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dans le plus grand jour. On y voit, ainsi que dans le nouveau Testament, tracées par le doigt de Dieu même, les maximes fondamentales de la vraie morale. Les hommes de tous les âges, de toutes les conditions trouvent dans ce livre des livres la route qui doit les mener au vrai' bonheur.

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A ne considérer l'ancien et le nouveau Testament que comme des ouvrages purement historiques, on peut assurer qu'il n'en est point en ce genre d'aussi beaux d'aussi parfaits. Les écrivains sacrés réunissent au plus haut degré toutes les qualités qu'on peut admirer dans les meilleurs historiens. Nul sentiment étranger à leur objet ne les anime: ils ne sont occupés qu'à peindre la vérité telle qu'elle est. Les événemens sont tous présens à leurs yeux, et se placent d'eux-mêmes dans l'arrangement le plus naturel. L'éloquence continue qui règne dans les livres saints n'y doit rien aux ressources de l'art elle est toute dans les choses, et n'en est que plus belle plus touchante plus persuasive. La simplicité du style fait le caractère propre des historiens sacrés: mais c'est une simplicité, tantôt majestueuse, tantôt énergique, tantôt naïve, tantôt pleine de douceur et toujours une simplicité sublime, qui transporte et maîtrise l'âme; simplicité admirable qui seule serait

Histoire

ecclésiastique.

pour l'homme qui réfléchit, une bien forte preuve de la vérité des écritures.

L'histoire ecclésiastique a été écrite par des hommes aidés de leur seul génie, Elle comprend l'espace de temps qui s'est écoulé depuis la publication de l'É vangile jusqu'à nos jours. De tous les événemens dont l'univers a été le théâtre il n'en est aucun qui soit aussi frappant, aussi digne de notre attention, aussi grand, aussi utile aux hommes, que l'établissement et la perpétuité du christianisme.

La religion païenne, si favorable aux passions humaines, consacrée, pour ainsi dire, par une longue suite de siècles, était la religion de tous les peuples. Douze misérables pêcheurs, sans crédit sans puissance, sans appui, sans aucune ressource de la part des hommes, soutenus seulement par leur confiance en la parole de celui qui les a envoyés, et qui a subi le supplice ignominieux de la croix, entreprennent de détruire et d'anéantir cette religion. Ils ont à combattre l'ignorance et la prévention des peuples, les sophismes et l'orgueil des savans, l'amour-propre et la fierté des empereurs, tous adonnés au culte des idoles, et intéressés à le maintenir. Ces hommes de la lie du peuple se partagent néanmoins le monde entier et vont précher une religion à laquelle il faut sa

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crifier tous ses préjugés, tous ses penchans, tous ses intérêts personnels. L'Eglise s'établit mais elle voit aussitôt l'idolâtrie réunir ses plus formidables efforts pour en abattre les premiers fon. demens. Elle est inondée du sang de ses martyrs; mais ce sang même devient la semence la plus féconde des chrétiens. L'Eglise s'étend, s'agrandit, et attire dans son sein toutes les nations de la terre. C'est alors qu'elles voient la vérité dans tout son jour, la vertu dans toute sa pureté, le bonheur suprême qui doit en être la récompense; et c'est presqu'en même temps que cette lumière si éclatante, ces connaissances si sublimes, opèrent la plus heureuse révolution dans les mœurs, l'esprit, le caractère, la législation, et le gouvernement de tous les peuples. Cependant aucun siècle ne s'écoule sans que l'Eglise soit attaquée et déchirée par les nombreux ennemis qui ont conjuré sa ruine. Mais elle sort glorieuse et triomphante de tous ces combats; et nous la voyons, au milieu des fréquens assauts que lui livrent le libertinage, l'erreur et l'incrédulité; nous la voyons constamment inébranlable, telle qu'un rocher a pied duquel vont se briser, en mugissant, les flots soulevés par les plus violens orages.

Cette histoire renferme tous les faits relatifs, non-seulement à la publication

et à la propagation de l'Evangile, mais encore à l'établissement des lois et de la discipline ecclésiastique ; à la manière dont l'Eglise a été gouvernée par ses pontifes, et aux troubles excités par les hérétiques, hommes téméraires et audacieux, qui inventaient ou adoptaient des erreurs contraires aux vérités qu'elle enseigne. Les histoires des papes, des conciles, des hérésies et des schismes, font partie de l'histoire ecclésiastique.

Pour la bien traiter, il faut être profondément instruit des augustes mystères, de la morale sublime de la religion, et du droit canonique faire connaître le véritable esprit des lois, des règles, des décisions, des usages, des priviléges de l'église, ses oracles, ses dogmes, sa foi, l'étendue et les bornes de sa jurisdiction son autorité à laquelle tous les fidèles du monde doivent être soumis en ce qui concerne purement le spirituel. Le devoir de l'historien est aussi de consacrer la mémoire des souverains qui ont protégé la religion, des savans qui l'ont défendue, des héros chrétiens qui l'ont cimentée de leur sang.

Un des meilleurs modèles que puissent se proposer ceux qui veulent s'adonner à ce genre d'histoire, est l'abbé Fleuri, auteur de l'Histoire ecclésiastique, écriVain aussi sage et circonspect que savant et judicieux. Nous lui devons aussi les

Moeurs des Chrétiens; excellent ouvrage où il nous fait parfaitement connaître ces hommes si admirables par leurs vertus ; supérieurs à tous les héros par leur courage, et dont le grand Corneille a dit avec autant d'énergie que de vérité, dans sa tragédie de Polieucte:

Nos princes ont-ils eu des soldats plus fidèles?
Furieux dans la guerre, ils souffrent nos bourreaux,
Et lions au combat, ils meurent en agneaux.

II. De l'Histoire profane.

L'histoire profane est ou civile, ou littéraire, ou naturelle.

Tous les événemens qui se sont passés Histoire dans les empires et les divers états de la civile. terre sont la matière de l'histoire civile.

,

Si elle embrasse le monde entier et tous les siècles qui se sont écoulés jusqu'à nous, elle est universelle. Si elle n'embrasse qu'une des quatre parties du monde, un royaume, une province, une ville, un événement, la vie d'un seul homme, elle est particulière.

On divise encore l'histoire civile en histoire ancienne et en histoire moderne. L'histoire ancienne commence à la création du monde, et finit, suivant quelques-uns, à la naissance de Jésus-Christ; suivant d'autres, à l'établissement des monarchies modernes, c'est-à-dire, à la fin du quatrième siècle, époque de la división de

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