Dubitation. Et dans ces vers du Voyage de Munick, par Regnier des Marets.. Déjà nous avons vu le Danube inconstant, Et qui, comptant après pour rien On devient plus homme de bien. La Dubitation consiste dans une dé bération sur ce qu'on doit dire ou faire. Cette figure est bien propre à exprimer les mouvemens d'une âme, qui, agitée d'une passion violente, est dans une irrésolution continuelle sur le parti qu'elle doit prendre. Telle est, dans l'Enéïde, la situation de Didon abandonnée par Enée. Voici la traduction en vers de ce morceau, par Boileau, frère de l'auteur du Lutrin: Hélas! s'écria-t-elle au fort de sa misère, Chez les rois mes voisins mon coeur humble et confus Eux dont j'ai tant de fois, avec tant d'insolence Eur que leur intérêt et que leur propre vie L'Interrogation est une figure par laquelle on parle en forme de question. Elle est très-propre au pathétique, et donne une grande énergie au discours, comme il est aisé de le voir dans cet en droit de l'Oraison funèbre de HenrietteAnne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, par Bossuet: >> Avec tant de grandes et tant d'ai» mables qualités, qui eût pu lui refuser » son admiration? Mais avec son crédit » avec sa puissance, qui n'eût pas voulu » s'attacher à elle? N'allait-elle pas ga»gner tous les coeurs, c'est-à-dire, la » seule chose qu'ont à gagner ceux à qui >> la naissance et la fortune semblent tout donner; et, si cette haute éléva>>tion est un précipice affreux pour les » Chrétiens, ne puis-je pas dire, pour » me servir des paroles fortes du plus » grave des historiens, qu'elle allait être » précipitée dans la gloire? Car quelle » créature fut jamais plus propre à être >> l'idole du monde? Mais ces idoles que » le monde adore, à combien de tenta>>tions délicates ne sont-elles pas expo»sées? La gloire, il est vrai, les défend » de quelques faiblesses: mais la gloire » les défend-elle de la gloire même ? »Ne s'adorent-elles pas secrètement ? » Ne veulent-elles pas être adorées? Que » n'ont-elles pas à craindre de leur » amour propre? et que peut se refuser » la faiblesse humaine, pendant qu'on » lui accorde tout? N'est-ce pas qu'on >> apprend à faire servir à l'ambition, » à la grandeur, à la politique, et la » vertu, et la religion, et le nom de >>> Dieu ? >> On se sert encore très-avantageusement de cette figure, pour exprimer toutes les passions vives. C'est ce qu'a fait Racine dans cet endroit de sa tragédie d'Athalie, où Joad, à la vue de Mathan, parle ainsi à Josabet : 1 Où suis-je ? de Baal ne vois je pas le prêtre? aprécation. L'Imprécation est nne figure par laquelle on souhaite du mal à quelqu'un. Elle est quelquefois dictée par l'horreur du crime et des scélérats. Racine en fournit un exemple de cette espèce dans la même tragédie. C'est encore Joad qui parle : Grand Dieu! si tu prévois qu'indigne de sa race Qu'il soit comme le fruit en naissant arraché, Cette figure est le plus souvent l'expression de la colère et du désespoir. Les deux plus beaux exemples que je connaisse en ce genre d'imprécation, se trouvent dans Corneille. Le premier est tiré de la tragédie de Rodogune princesse des Parthes, où Cléopâtre reine de Syrie, étant près d'expirer, dit à son fils Antiochus et à la princesse son épouse: Puisse le Ciel tous deux vous prendre pour victimes, Celui-ci est pris de la tragédie d'Horace. C'est Camille qui parle à Horace son frère : Rome, l'unique objet de mou ressentiment, Déprécation. Réticence. Que cent peuples unis des bouts de l'univers La Déprécation est une figure par laquelle on a recours aux prières, aux larmes, pour demander quelque chose. Tel est, dans la tragédie de la Mort de César, par Voltaire, ce discours de Brutus à César : Sais-tu que Le Sénat n'a point de vrai Romain, La Réticence est une figure par la quelle on interrompt son discours pour passer à un autre objet; en sorte néanmoins que ce qu'on a dit laisse suffisamment entendre ce qu'on affecte de sup. primer. Telles sont ces paroles que Virgile met dans la bouche de Neptune : << Race téméraire, qui vous inspire >> tant d'audace? Vents, vous osez, sans » mon aveu, troubler le ciel et la terre |