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riens latins Salluste, Tite-Live, Taeite et Quinte-Curce: elles sont fort bien traduites.

On trouvera aussi dans les Révolations romaines, par l'abbé de Vertot, de très-beaux discours, qu'on peut rapporter au genre politique.

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LIES

CHAPITRE III.

Du genre historique.

Es bornes resserrées de cet ouvrage ne me permettent point de traiter le genre historique dans toute l'étendue et avec tous les développemens dont il serait susceptible. Je ne peux que tracer succinctement les préceptes généraux sur la manière d'écrire l'histoire, et én ajouter ensuite quelques-uns de partículiers dans l'énumération de ses différentes espèces. Mais ces courtes réflexions suffiront pour nous faire juger qu'un esprit vaste, ferme et pénétrant; une raison saine et lumineuse; un jugement droit, solide et profond; en un mot, un génie heureux soutenu d'un goût exquis, enrichi d'une infinité de connaissances, et joint à toutes les qualités du cœur qui distinguent le parfait honnête homme, sont absolument néces

saires à l'écrivain qui veut obtenir, dans ce genre, des succès non moins durables que brillans.

ARTICLE I.

De la manière d'écrire l'Histoire.

Celui qui veut écrire l'histoire a des devoirs bien importans à remplir. Je vais donner une idée des plus essentiels, en parcourant les objets suivans.

I. Du choix et de l'arrangement dés Faits.

Le champ qui s'ouvre aux yeux de l'historien est d'une étendue immense, puisque l'histoire embrasse toutes les actions des hommes célèbres, tous les événemens dont l'univers a été le théâtre. Mais serait-il vrai que toutes les actions, tous les événemens dussent indistinctement passer sous la plume de l'historien ? Non, sans doute: il y a un choix à faire, et ce choix dépend d'un esprit sage et judicieux, d'un discernement aussi fin que juste.

Les choses grandes et dignes d'être racontées, c'est-à-dire, les choses intéressantes par l'agrément ou par le fond d'instruction qu'elles présentent, sont les seules qui peuvent faire la matière d'une histoire. Il faut surtout que la

vérité en soit bien constatée. Le premier devoir de l'historien est de distinguer avec la plus exacte précision, le faux du vrai, de rejeter tout ce qui est incertain ou d'une autorité suspecte, et de n'admettre que ce qui ne peut pas être révoqué en doute. L'histoire n'est le récit que des choses vraies : l'historien s'annonce pour être l'organe de la vérité. S'il rapporte des choses fausses, ou qu'il donne pour des vérités de simples conjectures, il trompe le public, il en impose à l'univers, pour lequel il écrit.

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O vous donc, qui voulez présenter aux siècles futurs le tableau des siècles passés, cherchez la vérité dans sa première source dans les mémoires bien sûrs et bien fidèles, et, quand vous l'aurez trouvée, armez vous d'un courage inébranlable, pour la dire sans détour, sans équivoque, sans le moindre déguisement. Loin de vous le préjugé, la passion, l'esprit de parti, l'esprit national même. Au moment où vous maniez les pinceaux de l'histoire, vous ne devez être d'aucune secte, d'aucun pays. Votre qualité d'historien vous donne le titre de juge mais souvenez-vous sans cesse que vous ne pouvez vous dispenser d'être un juge également intègre, à l'égard des étrangers et de vos concitoyens, à l'égard des alliés de votre patrie et de ses plus implacables ennemis.

Après avoir recueilli les faits intéressans et vrais dont l'historien doit composer son ouvrage, il les mettra dans l'ordre et l'arrangement les plus convenables c'est en quoi consiste la forme de l'histoire. Un esprit susceptible de grandes idées, et capable d'élévation, lui est nécessaire pour faire un plan vaste exact, bien lié dans toutes ses parties, et dont la seule exposition annonce clairement tout son dessein. Il faut qu'il se rende maître de son sujet, qu'il l'embrasse, qu'il le possède tout entier, qu'il en montre l'unité, en le présentant sous son véritable point de vue, et qu'il tire d'une seule source les principaux événemens qu'il doit ra

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conter.

II. Du Récit des Faits et de leurs cir constances.

L'historien doit avoir soin de ne rien dire de superflu dans le récit des faits: c'est le moyen de rendre la narration vive, rapide, pleine de force et de dignité; c'est le moyen d'attacher constamment le lecteur distrait ou volage. Q'il s'abandonne à la fougue de son imagination, il deviendra diffus, et par-là même, froid et languissant. Cependant il ne doit pas se dispenser, en suivant la chaîne des événemens, d'en observer la

cause et les effets; de saisir surtout et de faire voir le rapport qu'ils ont eu, ou qu'ils ont aujourd'hui avec le bonheur ou le malheur des peuples.

Quoiqu'on doive s'assujettir à la chronologie, on peut néanmoins, on doit même, en bien des circonstances, s'en écarter, pour suivre un ordre que pres erit la raison. Souvent un fait essentiel qui n'est pas le plus reculé, doit être raconté d'avance, parée qu'il répand la lumière sur d'autres faits qui lui sont antérieurs. Souvent un autré fait ne peut être exposé dans tout son jour, qu'après un grand nombre d'autres, qu'il précède dans l'ordre des temps. C'est au discernement à la justesse d'esprit de l'historien, de choisir l'endroit où ces grands événemens seront le mieux placés pour la perfection de son histoire.

Que le fil de la narration ne soit jamais rompu, que tous les faits y soient enchaînés sans la moindre contrainte. Le grand art de l'historien consiste à passer d'un sujet à un autre, non-seulement sans distraire le lecteur, mais encore en l'attachant davantage, et en augmentant son plaisir. La liaison des faits dans l'histoire doit être, pour ainsi dire, aussi naturelle que la liaison des divers membres du corps humain.

Les principaux événemens rapportés

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