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Peut être suffira-t-elle pour dissiper les doutes qui vous inquiétaient.

Alors, vous n'hésiterez plus à blâmer les fausses méthodes, qui commencent par nous surcharger de règles qu'on n'applique pas, et que souvent on ne saurait appliquer.

Vous sentirez mieux la nécessité de soigner les expressions et le langage, si vous voulez que votre raisonnement ait de l'exactitude et de la précision.

Assurés que tout ce que nous pouvons connaître a sa source dans le sentiment, vous observerez sans cesse vos différentes manières de sentir; vous en ferez l'objet continuel de votre pensée, et vous vous enrichirez tous les jours de nouvelles idées sensibles, de nouvelles idées intellectuelles, et de nouvelles idées morales.

La nature a dit aux hommes : Je vous fais présent du sentiment. Cultivez ce germe précieux. Il se développera en rameaux féconds. Il produira pour vous l'arbre de la science.

Tout ce qui n'a pas ses racines dans le sentiment, sera inaccessible à votre intelligence. Qu'il le soit à votre curiosité. Je me suis réservé pour moi seule la connaissance des premiers ressorts de l'univers. C'est mon secret.

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Et ne vous plaignez pas des bornes que je vous prescris. Ne dites pas qu'elles sont trop étroites; car elles fuiront toujours devant vous. Ne dites pas surtout que je me montre envers vous trop peu libérale. Les conquêtes du génie, et les travaux des siècles n'épuiseront jamais les trésors que recèle le sentiment.

ཨ་་་ཨ་་་་་.

HUITIEME LEÇON.

Des idées innées.

La leçon que je me propose de faire aujourd'hui, pourra vous paraître extrêmement abrégée, car elle comprend la matière de plusieurs leçons. Nous aurons des systèmes à exposer ; nous aurons de l'historique, du polémique; nous aurons des erreurs de fait à redresser ; et enfin nous dirons ce qu'il faut penser des idées innées. Je commence, sans autre préambule. Il y a deux opinions principales sur l'origine des idées.

D'un côté, les idées nous viennent toutes par les sens, ou des sens, ou des sensations: rien n'est dans l'entendement, qui n'ait été auparavant dans les sens, ou dans le sens; nihil est intellectu quod priùs non fuerit in sensibus in sensu. Les philosophes qui professent cette doctrine, sont, parmi les anciens, Démocrite, Hippocrate, Aristote, Épicure, et Lucrèce; dans le moyen âge, les scolastiques, qui tous étaient péripatéticiens; et plus près

Mais d'un autre côté, que devient son analyse

des facultés de l'âme?

Pour se faire des idées par

la vue,

il ne suf

fit pas de voir, c'est-à-dire de sentir. Que faut-il encore? Il faut regarder, c'est-à-dire agir.

Peut-on dire plus clairement que l'âme n'est pas bornée à la sensibilité, et que s'il n'y avait en elle que sensibilité, elle serait privée de toute connaissance?

Le passage que je viens de citer, et quelques autres semblables qui ne se trouvent que dans la dernière édition des œuvres de Condillac, m'ont fait penser quelquefois, que s'il avait vécu encore quelques années, ce grand métaphysicien aurait modifié son analyse des facultés de l'âme; et qu'au lieu de n'admettre qu'un seul principe, il en aurait reconnu deux; l'un pour les idées, l'autre pour les facultés, le sentiment et l'attention.

Si l'on trouvait de la présomption dans la conjecture que je hasarde, j'y renonce; mais, d'après toutes les considérations que nous avons présentées dans la première partie, je ne craindrai de dire que pas si Condillac n'avait pas changé son analyse, il aurait dû la changer.

Il est temps de mettre fin à cette discussion.

Peut être suffira-t-elle pour dissiper les doutes qui vous inquiétaient.

Alors, vous n'hésiterez plus à blâmer les fausses méthodes, qui commencent par nous surcharger de règles qu'on n'applique pas, et que souvent on ne saurait appliquer.

Vous sentirez mieux la nécessité de soigner les expressions et le langage, si vous voulez que votre raisonnement ait de l'exactitude et de la précision.

Assurés que tout ce que nous pouvons connaître a sa source dans le sentiment, vous observerez sans cesse vos différentes manières de sentir; vous en ferez l'objet continuel de votre pensée, et vous vous enrichirez tous les jours de nouvelles idées sensibles, de nouvelles idées intellectuelles, et de nouvelles idées morales.

La nature a dit aux hommes: Je vous fais présent du sentiment. Cultivez ce germe précieux. Il se développera en rameaux féconds. Il produira pour vous l'arbre de la science.

Tout ce qui n'a pas ses racines dans le sentiment, sera inaccessible à votre intelligence. Qu'il le soit à votre curiosité. Je me suis réservé pour moi seule la connaissance des premiers ressorts de l'univers. C'est mon secret.

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