» de zèle et de respect, pourrons-nous >> vous témoigner notre reconnaissance ? Oui, César, tout est sensible ici à une >> telle générosité, même ces murailles qui voudraient, ce semble, marquër » leur allégresse de ce que vous allez >> leur rendre leur ancien éclat, et ré»tablir le sénat dans son ancienne auto» rité ». : La réfutation fait partie de la confirmation elle consiste à détruire les difficultés qui pourraient êtré proposées contre les raisons que l'orateur a fait valoir. On peut y suivre la même méthode que dans la confirmation, ou s'en écarter, en commençant par réfuter les plús fortes, ou les moins solides, selon que l'exige le sujet. On peut aussi, suivant les circonstances, répondre séparément à chaque objection, ou se contenter de les réunir toutes en un seul corps d'en faire sentir le faux par une raison générale et victorieuse. IV. De la Péroraison. *et La péroraison est la dernière partie du discours, et n'est ni la moins importante, ni la moins difficile à traiter. C'est ici principalement que le style doit être plein, nerveux, vehement, et surtout précis les pénsées doivent s'y succéder avec la plus grande rapidité. Il faut que l'orateur, en ne disant rien de faible, rien d'inutile, y fasse une courte récapitulation de preuves les plus solides qu'il a développées, de ce qu'il a dit de plus essentiel et de plus frappant, et qu'il représente, dans un tableau raccourci, mais où les objets soient bien distingués, tout ce qui peut faire la plus vive et la plus forte impression sur l'auditeur. Il déploiera toutes les ressources de son art; il mettra en usage tout ce que l'éloquence a de tours séduisans et de mouvemens impétueux, enfin il animera cette partie de son discours de toute la chaleur, de tout le feu du sentiment, pour exciter les grandes passions et maîtriser les âmes. Cicéron possédait ce talent au suprême degré. La plupart de ses péroraisons sont du plus grand pathétique. Celle de la harangue pour Milon, accusé d'avoir fait assassiner le tribun Clodius, homme de mauvaises moeurs, est un vrai chefd'oeuvre. Il y excite presque toutes les passions des juges: il leur inspire de l'indignation contre les accusateurs, de l'estime pour l'accusé, de l'amour pour la vertu, de l'admiration pour ses sentimens, de la reconnaissance même pour les services qu'il avait rendus à la république, enfin, de la haine pour la mémoire de Clodius, et de l'horreur pour ses forfaits. Il n'est point de figures qui ne puissent trouver place dans la péroraison. Les plus nobles, les plus fortes et les plus touchantes, telles que l'interrogation, l'apostrophe, la prosopopée, etc. sont celles que l'orateur doit y employer, comme étant les plus propres à donner au discours cette véhémence et cette impétuosité qui ébranlent et transportent les coeurs. Eschine en fournit un trèsbel exemple dans la péroraison de sa harangue de la couronne, dont il est à propos que je dise le sujet. Démosthène s'étant noblement acquitté de la commission qu'on lui avait donnée de faire réparer les murs d'Athènes, Ctésiphon illustre citoyen de cette ville, persuada aux Athéniens de lui décerner, pour prix de son zèle et de sa probité, une couronne d'or. Eschine s'éleva contre ce décret il accusa même celui qui l'avait rendu, et attaqua personnellement Démosthène. Cette grande cause fut plaidée devant toute la Grèce. « Vous donc, Messieurs, lorsqu'à la » fin de sa harangue Démosthène invi» tera les confidens et les complices de << sa lâche perfidie à se ranger autour de >> lui; vous, de votre côté, Messieurs, » figurez-vous voir autour de cette tri>> bune où je parle, les anciens bienfai»teurs de la république, rangés en » ordre de bataille, pour repousser cette » troupe audacieuse. Imaginez-vous en>> tendre Solon, qui, par tant d'excel» lentes loix, prit soin de munir le gou>> vernement populaire, ce philosophe >> ce législateur incomparable, vous con »jurer avec une douceur et une modes» tie dignes de son caractère, que vous » vous gardiez bien d'estimer plus les » phrases de Démosthène, que vos ser» mens et vos loix. Imaginez-vous en» tendre Aristide, qui sut, avec tant » d'ordre et de justesse, répartir les con»tributions imposées aux Grecs pour la » cause commune, ce sage dispensateur » qui en mourant ne transmit à ses filles » d'autre succession que la reconnais»sance publique, qui les dota ; imaginez» vous, dis-je, l'entendre déplorer amè>>rement la façon injurieuse dont nous » foulons aux pieds la justice, et vous » adresser la parole en ces termes : Eh » quoi! parce que Arthmius de Zélie, » cet asiatique qui passait par Athènes » où il jouissait même du droit d'hospi»talité, avait apporté de l'or des Mèdes » dans la Grèce, vos pères se portèrent >> presque à l'envoyer au dernier sup» plice, et du moins le bannirent, non » de la seule enceinte de leur ville, mais » de toute l'étendue des terres de leur » obéissance; et vous ne rougirez point » d'adjuger à Démosthène, qui vérita»blement n'a pas apporté de l'or des » Mèdes, mais qui de toutes parts a touché » tant d'or pour vous trahir, et qui main» tenant jouit encore du fruit de ses for» faits; vous, dis-je, vous ne rougirez >> point de lui adjuger une couronne » d'or? Pensez-vous que Thémistocle, » et les héros qui moururent aux batailles » de Marathon et de Platée; pensez-vous les tombeaux mêmes de vos anque » cêtres n'éclatent point en gémissemens, » si vous couronnez un homme qui, de >> son propre aveu, n'a cessé de conspirer » avec les barbares à la ruine des Grecs! » Pour moi,.ô terre! ô soleil ! ô vertu! » et vous, source du juste discernement » lumières naturelles et acquises, par » lesquelles nous démêlons le bien d'avec » le mal, je vous en atteste ; j'ai de mon » mieux secouru l'état, et de mon mieux » plaidé sa cause. J'aurais souhaité que » mon discours eût pu répondre à la » grandeur et à l'importance de l'affaire. »Du moins je puis me flatter d'avoir » rempli mon ministère selon mes for»ces, si je n'ai pu faire selon mes désirs. » Vous, Messieurs, et sur les raisons que vous venez d'entendre, et sur celles » que suppléera votre sagesse, pronon» cez en faveur de la patrie un juge»ment tel que l'exacte justice le pres» crit, et que l'utilité publique le de>> mande ». On s'attend sans doute à lire, après |