez pas qu'il ne nous soit per-
mis de nous expliquer en toute liberté sur la
quatrième.[[Azłoín zur
id -220do
C'est donc à cette dernière que nous allons
essayer de répondre. Si notre réponse était
goûtée, elle pourrait servir pour la première
question 95 eller pourrait aussi servir pour la
troisième et même; peut-être à la longue,
pour la secondeb rinovno osi

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Lorsqu'un enfant après avoir examiné à plusieurs reprises la forme des lettres de l'alphabet, est parvenu à graver nettement leur image dans son cerveau, et à les bien distin ́guer les unes des autres, nous disons qu'il en a idée.

Auparavant il voyait sans doute tous ces caractères, puisqu'ils frappaient son organe, mais il n'en discernait aucun. C'est en arrêtant ses regards, d'abord sur une lettre, puis sur une autre ; c'est en les arrêtant plus particulièrement, et plus long-temps sur celles qui, par leur ressemblance, tendent à se confondre, qu'il surmonte enfin une difficulté que nous saurions mieux apprécier, si les longues habi

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tudes de notre esprit né nous empêchaient de nous reporter à un sâge où nous n'avions encore contracté aucune habitude.

Celui qui vent apprendre la musique aura une idée des différens signes qu'elle emploie, lorsqu'il ne confondra pas les blanches, les rondes et les noires; lorsque, familiarisé avec les diverses configurations, et les diverses positions des clefs, il ne prendra pas une tonique pour une seconde, pour une tierce, ou pour toute autre intonation.

Le botaniste a idée des plantes d'un pays, si, d'une première vue, il peut en indiquer le caractère distinctif.

Le métaphysicien aura une idée des différentes opérations de l'entendement, lorsqu'il saura les séparer des opérations de la volonté, et de tout ce qui n'appartient pas à l'activité de l'âme; lorsque, par une analyse, d'abord lente afin qu'elle soit plus sûre, mais bientôt facile et rapide, il aura appris à saisir la nuance souvent fugitive qui les différencie.

J'aurai moi-même une idée de l'idée, si je puis vous la faire remarquer au milieu de tous les phénomènes de l'intelligence qu'on a confondus avec elle, et si je vous la montre par son caractère propre.

Celui-là eut une idée heureuse, qui, dans le mouvement des corps célestes, aperçut la combinaison de deux mouvemens. Cette idée fut le germe de la théorie des forces centralesjufol

Celui-là eut une idée bien plus heureuse, qui, dans un pouvoir absolu, et que tout faisait juger indivisible, sut démêler le pouvoir légis latif et le pouvoir exécutif. Cette idéerestblé fondement de l'ordre social.

296 enci.

Il est une idée qui s'élève au-dessus de toutes les idées, et qui élève l'humanité au-dessus d'elle-même. Quoiqu'un instinct universel la suggère immédiatement, il fallait une raison plus qu'ordinaire pour la dégager de tout ce qui pouvait l'altérer ou l'obscurcir. Des sages dirent Tout se fait dans la nature par des agens qui meuvent, et qui sont mus à leur tour; il faut donc qu'il existe un premier moteur immobile. Alors, la puissance et l'intelligence furent ôtées à la matière, pour être rendues à celui qui dispose de la matière.

Les philosophes de la Grèce cherchaient le premier principe des choses dans tous les élémens, dans l'eau, dans l'air, dans le feu, dans les nombres, dans l'harmonie. La raison d'Anaxagore et celle de Socrate, démontrèrent qu'il devait avoir une existence indépendante

de tout ce qui entre dans la composition du monde. Tant qu'on avait identifié le premier principe avec la nature, on n'avait de Dieu qu'un sentiment confus; ce sentiment devint une idée, du moment qu'on les eut séparés.

Ne nous lassons pas de multiplier les exemples. Galilée vit, le premier, que le mouvement d'un corps qui tombe diffère de celui d'un corps qui avance d'un mouvement uniforme, et qu'il suit d'autres lois. La physique fut enrichie d'une nouvelle idée.

Descartes distingua, mieux qu'on ne l'avait fait avant lui, la pensée, de l'étendue; il eut une idée plus juste de ces deux attributs.

Newton démêla sept rayons dans un seul rayon. Depuis cette découverte, nous avons des idées beaucoup plus exactes sur la nature de la lumière.

Il y a donc autant d'idées dans l'esprit d'un homme, qu'il peut distinguer de qualités, de rapports, de points de vue dans les êtres. Celui qui confond tout est sans idées; il ne sait rien; celui qui démêle jusqu'aux plus petites nuances a un grand nombre d'idées; il sait beaucoup ce qui ne veut qui ne veut pas dire cependant qu'il soit toujours le mieux instruit; car il des idées futiles, stériles, méprisables, abjec

y a

tes, comme il y en a de grandes, de fécondes, de nobles, de sublimes soup tusT obom. • › Démêler, discerner, distinguer, apercevoir, connaître, acquérir et avoir des idées,"" sont autant d'expressions qui, au fond, désignent une seule et même chose.] eozezi anom

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b.

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sentons

Et comme il est évident, d'un côté, qu'on ne pourrait rien démêler, rien discerner, rien connaître, si l'on ne sentait pas; et, d'un autre -côté, que ce n'est que parce que nous sent que nous sommes avertis de notre p propre existence, de celle des objets extérieurs, de leurs qualités et de leurs rapports, soit entre eux, soit avec nous; il s'ensuit que c'est dans le sentiment même que nous devons chercher l'idée ; - il s'ensuit que l'idée n'est autre chose qu'un sentiment démélé d'avec d'autres sentimens sentiment distingué de tout autre sentiment, un sentiment distinct.

un

L'àme n'eût été qu'un être sentant. Elle a remarqué ce qu'elle sentait. Elle est devenue un être intelligent.

D'abord elle se distingue de tout ce qui n'est pas elle. Bientôt, dans ses manières d'être, elle aperçoit des ressemblances et des différences; elle ne tardera pas à démêler d'autres rapports.

TOME II.

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