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faux mérite, la véritable et la fausse gloire, les actions réellement vertueuses et celles qui ne le sont qu'en apparence; de démasquer hardiment le vice, d'exposer la vertu dans tout son jour, et de les peindre l'un et l'autre avec les seules couleurs qui leur sont propres ; en un mot, de ne loner que ce qui mérite les éloges de l'homme honnête et éclairé. Mais tout cela doit se faire dans le corps du récit. Les réflexions particulières, les sentences figurent mal dans l'histoire, à moins qu'elles ne naissent naturellement du sujet, à moins qu'elles ne soient courtes et pleines de sens. Encore même l'historien devrait-il les laisser faire au lecteur, en se bornant à lui en présenter le germe.

V. Du Style de l'Histoire.

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On vient de voir que la perfection d'une histoire consiste, en grande partie, dans l'exposition et la liaison des faits, dont la vérité est bien constatée; dans le détail des grands événemens et de leurs circonstances essentielles; dans le développement des négociations importantes et dans l'expression fidèle des caractères des personnages, Tous ces différens objets bien présentés donnent au lecteur une idée aussi étendue et aussi juste qu'elle puisse l'être, du gouverne

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ment et des mœurs d'une nation. Il ne me reste plus qu'à dire un mot du style.

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Le genre historique n'admet ni les grandes passions, ni les figures hardies et trop magnifiques. L'objet de l'historien n'est point de se rendre maître des cœurs, ou de flatter seulement l'imagination. Il ne prend la plume que pour instruire et éclairer l'esprit par le récit des faits. Il doit donc se borner à raconter avec simplicité, à mettre dans son style de la clarté sans diffusion, de la précision sans obscurité, de l'élévation sans enflure, du nombre, de l'harmonie, et de l'agrément sans art. Le style ne doit presque pas se faire remarquer dans l'histoire.

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Cela n'empêche pas qu'il ne doive être proportionné aux sujets, se plier, pour ainsi dire, aux circonstances se conformer aux caractères se diversifier selon les événemens. Il sera tantôt sérieux et tantôt enjoué; tantôt noble et tantôt naïf; tantôt touchant et tantôt léger; tantôt simple et tantôt même sublime. S'agit-il de crayonner les ravages de la guerre, et les suites déplorables des discordes civiles? le style doit être rapide, énergique et véhément. S'agit-il de décrire les fruits heureux de la paix, et le contentement des peuples? le style doit être riche, gracieux, brillant et fleuri. Voulez-vous démêler les secrets

ressorts de la politique et des négociations? que votre style soit uni, grave, méthodique et nerveux. Voulez-vous dévoiler les intrigues des cours, et le manége des courtisans ? que votre style, soit fin, saillant, précis et varié. Si vous avez à célébrer les vertus et la gloire d'un souverain, qui remplit tous ses devoirs, et dont la présence porte la joie dans tous les cœurs, votre style doit être facile, harmonieux et plein de douceur. Si vous avez à peindre un prince odieux et méprisable, qui a été la honte du trône et le fléau de son peuple, votre style sera vif et animé du coloris le plus mâle et le plus vigoureux.

ARTICLE II.

Des différentes espèces d'Histoire.

On peut considérer les hommes. dans leurs rapports avec la divinité, et dans leurs rapports entre eux. De là, deux espèces générales d'histoire; l'Histoire sacrée, et l'Histoire profane.

1. De l'Histoire sacrée.

L'histoire sacrée est en général l'histoire de la religion, depuis l'origine du monde jusqu'à nos jours. Nous y voyons dans une suite d'événemens miraculeux,

le chef-d'œuvre de la divinité; Dieu luimême prononcer ses oracles et dicter ses lois à son peuple; établir, dans les temps marqués par sa sagesse, son église, inébranlable sur ses fondemens au milieu des erreurs des crimes, et des persécutions des hommes au milieu des révolutions des âges, et du bouleversement des empires.

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La religion se présente à nous relativement à son existence, sous un double point de vue; dans les siècles où elle a été connue d'un seul peuple, et dans ceux où elle a été répandue par toute la terre. C'est ce qui a fait diviser l'histoire sacrée en histoire sainte, et en histoire ecclésiastique.

sainte.

L'histoire sainte a été écrite par des Histoire hommes inspirés de Dieu. Elle comprend tous les siècles qui se sont écoulés depuis la création du monde, jusqu'à la publication de l'Evangile. Les livres saints, sont consignés les événemens antérieurs à la naissance de Jésus-Christ, sont appelés l'Ancien Testament. La narration des quatre évangélistes, et les actes des apôtres, qui contiennent l'histoire de la vie de JésusChrist, et les faits immédiatement postérieurs à sa mort, sont appelés le NouveauTestament.

Il n'y a point d'histoire qu'on puisse comparer à celle-ci pour la certitude la grandeur, l'importance, et la variété

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des événemens. C'est l'histoire de l'homme, l'histoire du ciel et de la terre l'histoire de Dieu même. Cet Etre souverain, dont elle nous donne une idée nette el précise, y est peint avec tous ses attributs. Il y déploie l'éclat de sa toutepuissance dans la formation de l'univers la justice de ses décrets dans la punition de l'homme coupable, de la sublimité de ses desseins dans la conduite de son peuple chéri, les trésors de sa sagesse dans le grand ouvrage de la rédemption, qu'il prépare et qu'il consomme. Un enchainement de prodiges sans nombre, opérés à la vue, des nations; une suite de prophéties, qui se sont vérifiées à la face du monde entier; tout annonce dans les saintes Ecritures, que Dieu lui-même a, pour ainsi dire, emprunté la plume des hommes, pour apprendre à l'univers l'histoire de notre religion.

Dans l'Ancien Testament, le plus ancien et le plus authentique de tous les livres, sont marquées la propagation du genre humain, la distribution des terres, l'origine des sociétés, des empires et des arts. Il renferme la base de toutes nos connaissances historiques, et répand la plus vive clarté sur les ténèbres des temps fabuleux. Les causes des faiblesses et des misères humaines, que le philosophe ne peut découvrir par les seules lumières de sa raison, y sont exposées

dans

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