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la paix ou sur la guerre,

doivent, non

seulement connaître les forces du royaume, et les moyens par lesquels on pourrait les augmenter, mais encore celles des puissances voisines, pour les comparer les unes aux autres. Il leur est aussi essentiel de savoir l'histoire des guerres de leur pays, et même de celles des autres peuples.

La connaissance des places fortes du des royaume, de leur situation, postes qu'il est important de fortifier, et du nombre actuel des troupes qui les gardent, test absolument nécessaire pour parler touchant la sûreté des frontières.

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On ne peut se flatter de bien traiter un sujet concernant le commerce si l'on n'en connaît l'étendue et les différentes branches, la nature des marchandises qu'on fournit à l'étranger, et la nature de celles qu'on en tire; les avantages ou les désavantages qui résultent de l'impor tation ou de l'exportation.

Pour pouvoir faire de sages et de justes propositions sur l'établissement des lois, il faut connaître les différentes espèces de gouvernemens, et ce que lear constitution a de bon ou de vicieux; les mœurs le caractère et le génie des peuples; l'esprit des principales lois tant nationales qu'étrangères, tant anciennes que modernes. On doit donc juger qu'une étude réfléchie de l'histoire

est ici absolument nécessaire, et que les voyages même né peuvent être que d'une grande utilité.

L'orateur qui traite un de ces sujets vent ordinairement porter ses auditeurs à une entreprise, ou les en détourner. Il doit donc prouver qu'elle est juste ou injuste, utile ou désavantageuse, néces saire ou superflue, et indiquer les moyens par lesquels on peut y parvenir, on en faire voir l'impossibilité. Il aura soin pour bien présenter et bien disposer sa matière, de la partager en plusieurs ar tieles, et de s'attacher, en la discutant, à la solidité des principes, à la justesse des pensées, plutôt qu'à la pompe et aux charmes de l'élocution. Le style de ces sortes de discours doit être simple, naturel, mais surtout très-clair et propre an sujet. L'homme d'Etat est obligé, peutêtre plus que personne, de savoir bien sa langue et de l'écrire correctement, de connaître la valeur des mots et l'art de les bien placer.

Dans quelques gouvernemens, les affaires importantes se décident à la pluralité des suffrages, ou du moins, d'après l'opinion et l'avis d'un certain nombre de personnes. Or, on ne peut pas supposer que la multitude, ou tous ces particuliers, soient animés d'un même esprit, conduits par les mêmes vues, par les mêmes motifs. Le préjugé, la pas

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sion, l'ignorance font envisager les objets sous des faces bien opposées. C'est à l'orateur à éclairer l'ignorance, à détruire le préjugé, à subjuguer la passion. Pour y réussir, il ne lui suffira pas simplement d'exposer la vérité. Quoiqu'elle ait beaucoup de force quand elle est présentée sans fard, elle a néanmoins besoin, pour triompher pleinement des coeurs d'être revêtue de quelques ornemens. Il faut donc que l'orateur emploie le genre simple pour instruire, le genre fleuri pour se faire écouter avec plaisir, et le genre sublime pour émouvoir et pour entraîner les esprits dans un même sentiment. Ce que je dis ici des républiques, peut servir de règle pour les discours qu'on prononce dans les gouvernemens monarchiques, aux assemblées des états de certaines provinces, des nobles, du clergé, des commerçans, etc.

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Quant aux matières d'état qui se traitent dans le cabinet des princes, on peut conjecturer que les ministres mettent tout leur soin à faire des rapports exacts à appuyer leur avis par des raisons fortes et solides, sans blesser le respect dû au souverain, et les égards qu'ils doivent à leurs pareils.

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pour haran

Il y a d'autres discours qui sont du res- Discours sort d'une espèce d'éloquence qu'on peut guer les trou appeler militaire, et qui paraît néces- pes.

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saire à tout officier général ou particulier, pour exciter ou soutenir la valeur des troupes. L'usage de les haranguer au moment d'une bataille a été constamment pratiqué chez les anciens; il ne l'est plus tant parmi nous. Ces sortes de harangues doivent être courtes, vives, pleines de feu, et prononcées avec beaucoup d'action. Le grand Condé, prêt à en venir aux mains avec les Espagnols, près de Lens, ne dit que ces mots sublimes à ses troupes, qui avaient toujours vaincu sous lui: Amis, souvenezvous de Rocroi, de Fribourg et de Norlingue.

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Henri IV, n'étant encore que roi de Nayarre, et combattant pour les protestans contre Henri III, assiégeait la ville de Cahors, capitale du Querci, lorsque le bruit se répandit dans l'armée qu'un secours attendu par les habitans qui se défendaient très-vigoureusement était sur le point d'arriver. A cette nouvelle, les principaux officiers, épuisés de fatigue et couverts de blessures, après cinq jours et cinq nuits de combats continuels, conseillent à ce prince de faire retraite. Mais il répond avec un air plein d'assurance: « Il est dit là haut ce qui >> doit être fait de moi en cette occasion. >> Souvenez-vous que ma retraite hors » de cette ville, sans l'avoir assurée au

parti, sera la retraite de ma vie hors » de ce corps. Il y va trop de mon hon» neur d'en user autrement. Ainsi, qu'on »ne me parle plus que de combattre, » de vaincre ou de mourir ». Ces paroles raniment le courage et l'ardeur des troupes. On recommence les attaques, et la ville est emportée d'assaut. Ce fut, dit-on, au moyen des pétards, qui furent alors mis en usage pour la première fois.

Le discours que ce grand roi tint à ses soldats, au moment qu'il allait livrer bataille à Mayenne, dans les plaines d'Ivry, n'est pas moins admirable : « Mes >> compagnons, leur dit-il, si vous courez » aujourd'hui ma fortune, je cours aussi » la vôtre. Je veux vaincre ou mourir

avec vous. Gardez bien vos rangs, je », vous prie si là chaleur du combat vous >> les fait quitter, pensez aussitôt au > ralliment; c'est le gain de la bataille... »et, si vous perdez vos enseignes, cor>> nettes et guidons, ne perdez point de >> vue mon panache blanc, vous le trou>>> verez toujours au chemin de l'honneur >>> et de la victoire ». 1

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Les historiens latins sont pleins de ces sortes de discours, que les généraux d'armée adressaient aux troupes, et qui sont de vrais modèles en ce genre d'éloquence. On en a donné un recueil sous le titre : Harangues choisies, tirées des histo

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