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» de Dieu est un sage tempérament, etc.

« Et certes, remarque Saint Augustin, » si la loi de Jésus-Christ avait été par» faitement au gré ou des païens et des » libertins, ou des hérétiques, dès là » elle devrait nous être suspecte, puis>> qu'elle aurait plu à des hommes, ou » plongés dans le vice, ou engagés dans » l'erreur. Ainsi leurs reproches mêmes » font sa justification. Or, pour les con» fondre ces injustes reproches, j'avance » deux propositions: 1.0 C'est une loi » sainte et parfaite : mais dans sa per»fection, elle n'a rien d'outré. 2.o C'est » une loi modérée; mais dans sa modé>> ration elle n'a rien de lâche.

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» 1.o C'est une loi sainte et parfaite : » mais dans sa perfection, elle n'a rien » d'outré. Tout y est raisonnable. Ve» nons au détail. Oui, il est raisonnable » par exemple, que je me renonce moi» même, puisque je ne suis de moi» même que vanité et que péché. Il est >> raisonnable que je mortifie ma chair, >> puisqu'autrement elle se révoltera con>> tre ma raison et contre Dieu même. Il » est raisonnable que la vengeance me >> soit interdite ; car sans cela à quels excès » ne me porterait pas cette aveugle pas»sion ? raisonnable que j'oublie les in» jures que j'ai reçues, et qu'en mille » conjonctures je sois prêt même à me >> relâcher de mes prétentions: pourquoi?

» pour conserver la charité, qui est un » bien d'un ordre supérieur. Raisonna»ble que cette charité s'étende jusqu'à >> mes ennemis, puisque cet homme, pour >> être mon ennemi, n'en est pas moins » mon frère. Raisonnable que je haïsse » mes amis, mes proches, ceux à qui » je dois la vie, c'est-à-dire, que je m'en » détache quand? Lorsque ce sont des >> obstacles à mon salut que je dois pré>>férer à tout. Il fallait bien que les >> soldats romains, pour être incorporés » dans la milice, fissent une espèce d'abjuration et de père et de mère » entre les mains de ceux qui les com>> mandaient, etc.

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<< 2.0 C'est une loi modérée : mais dans » sa modération elle n'a rien de lâche. » Elle n'ôte pas aux pécheurs leur con>> fiance mais elle sait bien aussi ra» battre leur présomption. Elle ne con>> damne pas tout comme mortel; mais >> elle nous donne, en même temps, une >> sainte horreur de tout péché, même » du véniel. Elle distingue les préceptes >>> des conseils : mais d'ailleurs elle nous » déclare que le mépris des conseils dis>>pose à la transgression des préceptes. >> Caractère de sagesse, qui de tous les » motifs est un des plus sensibles et des » plus puissans, pour que je m'attache » à ma religion, etc.

>> II. PARTIE. Loi chrétienne, lois ouve

» rainement aimable. Jésus-Christ nous » l'a proposée comme un joug léger et » doux à porter. De là vient qu'il invite » à le prendre ceux qui se trouvent déjà » chargés d'ailleurs et fatigués. Pour for» mer donc une idée complète de la loi » évangélique, il ne fallait pas séparer >> ces deux choses, le joug et la douceur ; » et c'est néanmoins ce que les hommes » ont séparé. Or, malgré les faux pré» jugés dont nous nous laissons préoccuper, et que l'ennemi de notre salut » tâche, par toutes sortes de moyens, » d'entretenir, je prétends qu'autant la >> loi chrétienne est parfaite, autant l'onc» tion qui l'accompagne, la rend douce » et facile à pratiquer, 1.o parce que c'est » une loi de grace, 2.9 parce que c'est » une loi de charité, etc.

» 1.0 Loi de grace, où Dieu nous » donne de quoi accomplir ce qu'il nous >> commande. Ainsi nous l'a-t-il promis » en mille endroits de l'Ecriture. Doute» rons-nous de sa fidélité, ou du pouvoir » de sa grâce? Ah! Seigneur, disait Saint

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Augustin, commandez-moi tout ce qu'il vous plaira, pourvu que vous me >> donniez ce que vous me commandez, >> c'est-à-dire, que vous me donniez, par » votre grâce, la force d'exécuter ce que » vous me commandez par votre loi. » Avec votre grâce, rien ne me coû » tera, etc.

>>

» 2.° Loi de charité et d'amour. Amour » et charité, dont l'effet propre est d'a>> doucir tout. Dieu, dit Saint Bernard, » possède trois qualités, celle de maître, >> celle de rémunérateur, et celle de père. >> Selon ces trois qualités, il a donné aux » hommes trois lois : une loi d'autorité » comme à des esclaves; une loi d'espé>>rance comme à des mercénaires, et une » loi d'amour comme à des enfans. Les >> deux premières furent des lois de tra» vail et de peine. Mais la troisième est >> une loi de consolation et de douceur , qui nous rend ses préceptes, les plus >> rigoureux en apparence, aisés à pra»tiquer; parce qu'elle nous conduit, » non par la crainte, mais par l'a» mour, etc.

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>> Voilà ce que les amateurs du monde >> ne comprennent pas, mais ce qu'ils » pourraient, néanmoins, assez com» prendre par eux-mêmes et par leurs >> propres sentimens. Parce qu'ils aiment » le monde, à quelles lois ne se soumet»tent-ils pas pour plaire au monde ?

>>

Qu'ils aiment Dieu comme ils aiment » le monde, ils ne trouveront plus rien » d'impraticable dans la loi de Dieu. » Cette loi de charité n'est difficile qu'à >> ceux qui la craignent et qui la vou»draient élargir, etc,

Durant les premiers siècles du ch is tianisme, le sermon consistait dans l'ex

Prédicateurs de la primitive église.

tres,

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plication, soit de l'évangile qu'on venait de lire, soit de quelque autre partie de l'écriture, dont l'orateur prenait un livre tout entier, ou dans laquelle il choisissait les sujets les plus importans. « Ces saints prédicateurs, dit l'abbé Fleury dans son ouvrage des Moeurs des premiers chrétiens, n'étaient pas des discoureurs oisifs, comme les sophistes qui disputaient dans les écoles profanes, par une mauvaise émulation de se contredire et de raffiner les uns sur les auou qui écrivaient dans leur cabinet , pour montrer leur érudition et lenr bel esprit. C'étaient des pasteurs très-occupés d'une infinité d'affaires de charité, entre autres de l'accommodement des différends, et qui ne laissaient pas de prêcher très-souvent, pour s'acquitter de la fonction qu'ils regardaient comme la plus essentielle à leur ministère....... Ils proportionnaient leur style à la portée de leurs auditeurs. Les sermons de Saint Augustin sont les plus simples de ses ouvrages, parce qu'il préchait dans une petite ville à des mariniers, des laboureurs, des marchands..... Au contraire, Saint Cyprien, Saint Ambroise, Saint Léon, qui prêchaient dans de grandes villes, parlent avec plus de pompe et d'ornement. Mais leur style est différent, suivant leur génie particulier et le goût de leur siècle........ Les

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